Des masses de touristes chrétiens arrivent chaque année dans notre pays, nous en sommes très heureux et les accueillons avec toute la condescendance et l’hospitalité requise. Je reste pourtant, au-devant de cette réalité toute nouvelle, le regard éloigné vers ces horizons d’une histoire pas si lointaine. Je me demande bien souvent: «Ne voudraient ils pas me rendre des comptes, s’épancher au creux de mon épaule, me raconter ces drames si interminables et si pénibles, tous, griffonnés avec le sang chaud et pur des Juifs tout au long de leurs pérégrinations exiliques ?»
Ce sang ne s’est jamais tant déversé que durant ces ans de grâce catholique et peu nous importe qu’il s’agissait alors de chrétiens fervents ou de ceux qui l’étaient moins, d’humanistes imprégnés de religion ou bien de fanatiques brandissant la croix et la bannière. Il ne fallait que suivre, au fil du temps, le lit des rivières de la pourpre romaine pour parvenir à une solution finale, prêchée et perpétrée par les allemands et leurs complices européens, tout ordre chrétien amalgamé.
Nul ne récusa son appartenance à la mère sainte l’église, nombreux furent ceux qui continuèrent d’aller, comme à leur habitude, à confesse et à la messe; implorer la piété et la clémence pour l’Humanité. Peut-être pensaient ils laver et nettoyer ainsi la barbarie à visage humain, car c’est bien là, chez eux, que la terre prit une drôle de couleur, ce fut l’œuvre des croyants. Ils scellèrent une sainte alliance contre les Juifs, le but en était tout avoué: les supprimer de toutes les manières, par l’épée comme par la conversion.
Quelle en était la raison? Que leur avions-nous fait? Vouloir comprendre, trouver la causalité d’un tel acharnement exige que nous remontions au début du christianisme. Les chrétiens affirmèrent être le nouvel Israël: les Juifs furent congédiés et la tentative de faire naitre la nation d’Israël, avortée. Ce peuple antique était défraîchi, usé jusqu’à la corde et déchu de ses titres de propriété, c’est pourquoi il y avait un nouvel élu. Ils nous considéraient comme des résidus de ce qui fut Israël, une chair sans vie, alors qu’eux, reproduisaient l’authentique peuple d’Israël par l’esprit, « Verus Israël ».
Concernant l’autre, le désavoué, le déchet de l’Histoire, il faudra soit l’éliminer, soit le confiner dans un état d’opprobre générale. Après tout, ne fallait-il pas penser à la salubrité de la Création, débarrasser de ses ordures l’Humanité et décharger sa conscience du fardeau de la déjection. La théorie sera portée à faux. Le peuple périmé ne voulait guère trépasser et l’ennuyeuse question restait à jamais d’actualité: que signifiait leur présence envers et contre tous les aléas de l’Histoire? Plus que cela, les débris amputés et révolus d’Israël se revendiquaient encore comme tout ou partie du peuple Hébreu. Pour le christianisme, c’en était assez, le problème était insoluble, un véritable mystère. Voilà un peuple spolié, pillé, violé, violenté et assassiné qui aurait dû depuis belle lurette renoncer et transmettre son sceptre au peuple neuf. La déchéance se devait d’être sans appel…
Mais il persiste et affirme être l’unique peuple éternel d’Israël. La charité toute chrétienne décida donc de tout faire pour aider les Juifs à disparaître: inquisitions, conversions de force, pogroms, purifications par le feu, etc… Il fallait libérer l’âme juive, libérer les corps par les flammes des bûchers! Les Juifs retourneraient à la terre, à la poussière, leurs viscères seraient répandus, enfin vaincus! Nos filles ont été souillées et séquestrées, nos avoirs saisis, dépouillés de nos biens nous avons été engloutis, étouffés, massacrés, écrasés à l’ extrême, au nom d’un culte qui s’était frappé du sceau de « religion de l’amour », elle professait que si l’on te donne une gifle, il faut offrir l’autre joue, pour effacer la bestialité.
De facto elle nous frappa des coups les plus rudes, elle contribua à la transformation de nos êtres physiques en produits manufacturés par les nazis et redistribués dans les foyers aux bras tendus. Attendu que le peuple d’Israël est désormais insignifiant, autant le modifier et alors le resservir en produits usinés de consommation courante. Les chrétiens présentèrent un autre slogan: « Judaea deleta. Hep, Hep, Hep! Hierosolomita Est Perdita! »: « Le Judaïsme est perdu, c’en est fait de Jérusalem, elle est en ruines! » face à ce peuple obstiné et déterminé à survivre il faudra démontrer, en le brimant et en le méprisant, que sa présence n’est plus que ruine et déchéance.
Devenu pitoyable et sans port d’attache, il témoignera de l’invincibilité du christianisme, l’authenticité du nouvel Israël résonnera aux oreilles de tous vu que les chrétiens sont dominants et indispensables. Leur domination s’étend de plus en plus à travers le monde, leur multitude convertit à bras raccourcis, les masses, à la vérité chrétienne. Personne ne prête attention à cette tourbe humaine composée de minables et de miséreux livrés à la vindicte populaire, pire, dans cette situation d’indigence matérielle et spirituelle les Juifs devenaient les parfaits garants d’un christianisme ravi.
De surcroit, ils exigèrent de nous persuader, coûte que coûte, que D.ieu s’était fait chair en l’homme Jésus et que trois ne faisait qu’un. Face au brasier incandescent, on nous réitérait: « reconnais le christianisme sinon tu mourras par ce feu ». Nous leur opposâmes dans les flammes: « Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu unique ». Cependant aux jours d’aujourd’hui, dans notre pays, ils s’y risquent encore essayant de délayer nos forces et d’attirer quelques âmes dépitées avec de l’argent, les baptisant dans les eaux du Kinnereth ou dans un hôtel.
Laissez-nous vivre tranquille! Il faut partir en guerre contre ces manigances. C’est l’intérêt de tous les Juifs, religieux ou non, de contrarier leur basse besogne, ici et dans tous les pays. Le Rambam écrit dans son Guide des égarés que toute la Torah est partie eu guerre contre l’idolâtrie. Le christianisme est cette fausse divinité qui s’est déguisée dans des vêtements aux allures bibliques, afin de paraître juive à l’extérieur bien qu’étant idolâtre à l’intérieur. Abraham Livni, auteur du « Retour d’Israël et l’Espérance du monde », emprunte aux sources classiques de la pensée hébraïque, examine les causes de la débâcle d’une culture qui avait essayé de déraciner le vieux Peuple d’Israël de sa Terre, de sa Bible et de son Identité.
Deux thèmes majeurs dominent et jalonnent sa longue et difficile entreprise intellectuelle, tout en ayant le même pivot : l’Eglise et son problème juif, ou ce qu’il appelle « l’équivoque de la notion de civilisation judéo-chrétienne « . Le long calvaire du Peuple juif commence par Jésus et ses apôtres et ne se termine pas avec Hitler et ses nazis… Il s’agissait, pour la nouvelle église chrétienne, de voler l’identité du Peuple d’Israël. C’est elle désormais qui prétendait être le nouvel Israël, elle qui constituait le véritable peuple élu. Nul abus ne fut dans l’histoire aussi corrompu, aussi intelligemment falsifié sous un mysticisme religieux si réconfortant. Nul ne fut aussi accablant par ses répercussions tragiques et criminelles.
Auschwitz est la preuve terriblement accablante, des enchaînements monstrueux d’une mystification sur laquelle la civilisation chrétienne fut élaborée durant vingt siècles: une absolue détermination à soustraire, de la mémoire collective, cette « mémoire de la Création » que constitue Israël. Le retour sur la scène de l’Histoire du peuple, mais qui plus est, de l’Etat d’Israël, souverain et indépendant, brouillait les cartes d’un jeu que l’on pensait définitivement joué. Ils revenaient au pays tout juste sorti des méandres d’une époque des plus dramatiques; oui, Les prophètes avaient prédit le retour des juifs sur la terre d’Israël. Dès la fin de la Shoah, l’église romaine, chrétienne et apostolique commença à comprendre qu’elle s’était totalement fourvoyée et en tira une première conclusion: tenter le tout pour le tout afin d’éviter la renaissance d’Israël sur sa Terre.
Rien n’y fit car les dés divins étaient jetés! Les prophéties bibliques émergeaient des profondeurs de l’Histoire, les textes pouvaient enfin faire entendre leurs symphonies humaines si harmonieuses. Chacun de nous devenait l’une de ces cordes sur lesquelles allaient se jouer la plus belle des partitions : le Juif écrivait sa note, le peuple battait la mesure et la Terre donnait le ton. Nous rentrions à la maison, l’image d’Epinal de ce Juif errant en guenilles, solitaire et éructé, par une Humanité plus sotte que vile, se brisait en miettes. Un Peuple au masculin revenait auprès de sa Terre au féminin. Il y avait ici, dans ce retour, une conjugaison de l’évènement qui se projetait parmi un au-delà, celui d’une conjugalité où les passions partagées porteraient leurs fruits.
Dorénavant vouloir ou penser blesser Israël ne relèvera que de la pure chimère, nul ne pourra nous atteindre impunément, le glaive de Gédéon est brandi à jamais. Nous rendrons coup pour coup et plus encore, grâce à l’Armée de défense d’Israël nous frapperons en date et lieu qui nous semblera! Je jubile à la pensée de celui qui d’aventure oserait lever la main sur un Juif et recevrait tout étonné la monnaie de sa pièce. Concernant la sécurité des enfants d’Israël, aucun compromis ne sera recevable car il y va de notre propre devenir.
Nous reconnaissons certes les Justes des Nations mais aucune nation ne pourra se prôner comme juste car incapable de produire la moindre lettre de créance. Dans son ouvrage majeur où il devise de la propriété essentielle du peuple d’Israël et de sa réviviscence, « les Lumières », le Rav Kook offre également la solution à ce conflit sans fin : Le renouveau du peuple d’Israël sur sa Terre, le retour à Sion.
Un chapitre entier, Israël et sa renaissance, traite de la chrétienté, antithétique et adversaire d’Israël, cause de dommages immenses pour l’Humanité tout entière. Le traitement indispensable à mettre en œuvre se trouve dans les lueurs de ce renouveau où le Peuple juif retrouve sa Terre d’Israël. La Miséricorde divine nous autorise, de manière flagrante, à ce retour et nous entérinons hardiment notre identité de l’être Hébreu. L’Histoire de ce Peuple Hébreu demeure l’épine dorsale de toute l’Aventure humaine, un témoin, un archétype, un vecteur de la seule espérance de salut du Monde moderne.
Par Rony Ackrich.