5ème Conférence Européenne des Centres Culturels et Communautaires Juifs
Europe : Pour lutter contre l’antisémitisme, il faut faire connaître les cultures juives
La 5ème Conférence Européenne des Centres Culturels Juifs a réuni à Marseille une trentaine de délégations. Cela a été l’occasion de revenir sur cette culture plurielle, composante de l’identité occidentale, sur le rôle de ces structures associatives, et sur les solutions à développer face aux nouveaux défis. Il s’agit non seulement de trouver un équilibre entre laïcité et préservation de l’identité, mais également de faire face aux dangers menaçant les populations juives en Europe, alors que cette dernière va recevoir le Prix Nobel de la Paix.
Une tonalité particulière liée à l’actualité nationale et internationale
En prélude à « Marseille Provence 2013 Capitale Européenne de la culture », la cité phocéenne vient d’accueillir la 5ème Conférence Européenne des Centres Culturels Juifs. Pour annoncer la couleur de la diversité, un lieu symbolique a été choisi par les organisateurs, le « Dock des Suds », jouxtant la Méditerranée. Des professionnels et des bénévoles de plus de 30 délégations issus de l’Union Européenne, mais également des pays de l’ex-URSS, ainsi que des délégués des USA, et de l’Amérique du sud ont fait le déplacement. Si le programme établi de longue date portait sur la vocation et l’avenir des centres culturels, l’actualité nationale et internationale a donné une tonalité toute particulière à cette réunion. Le débat sur la laïcité avec la visite du Premier Ministre israélien en France dans le contexte de Toulouse, et la montée de l’antisémitisme avec le mouvement néo-nazi Aube dorée en Grèce ont nourri bon nombre d’interventions.
Abraham InfeldLa culture, une question d’exceptions ?
Dans le débat qui agite la culture dans l’hexagone, revient sans cesse le sujet de « l’exception culturelle française ». Ces rencontres qui existent depuis 10 ans, ont eu la vertu salutaire de mettre en lumière « la grande diversité des cultures dont sont issus les participants, cultures juives certes, mais cultures nationales à part entière », comme l’a analysé Mario Izcovich, (directeur des programmes paneuropéens du Joint). A y regarder de plus près, commente Jo Amar (directeur des relations internationales du FSJU*), « il ne s’agit pas que de géographie, mais également de voyage dans le temps », lorsque l’on explore les problématiques auxquelles sont confrontés les pays issus de l’ex-URSS qui ont tout à réinventer, ainsi que « les nouveaux défis que représente l’aire numérique ».
Centre Culturel ou Communautaire ?
Avant tout qu’est-ce qu’un Centre Culturel Juif aujourd’hui ? Pour Jean-Charles Zerbib, délégué du FSJU en Israël, « c’est une structure laïque qui diffuse de la culture juive, entre mémoire, tradition et modernité, non seulement en direction des juifs eux-mêmes, mais également ouverte sur la Cité ». Pour Jo Zrihen, Président de l’organisation européenne, « il serait erroné de dire qu’il s’agit de communautarisme puisqu’il existe une réelle pluralité de publics. Cela contribue au lien social et à mieux se connaître les uns les autres ». La parfaite illustration en est une initiative marseillaise, le collectif « Tous Enfants d’Abraham », constitué d’associations culturelles laïques regroupant des chrétiens, des juifs et des musulmans. Ce dont témoigne Martine Yana, la directrice du Centre Fleg : « Nous réalisons conjointement des activités intégrant nos différents regards. Nous mesurons tout ce qui peut nous séparer, mais grâce à la laïcité, nous pouvons travailler ensemble dans un espace partagé, même sur les sujets les plus délicats. Pour Abraham Infeld, le Président de l’organisation mondiale, « il est indispensable que les juifs eux-mêmes connaissent leur culture multimillénaire, pour qu’ils sachent qui ils sont. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils pourront transmettre un héritage et interagir avec l’Autre de manière positive, pas en se dissolvant ». Ces structures sont donc à la fois culturelles et communautaires, mais pas communautaristes » conclue Jo Zrihen.
Et la culture juive dans tout ça ? Il convient de ne pas confondre culture et pratique religieuse. Ce présupposé étant acquis, on peut dire que la culture juive porte en elle une dimension d’universalité, dans le sens où les juifs ont vécu, dans pratiquement toutes les contrées. Leur présence a induit des échanges bidirectionnels dont le résultat est une synthèse originale et spécifique dans chaque pays ou région. « C’est une culture vivante, et la sensibilité juive se traduit à travers tous les modes d’expression, l’architecture, la musique, la peinture, la littérature ou le cinéma », explique Xavier Nataf, le responsable de Judaïciné. On comprend dès lors son originalité et sa diversité intrinsèque, de ses origines jusqu’à nos jours. « Tout l’enjeu est de concilier cette pluralité, avec l’unité du peuple juif » commente Abraham Infeld.
Réunion de travail au Centre Culturel Edmond FlegQuestions d’actualité !
Il était impossible que le contexte politico-économique n’impose pas sa marque. Il en a été ainsi de la rencontre entre François Hollande et Benjamin Netanyahou. S’agit-il d’une atteinte au « principe de laïcité », comme certains commentateurs l’ont avancé ? Pour Jo Zrihen, « Il est utile, surtout en ce moment de rappeler, comme cela a été fait que l’histoire juive en France est ancienne, enracinée dans ce pays qui ne s’appelait pas encore ainsi ». La contribution de cette communauté à une histoire commune a été pleine et entière dès l’accession à la citoyenneté. Ensuite, concernant la laïcité, « cette conférence démontre amplement que le fait juif ne se résume pas au culte et qu’il existe des cultures juives en dehors des synagogues ». Enfin, pour rassurer totalement les tenants d’une supposée « double allégeance », il faut citer une étude sociologique israélienne sur l’insertion des immigrants francophones. Si ces derniers essayent de s’intégrer le mieux possible, il n’en demeure pas moins qu’ils revendiquent haut et fort leur culture d’origine. « C’est une chance que d’avoir des binationaux. Ils établissent des ponts entre deux pays qui s’enrichissent mutuellement. D’ailleurs les deux dirigeants l’ont dit chacun à leur manière ! »
L’intervention de Dominique Moysi, Professeur au King Collège de Londres, sur « l’Europe en crise, entre populisme et fondamentalisme » faisait également écho à l’actualité ; les discours prononcés par les deux chefs d’état sur les drames de Toulouse et de Montauban raisonnant encore. Ses conclusions tiennent en deux constats. D’une part, « il est une nécessité existentielle que les citoyens et les états intègrent bien la gravité de la crise économique et ses conséquences. Aussi, il est urgent de prendre les mesures qui s’imposent ». D’autre part, « on aurait grand tort d’enterrer prématurément l’Union Européenne qui dispose encore d’un très fort potentiel, et parce qu’il n’existe pas de modèle alternatif ». « Le fléchissement et la non défense de nos valeurs communes font le lit des extrêmes ». Ces paroles ont particulièrement touché les représentants grecs qui se trouvaient dans l’assistance. Ils ont à leur tour témoigné de leur expérience et de leur inquiétude avec la monté de l’antisémitisme, un parti néo-nazi siégeant désormais au Parlement.
« Et maintenant on va où ? »
Ont été débattus, durant ces quatre jours intensifs, des sujets traitant de l’identité dans ses différentes dimensions, certaines étant générales et d’autres plus spécifiques. En Europe, face à des institutions impersonnelles et omniprésentes, la problématique identitaire, écartelée entre diversité et uniformisation, peut à l’extrême prendre l’aspect du régionalisme ou de l’ultranationalisme, encore exacerbés par la crise économique. C’est précisément là que l’expérience juive, avec son long passé transnational, peut-être utile. Elle démontre qu’il est possible de trouver un équilibre harmonieux entre le particulier et le collectif, et de le maintenir dans un tout cohérent. Ce modèle du vivre ensemble la diversité est applicable à la construction européenne. Dans ce contexte, les Centres Culturels et Communautaires Juifs peuvent modestement apporter leur pierre à l’édifice commun en partageant leur expérience. Ce faisant, les uns et les autres apprendront à se découvrir et à cohabiter, car l’ignorance et la peur de l’autre sont les plus grands fléaux.
*FSJU : Fonds social Juif Unifié : Fédération française d’associations ayant pour vocation les domaines du social, de la culture et de l’éducation.
Prof. Hagay Sobol Pour Alyaexpress-News.
Prof Hagay Sobol MD PhD
Professeur des Universités, Médecin des Hôpitaux
Président du Centre Culturel Edmond Fleg
Membre du Collectif « Tous Enfants d’Abraham »
– Le site du Centre Fleg: http://www.centrefleg.com/
– Notre blog AVEC13: http://www.avec13.info/
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