Pour sa part, le régime iranien a blâmé Israël autant que les États-Unis. Il en va de même pour Hassan Nasrallah qui dirige le Hezbollah, le collaborateur de l’Iran au Liban, en Syrie et au Yémen. Il convient de noter qu’un ancien chef du Corps des gardiens de la révolution islamique, Mohsen Rezaee, qui avait précédemment affirmé qu’Israël avait fourni aux États-Unis des informations sur le sort de Soleimani, avait déclaré dans un mémoire au général iranien que l’Iran pourrait venger sa mort en attaquant Tel Aviv et Haïfa. En outre, le général de brigade Esmail Ghaani, ancien député de Soleimani et maintenant son successeur, a une histoire de déclarations anti-israéliennes. Et le Téhéran Times, qui suit servilement la ligne du gouvernement, a intitulé un rapport avec le titre « Pompeo confirme indirectement la participation d’Israël au meurtre du général Soleimani. »
Malgré la dure rhétorique qui émane de Washington et de Téhéran, Ghaani a promis que des «corps américains» seront dans toute la région tandis que le président Donald Trump a déclaré que toute attaque contre les Américains entraînerait la destruction de cinquante-deux sites. Pour les Iraniens, il n’est pas du tout clair qu’aucune des parties ne recherche un conflit. L’Iran éviterait certainement les opérations directes contre les forces américaines; Il fonctionne depuis longtemps et avec succès, indirectement. Et Trump est clairement réticent à entraîner les États-Unis dans un autre guerre au Moyen-Orient.
De plus, le calcul de Netanyahu est différent de celui de son âme sœur habituelle, le président américain. Trump a toutes les incitations à éviter un conflit, ce qui pourrait compromettre ses perspectives de réélection compte tenu de la fatigue de la guerre du public américain. D’autre part, Netanyahu, se battant pour sa vie politique et cherchant à obtenir l’immunité de poursuites pour être accusé, pourrait en fait profiter de tensions prolongées avec Téhéran selon les médias israéliens ( en général contre Bibi), même si elles conduisaient à une certaine escalade des hostilités de bas niveau et de longue durée entre les deux Etats.
Il est à noter que pendant la période précédant la guerre du Golfe de 1991, Washington a envoyé le secrétaire d’État adjoint Lawrence Eagleburger à Jérusalem pour plaider auprès du premier ministre de l’époque Yitzhak Shamir de ne pas riposter contre Saddam si les Irakiens tiraient des missiles sur l’État. Shamir a accepté la demande d’Eagleburger, en partie parce que Washington a envoyé des missiles Patriot pour aider à défendre Israël contre les missiles Scud irakiens (ils se sont avérés moins efficaces), mais plus important encore parce que Shamir ne voulait pas interrompre le flux massif d’immigrants en Israël de l’Union soviétique, ce qui aurait certainement été le cas si Israël avait été en guerre.
Par: Dov S. Zakheim