Trois personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées en Nouvelle-Calédonie – un territoire français situé dans l’océan Pacifique – lors des pires émeutes qu’ait connues l’archipel depuis les années 1980.
Les émeutes ont éclaté lundi, à la veille d’un vote sur la modification des règles électorales en Nouvelle-Calédonie. Dans le cadre de la loi approuvée par l’Assemblée nationale à Paris, les résidents arrivés sur le territoire en provenance de France et y résidant depuis au moins 10 ans pourront voter aux élections qui y seront organisées. Jusqu’à présent, les résidents venus de France et d’ailleurs se sont vu interdire de voter aux élections en Nouvelle-Calédonie, qui compte près de 300 000 habitants.
Le gouvernement français a déclaré que ces changements étaient nécessaires pour garantir des élections démocratiques sur son territoire. La loi inquiète les séparatistes du groupe d’îles qui soutiennent la sécession de la France et craignent que la loi n’augmente l’influence des politiciens pro-français, au détriment du pouvoir de la population indigène.
Les protestations contre la loi ont rapidement tourné à la violence : des manifestants ont ouvert le feu sur les forces de sécurité dans la capitale de Nouméa. Des voitures ont été incendiées et des magasins pillés. En réponse, les autorités ont imposé un couvre-feu nocturne, interdit les rassemblements et fermé le principal aéroport ainsi que des dizaines d’écoles. Ces mesures n’ont pas réussi à mettre fin aux émeutes.
Selon le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, parmi les blessés figurent une centaine de policiers. Plus de 130 manifestants ont été arrêtés et le président français Emmanuel Macron a appelé au calme et au dialogue. Le président de la Nouvelle-Calédonie, Louis Mapo, a également appelé au dialogue. Son bureau a déclaré que les morts dans les émeutes étaient de jeunes autochtones.
Dans les « Accords de Numéa » signés en 1998, la France s’est engagée à accorder progressivement davantage de pouvoirs politiques au territoire. Dans le cadre de l’accord, trois référendums ont eu lieu en Nouvelle-Calédonie sur la poursuite des relations historiques avec Paris, et dans chacun d’eux la revendication d’indépendance a été rejetée. Toutefois, le camp séparatiste reste important.
Macron tente de préserver la puissance de la France dans la région du Pacifique, où les États-Unis et la Chine se battent pour accroître leur influence. La France exerce une emprise stratégique sur la région à travers ses territoires, rappel de son passé colonial, qui comprend la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.