SCENES DE MÉNAGE – Par Rony Akrich

 

 

Source Photo : mame.co.il

La pensĂ©e populaire affirme que l’homme et la femme ne comprendront leur possible rĂ©alisation rĂ©ciproque qu’à travers l’épreuve de l’alliance. On serait ainsi portĂ© Ă  croire que, dĂšs l’origine, l’unitĂ© existentielle du corps d’Adam et de H’ava, cet ĂȘtre androgyne dissociĂ© ensuite par D.ieu, se serait gravĂ©e dans la mĂ©moire collective de l’HumanitĂ©.

L’harmonie dĂ©finirait donc nos premiĂšres crĂ©atures humaines. Les hommes sauvegardent et prĂ©servent ce souvenir dans l’inconscient universel. Certains nous assurent d’un destin sans appel, le couple serait en quelque sorte une fatalitĂ© plus qu’un choix !

Nous traitons ici de l’un des sujets les plus sĂ©rieux de notre existence. Si jamais cela se vĂ©rifiait, comment Ă©lire l’élu(e) de son cƓur, cet autre, invitĂ© Ă  partager notre vie? Comment l’identifier? Comment ĂȘtre sĂ»rs que c’est ce que D.ieu nous rĂ©serve?

Le Talmud amÚne certaines réponses afin de réconcilier le «ménage démonté», et nous fournit deux leçons apparemment opposées.

La premiĂšre Ă©taye initialement l’affirmation d’un destin selon laquelle 40 jours avant la formation embryonnaire, une Voix cĂ©leste augurerait que «La fille d’un tel pour un tel et le fils d’un tel pour une telle». Sorte d’invite intime, nĂ©e dans les profondeurs de l’ñme, celle-ci rĂ©pondrait Ă  une volontĂ© acĂ©rĂ©e de l’inconscient pour reconquĂ©rir l’harmonie paradisiaque dans un nouveau jardin d’Eden.

Le Zohar affirme que cette invite n’est pas exceptionnelle, elle nous interpelle en permanence Ă  quitter notre exil, l’abandon de soi et Ă  retourner vers Tsion, vers notre ĂȘtre intime.

La seconde leçon s’appuie sur une opinion apparemment contraire, si tel est le cas, quelles sont les raisons de tant d’échecs dans les conjugaisons des verbes de l’amour ?

Pourquoi si peu de conjugalité au sein de leurs relations?

Selon nos Sages: «il est aussi difficile d’unir un homme et une femme que de fendre la Mer Rouge».

En clair, rien n’est totalement Ă©tabli par avance et le destin ne serait qu’un accommodant dĂ©lire.

Ne sommes-nous pas confrontĂ© Ă  un impossible conflit d’intĂ©rĂȘt entre ces deux thĂšses?

Le Talmud les prĂ©sente comme un dĂ©saccord superficiel, alors qu’en rĂ©alitĂ© le premier avis concerne la communion existentielle de prime abord, le second correspond Ă  l’affinitĂ© ontologique des deux ĂȘtres mais Ă  posteriori.

La terminologie talmudique se sert pour ces diffĂ©rentes Ă©ventualitĂ©s des expressions suivantes: «union primitive et union effective». MĂ©thodiquement, deux degrĂ©s d’entendement existent et concernent le thĂšme de la destinĂ©e.

Un degrĂ© initial, oĂč les promis sont recensĂ©s par anticipation selon une hĂ©rĂ©ditĂ© particuliĂšre de l’ñme. Au degrĂ© suivant ils deviennent captifs des circonstances, des conjonctures et des adversitĂ©s de la vie.

C’est dans un premier temps que le Verbe Divin jaillit de notre for intĂ©rieur et interpelle l’Homme, alors que les entraves Ă  toute relation, similaires Ă  la traversĂ©e de la Mer des Joncs, se rapportent au second degrĂ©.

En fait il s’avĂšre qu’un lien rĂ©el rapproche le Dessein et son ƒuvre vivante.

L’Alliance sera-t-elle un voyage de noces Ă©ternel ou bien une insupportable querelle ?

Seule notre conduite, celle de tout un chacun, saura donner le juste Ă©cho Ă  cette Ă©preuve : si l’ĂȘtre est moral et sage, s’il embrasse l’Entreprise Divine et choisit en tout une dĂ©marche vertueuse; son union Ă  posteriori sera, elle aussi semblable au dessein de D.ieu Ă  priori.

Rambam explique dans la derniĂšre partie de son Ɠuvre «les huit chapitres» : il n’y a aucune opposition entre l’Anticipation divine et le libre-arbitre accordĂ© aux ĂȘtres humains. Cette alliance dĂ©terminĂ©e par le Verbe Divin est une vĂ©ritĂ© interne et potentielle, mais la plĂ©nitude de l’Ɠuvre engagĂ©e procĂšde bien de toute personne, de ses investissements, de son labeur.

Lorsque nous apprĂ©hendons l’amour comme une Ɠuvre, ce qui est essentiel, c’est ce que je suis dans l’union, mon moi; ce qui transforme, ce qui bouleverse, ce qui amĂ©liore cette union est une Ɠuvre de soi par soi. C’est dans l’ñme que s’incarne les rapports humains.

 

Nombres de donnĂ©es sont Ă  mĂȘme de soustraire nos deux conjoints potentiels Ă  une future rencontre : comme les retards inexpliquĂ©s dans le temps et dans l’espace. Ainsi, il est possible que l’un naisse plus tard que l’autre prĂ©destinĂ©.

Nul besoin de se dĂ©courager puisque de toute les maniĂšres la technologie Divine nous est totalement inconnue, impossible d’identifier notre partenaire idĂ©al, nous ne possĂ©dons guĂšre les moyens de rĂ©soudre l’énigmatique conjonction des Ăąmes.

Rabbi MochĂ© ‘HaĂŻm Luzzato nous explique l’un des postulats de la CrĂ©ation: si pour une raison objective, nous ne parvenions Ă  Ă©pouser l’ñme sƓur, l’alliance parfaitement rĂ©ussie et encensĂ©e par D.ieu demeure probante Ă  jamais. En tout Ă©tat de cause, aucun Ă©vĂšnement ne peut se rĂ©aliser sans une Ă©troite collaboration du Divin, et d’aucun ne se conçoit, non plus, sans que soit rĂ©ellement consacrĂ©e la responsabilitĂ© de l’individu.

L’homme affranchi, l’homme qui a convenu en toute conscience de l’ampleur de sa libertĂ©, doit discerner aussitĂŽt la voix de sa nĂ©cessitĂ© intime et, conjointement saisir le lien profond qui l’associe au CrĂ©ateur.

Par Rony Ackrich pour Alyaexpress-News


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