Mise à jour :
L’enquête sur la mort du soldat Fitoussi s’est terminée par un avertissement au soldat qui a tiré à Tulkarem : dans son enquête, il a affirmé avoir reconnu Fitoussi comme une figure hostile dans l’obscurité totale, et avoir senti le danger et tiré pour le neutraliser.
Apparemment, le soldat a commencé la procédure d’arrestation du suspect en tirant en l’air sans rien crier au défunt, et n’a même pas appelé son nom tout au long de l’incident, même s’il savait qu’il était à proximité.
Le soldat qui a tiré sur Nathan Fitoussi a affirmé avoir mené une procédure d’arrestation suspecte • Mais les conclusions de l’enquête montrent qu’il a tiré huit balles, sans mettre la cible entre les mires • La question principale : Pourquoi les commandants ont-ils autorisé le soldat de prier en étant de garde ?
Les cas de victimes de tirs amis sont inutiles et évitables par leur nature, mais la mort du sergent Nathan Fitoussi des suites des tirs de son compagnon d’unité soulève une longue série de questions et de doutes quant au fonctionnement des soldats, et aux instructions qu’ils ont reçues de leurs commandants.
Fitoussi et son ami sont montés hier (lundi) pour le gardiennage à 15h00. Leur activité a duré huit heures et ils étaient censés la terminer à 23h00 le soir. Il s’agit d’une activité visant à empêcher le passage illégal en territoire israélien dans la région de Tulkarem- dans le cadre du renforcement effectué suite aux attaques qui au nord de la Samarie en février-mars . Cette surveillance est menée par paires afin de ne pas laisser un soldat seul.
Selon l’enquête, vers 22 heures, Fitoussi est allé prier. Son ami dit qu’à son retour, il a soupçonné qu’il était un terroriste et a effectué une procédure d’arrestation suspecte pour lui qui comprenait des tirs en l’air, des tirs dans les jambes, puis des tirs au centre du corps. Mais les conclusions des investigations menées hier sur le terrain par le commandant de division, le général commandant et le chef d’état-major soulèvent pas mal d’interrogations sur cette version.
Contrairement à certaines publications, le soldat qui a tiré n’a pas tiré deux balles sur Fitoussi, mais huit (huit cartouches ont été retrouvées dans la zone, comme en témoigne également l’inspection de son arme). De plus, il a tiré debout, à partir de la taille, lorsqu’il n’a pas fait ce qui est exigé d’un combattant – placer la cible entre les mires, pour s’assurer qu’il la frappe avec précision.
Difficile également de comprendre le manque de coordination entre les deux soldats : Fitoussi et le soldat tireur d’élite ont servi ensemble pendant deux ans, depuis leur formation dans la brigade Kafir, à l’issue de laquelle ils ont été affectés ensemble au régiment Nachshon. Ce n’était pas non plus leur première garde conjointe : jeudi dernier, ils ont gardé la zone ensemble et ont été bien informés des dangers et des règles. Les consignes d’ouvrir le feu, qui interdisent de tirer librement sur des civils palestiniens, leur ont également été précisées, et elles étaient mises en pratique, la situation serait differente.
En revanche, il est difficile d’entrer dans la tête du soldat qui tire : la perception de la menace est souvent subjective , certainement la nuit et dans un secteur où circulent pas mal de civils, dont chacun peut être suspecté d’être un terroriste. C’est là que les commandants sont censés intervenir, dont le travail consiste à clarifier tous les points obscurs.
Dans ce cadre, on ne sait pas pourquoi Fitoussi a été autorisé à prier lors d’une activité opérationnelle. Après tout, les terroristes, auraient pu profiter de cette situation et, auraient pu utiliser les minutes de prière pour lui faire du mal, ainsi qu’à son ami.
Pire encore, le commandant du peloton avait rattrapé les deux plus tôt dans leur opération, attrapant Fitoussi entrain de prier jusqu’à la fin de l’activité. Le soldat tué a écouté son commandant et s’est éloigné le soir à une distance de seulement 25 mètres de son ami pour prier – mais les points d’interrogation demeurent : la prière a-t-elle été autorisée et approuvée ? Une telle distance la nuit, où il n’y a pas de contact visuel entre les deux, est-elle raisonnable ?
Négligence criminelle ?
Comme toujours, les investigations aboutiront à pas mal de conclusions opérationnelles sur ce qui est permis et ce qui ne l’est pas en binôme dans ce type d’activité opérationnelle. Parallèlement, la police militaire enquêtera pour déterminer s’il y a eu négligence criminelle de la part du soldat qui a tiré. Seront également examinés son passé (dont les fautes disciplinaires au bataillon), ainsi que les consignes qu’il a reçues par rapport à leur mise en œuvre sur le terrain.
Tous ces éléments sont censés aider les FDI à tirer des leçons pour prévenir le prochain incident. Bien qu’il n’y ait aucun lien entre les cas, le Commandement central compte le deuxième incident cette année au cours duquel des soldats sont tués par un tir ami (dans l’incident précédent , deux commandants de compagnie de l’unité d’Agoz ont été tués par des coups de feu tirés par un autre officier de l’unité). Il s’agit, à tout le moins, d’affiner les procédures et de revoir les directives.