Une ancienne secrétaire d’un camp de concentration nazi, aujourd’hui âgé de 96 ans, fait face jeudi à un tribunal allemand accusé de complicité dans le meurtre de 10.000 personnes, la première affaire de ce type ces dernières années contre une femme.
Irmgard Furchner était adolescente lorsqu’elle travaillait dans le bureau du directeur du camp de Stutthof en Pologne, près de la ville de Dantzig, connue aujourd’hui sous le nom de Gdansk.
Furchner « a aidé les responsables du camp dans le meurtre systématique de prisonniers juifs, de partisans polonais et de prisonniers de guerre soviétiques russes dans son rôle de sténographe et de secrétaire du commandant du camp » entre juin 1943 et avril 1945, selon les procureurs.
Mineur au moment des crimes présumés, elle est inculpée de « complicité de meurtre dans plus de 10 000 cas », ainsi que de complicité de tentative de meurtre, ont ajouté les procureurs de la ville d’Itzehoe, dans le nord du pays.
Malgré son âge, l’accusée, qui vit dans une maison de retraite près de Hambourg, a été déclarée apte à subir son procès, mais n’a pas encore parlé des allégations.
La procédure s’ouvrira la veille du 75e anniversaire de la fin des procès de Nuremberg, au cours desquels des membres éminents de l’establishment nazi, dont Hermann Goering, ont été tenus responsables de leur rôle dans le régime.
Mais le temps presse pour les procureurs qui cherchent à faire venir d’anciens membres des SS, le groupe paramilitaire nazi qui a supervisé les exécutions de masse, et leurs fonctionnaires, alors que la génération de cette guerre disparaît.
Une semaine après le début des audiences d’Itzehoe, le procès d’un ancien garde de champ centenaire accusé d’être complice du meurtre de plus de 3 500 personnes s’ouvrira à Neuruppin, dans l’État oriental du Brandebourg.
Les procureurs traitent neuf autres affaires, tandis que l’organe chargé d’enquêter sur les crimes nazis en enquête sur sept autres.
Le problème est la « responsabilité concrète » de Furchner dans les meurtres, a déclaré à l’AFP un porte-parole des procureurs au début de l’année, un problème que les historiens ont été chargés d’évaluer.
En tant que secrétaire travaillant sur le terrain, Furchner « traitait toute la correspondance » pour le commandant SS Paul Werner Hoppe, a déclaré Christoph Rueckel, un avocat représentant les survivants de l’Holocauste, dont beaucoup sont parties au procès.
« Il a rédigé les ordres d’expulsion et d’exécution » selon la dictée de Hoppe, a déclaré Rueckel au radiodiffuseur public NDR.
Pour l’avocat de Furcher, Wolf Molkentin, il n’est pas certain qu’elle ait connu et compris le sort qui attendait les prisonniers.