Vie et destin des intellectuels juifs en France ? – Par Sandrine Szwarc.

Les intellectuels juifs dĂ©signent un groupe qui fascine. Qui sont les intellectuels ? Juifs de surcroĂźt ? Cette rĂ©flexion Ă©voque donc un sujet inĂ©dit : le dĂ©veloppement des intellectuels juifs en France aprĂšs la Shoah jusqu’à nos jours.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des penseurs juifs – universitaires, professeurs, philosophes, rabbins – dĂ©cidĂšrent de s’associer pour crĂ©er un mouvement de pensĂ©e qui, puisant dans les Sources du judaĂŻsme, permettrait de s’inscrire dans la pensĂ©e universelle. L’Ecole de pensĂ©e juive de Paris, c’est son nom, venait de voir le jour. Avec l’Ecole de cadres Gilbert Bloch d’Orsay, le Colloque des intellectuels juifs de langue française en fut le prolongement. En pleine pĂ©riode de reconstruction, il fallait Ă  la fois tĂ©moigner de l’universalisme des sources juives, partie intĂ©grante de la culture universelle, et intĂ©resser des Juifs qualifiĂ©s de « perplexes », trĂšs Ă©loignĂ©s du judaĂŻsme.

Créées en mai 1957, en prĂ©sence d’une vingtaine d’intellectuels juifs dont les noms continuent de susciter le respect : Edmond Fleg, AndrĂ© Neher, Emmanuel Levinas, Eliane Amado-LĂ©vy Valensi, Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, Jean Wahl et d’autres, la rĂ©ussite fut telle que quarante rencontres se succĂ©dĂšrent jusqu’en 2004.

A la lumiĂšre des Textes juifs, toutes sortes de sujets Ă©taient Ă©voquĂ©s qui faisaient Ă©chos aux questionnements du moment. Il faut imaginer qu’un public hĂ©tĂ©roclite – femmes, hommes, religieux, athĂ©es, AshkĂ©nazes, SĂ©farades, sionistes, antisionistes, et mĂȘme des Catholiques et des Protestants – assistait aux rencontres, chacun animĂ© de la volontĂ© d’écouter des intervenants de haut niveau sur des thĂšmes plus divers possibles.

Ces intellectuels juifs, selon la dĂ©finition inventĂ©e par Georges Clemenceau au moment de l’Affaire Dreyfus en 1898, Ă©taient Ă  la fois investis dans les dĂ©bats d’idĂ©es et de sociĂ©tĂ© mais Ă©galement pourvus d’une conscience juive, quel que soit leur degrĂ© de pratiques religieuses.

Avec la guerre des Six-Jours et l’émigration vers IsraĂ«l, d’un certain nombre de ces penseurs, la scĂšne intellectuelle commença Ă  dĂ©cliner mĂȘme si Emmanuel Levinas continuait d’attirer des auditeurs nombreux. Avec sa disparition, le Colloque des intellectuels de langue française, sans perdre sa renommĂ©e, connut un impact moins important dans la sociĂ©tĂ©. Avec la tenue de la derniĂšre de ses rencontres en 2004, l’heure est Ă  la rĂ©flexion. Comment faire perdurer cette pensĂ©e ?

  Tous ces Ă©lĂ©ments sont Ă  dĂ©couvrir dans l’ouvrage « Les intellectuels juifs de 1945 Ă  nos jours », paru aux Ă©ditions Le Bord de l’Eau, coll. Clair et Net dirigĂ©e par Antoine Spire.

Par Sandrine Szwarc pour Alyaexpress- News

Qui est Sandrine Szwarc  ?

Docteur en histoire moderne et contemporaine, diplÎmée de la section des
Sciences religieuses de l’Ecole pratique des Hautes Ă©tudes (EPHE) en
Sorbonne, Sandrine Szwarc s’est intĂ©ressĂ© au renouveau de la culture et de
la pensée juives au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et notamment
aux penseurs du Colloque des intellectuels juifs de langue française
(1957-2000) sur lesquels elle a publié de nombreux articles et proposé des
conférences. Journaliste, chef de rubrique et membre du comité de rédaction,
elle dirige depuis plusieurs annĂ©es les pages culturelles de lÂčhebdomadaire
Actualité Juive.


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