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La pensée populaire affirme que l’homme et la femme ne comprendront leur possible réalisation réciproque qu’à travers l’épreuve de l’alliance. On serait ainsi porté à croire que, dès l’origine, l’unité existentielle du corps d’Adam et de H’ava, cet être androgyne dissocié ensuite par D.ieu, se serait gravée dans la mémoire collective de l’Humanité.
L’harmonie définirait donc nos premières créatures humaines. Les hommes sauvegardent et préservent ce souvenir dans l’inconscient universel. Certains nous assurent d’un destin sans appel, le couple serait en quelque sorte une fatalité plus qu’un choix !
Nous traitons ici de l’un des sujets les plus sérieux de notre existence. Si jamais cela se vérifiait, comment élire l’élu(e) de son cœur, cet autre, invité à partager notre vie? Comment l’identifier? Comment être sûrs que c’est ce que D.ieu nous réserve?
Le Talmud amène certaines réponses afin de réconcilier le «ménage démonté», et nous fournit deux leçons apparemment opposées.
La première étaye initialement l’affirmation d’un destin selon laquelle 40 jours avant la formation embryonnaire, une Voix céleste augurerait que «La fille d’un tel pour un tel et le fils d’un tel pour une telle». Sorte d’invite intime, née dans les profondeurs de l’âme, celle-ci répondrait à une volonté acérée de l’inconscient pour reconquérir l’harmonie paradisiaque dans un nouveau jardin d’Eden.
Le Zohar affirme que cette invite n’est pas exceptionnelle, elle nous interpelle en permanence à quitter notre exil, l’abandon de soi et à retourner vers Tsion, vers notre être intime.
La seconde leçon s’appuie sur une opinion apparemment contraire, si tel est le cas, quelles sont les raisons de tant d’échecs dans les conjugaisons des verbes de l’amour ?
Pourquoi si peu de conjugalité au sein de leurs relations?
Selon nos Sages: «il est aussi difficile d’unir un homme et une femme que de fendre la Mer Rouge».
En clair, rien n’est totalement établi par avance et le destin ne serait qu’un accommodant délire.
Ne sommes-nous pas confronté à un impossible conflit d’intérêt entre ces deux thèses?
Le Talmud les présente comme un désaccord superficiel, alors qu’en réalité le premier avis concerne la communion existentielle de prime abord, le second correspond à l’affinité ontologique des deux êtres mais à posteriori.
La terminologie talmudique se sert pour ces différentes éventualités des expressions suivantes: «union primitive et union effective». Méthodiquement, deux degrés d’entendement existent et concernent le thème de la destinée.
Un degré initial, où les promis sont recensés par anticipation selon une hérédité particulière de l’âme. Au degré suivant ils deviennent captifs des circonstances, des conjonctures et des adversités de la vie.
C’est dans un premier temps que le Verbe Divin jaillit de notre for intérieur et interpelle l’Homme, alors que les entraves à toute relation, similaires à la traversée de la Mer des Joncs, se rapportent au second degré.
En fait il s’avère qu’un lien réel rapproche le Dessein et son Œuvre vivante.
L’Alliance sera-t-elle un voyage de noces éternel ou bien une insupportable querelle ?
Seule notre conduite, celle de tout un chacun, saura donner le juste écho à cette épreuve : si l’être est moral et sage, s’il embrasse l’Entreprise Divine et choisit en tout une démarche vertueuse; son union à posteriori sera, elle aussi semblable au dessein de D.ieu à priori.
Rambam explique dans la dernière partie de son œuvre «les huit chapitres» : il n’y a aucune opposition entre l’Anticipation divine et le libre-arbitre accordé aux êtres humains. Cette alliance déterminée par le Verbe Divin est une vérité interne et potentielle, mais la plénitude de l’œuvre engagée procède bien de toute personne, de ses investissements, de son labeur.
Lorsque nous appréhendons l’amour comme une œuvre, ce qui est essentiel, c’est ce que je suis dans l’union, mon moi; ce qui transforme, ce qui bouleverse, ce qui améliore cette union est une œuvre de soi par soi. C’est dans l’âme que s’incarne les rapports humains.
Nombres de données sont à même de soustraire nos deux conjoints potentiels à une future rencontre : comme les retards inexpliqués dans le temps et dans l’espace. Ainsi, il est possible que l’un naisse plus tard que l’autre prédestiné.
Nul besoin de se décourager puisque de toute les manières la technologie Divine nous est totalement inconnue, impossible d’identifier notre partenaire idéal, nous ne possédons guère les moyens de résoudre l’énigmatique conjonction des âmes.
Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato nous explique l’un des postulats de la Création: si pour une raison objective, nous ne parvenions à épouser l’âme sœur, l’alliance parfaitement réussie et encensée par D.ieu demeure probante à jamais. En tout état de cause, aucun évènement ne peut se réaliser sans une étroite collaboration du Divin, et d’aucun ne se conçoit, non plus, sans que soit réellement consacrée la responsabilité de l’individu.
L’homme affranchi, l’homme qui a convenu en toute conscience de l’ampleur de sa liberté, doit discerner aussitôt la voix de sa nécessité intime et, conjointement saisir le lien profond qui l’associe au Créateur.
Par Rony Ackrich pour Alyaexpress-News