Les nuages s’amoncellent. Dans leur Olympe de Manhattan, les dieux – sous prétexte qu’ils y auraient apporté le Feu – ont décidé d’effacer de dessous les cieux ce Prométhée, cet Israël, qui a eu le front de vouloir offrir la Lumière au monde. Sans parler des centaines de milliers de nos frères des pays musulmans qui, il y a plusieurs dizaines d’années déjà, ont dû fuir leur foyer sous la violence d’un vent de tempête, aujourd’hui, en Europe, les Juifs plient sous la tourmente et, aux Amériques, nombre de crachins locaux annoncent que la tornade ne tardera pas à déferler. Gardant profil bas, les dirigeants de notre peuple y essayent d’éviter les gouttes en formes de glaires et, tentant de se fondre au milieu de la foule dans l’espoir de lendemains meilleurs, la plupart des nôtres s’abritent sous quelque parapluie miteux qu’ils prient le Ciel de ne pas retourner. Quelques-uns, des plus prévoyants, frappent aux portes des bourgeois qui restent obstinément closes ou à peine entrebâillées, tandis que d’autres se protègent sous l’ombre d’un Séfèr Torah !

 

Bien avant le précédent ouragan, Zéev Jabotinsky – cet étonnant visionnaire – avertissait : « Soit vous faites disparaître la Diaspora, soit la Diaspora vous fera disparaître ! » (« Either you liquidate the Diaspora or the Diaspora will liquidate you ! »). Il ajoutait, dans son message de Tisha Bé-Av publié à Varsovie en 1938 : « …cela fait déjà trois ans que j’en appelle à vous, Juifs de Pologne, qui êtes la couronne du judaïsme. Je continue de vous avertir sans cesse qu’une catastrophe va arriver prochainement. J’ai attrapé des cheveux gris et mon cœur saigne du fait que vous, chers frères et sœurs, ne voyez pas le volcan qui va bientôt commencer à cracher sa lave brûlante. Je sais que vous ne voyez pas cela parce que vous êtes englués dans vos soucis quotidiens. Aujourd’hui, pourtant, je vous demande de me croire. Vous avez déjà été convaincu que mes pronostics se sont toujours prouvés exacts. Si vous pensez différemment, alors mettez-moi  hors votre entourage. Cependant, si vous me croyez, alors écoutez-moi en cette onzième heure : Au nom du Très-Haut, que chacun de vous se sauve alors qu’il en est encore temps. Et ce temps est très restreint. (…) et que vous dire d’autre en ce jour de Tisha Bé-Av sinon que celui ou celle d’entre vous qui échappera de la catastrophe vivra pour voir le moment exaltant d’un grand mariage juif : la renaissance et la montée d’un Etat Juif. Je ne sais si j’aurai le privilège de voir cela ; mon fils l’aura. Je suis sûr de cela comme je suis sûr que demain matin le soleil se lèvera ! » Certains, les tenants de la Havlaga (« retenue/ discrétion ») qu’il dénonçait comme « minimalistes » responsables « de l’atmosphère générale de compromis constants et de redditions », l’ont traité de cassandre… mais il n’était que dans le rôle de la « sentinelle pour la maison d’Israël », tel que décrit dans Yéh’ezkel XXXIII, 2-6 : « S’il est un pays contre lequel J’apporte le glaive, les gens de ce pays prendront un homme dans leurs rangs pour l’établir comme guetteur. Cet homme, voyant le glaive venir contre le pays, sonnera du schofar et avertira le peuple ; (…) Mais que le guetteur, voyant venir le glaive, s’abstienne de sonner du schofar et de mettre en garde le peuple, si le glaive survient et enlève quelqu’un d’entre eux, (…) son sang, je le réclamerai au guetteur ». Peu l’ont entendu et, de ceux-ci, peu ont pu monter en Erètz Israël… Désespéré, il constatait : « Je déclare avec honte, que le peuple se conduit comme s’il était dès à présent condamné. Je n’ai rien trouvé de comparable ni dans l’Histoire, ni dans les romans. Pas plus que je n’ai jamais vu une telle résignation au destin. C’est comme si douze millions de gens éduqués étaient dans une charrette et que cette charrette était dirigée vers l’abîme. Et comment de tels gens réagissent-ils ? L’un pleure, l’autre fume une cigarette, quelques-uns lisent le journal et quelqu’un chante ; mais, en vain, vous chercherez celui qui se lèvera, prendra les rênes en main et emmènera la charrette ailleurs. Tel est l’air du temps. C’est comme si un énorme ennemi est venu et a chloroformé leur pensée. Je viens à vous pour une tentative. Une dernière tentative. Je vous crie : Mettez une fin à cette situation ! Essayez d’arrêter la charrette, tentez d’en sauter, tentez de mettre un obstacle sur sa route, n’allez pas comme les moutons au loup ! » (Ecrit à Varsovie en 1939 et rappelé par le Canadian Jewish Herald en novembre 1980). Nous n’avons pas voulu – ou « pas pu » – entendre à temps l’alerte de la sentinelle… cela nous a coûté 6.000.000 des nôtres.

 

Aujourd’hui, frères et sœurs de la Galouth, c’est Alyaexpress et beaucoup d’autres qui viennent à vous et sonnent du schofar : voici revenir l’orage qui risque fort d’avoir la violence de celui que nous avons connu il y a peu ! Fuyez, alors qu’il en est encore temps, ce royaume d’Esav où les éléments vont bientôt se déchaîner contre nous. Les indices sont légions : montée rapide de l’antisémitisme tant dans les médias que dans la population ; tentatives, par le Conseil de l’Europe, d’interdictions de la cacherouth, de la circoncision, du « créationnisme » (donc, de croire en la Vérité de notre Torah) ; alliances d’Esav avec Ichmaël et Amalek ; agressions et meurtres de Juifs dans l’indifférence quasi-totale des princes locaux… Partez vers des cieux plus cléments : la Terre que Hachèm nous a donné en héritage, le seul endroit où le soleil qui se lève point encore pour nous. Ne soyez pas comme la « génération du désert » qui, alors qu’elle était sur le point d’enter en Terre promise, disait (Bémidbar XII, 4-5) : « Qui nous donnera de la viande à manger ? Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien… » (Commentaire de Rachi : « Comment peut-on dire que les Egyptiens leur donnaient du poisson “pour rien” puisqu’il est dit – dans Chémoth V, 18 – “la paille ne vous sera pas donnée” ? S’ils ne leur donnaient pas de la paille pour rien, comment leur auraient-ils donné du poisson pour rien ? C’est que חנם / “pour rien”, signifie : “sans avoir à accomplir aucun Commandement” »). Oh, certes ! Après la Shoah, les Nations nous ont rendu notre Terre… mais c’était dans l’espérance que Ichmaël achèverait le travail que n’avait pu réussir l’Amalek de Germania. Pendant les « trente glorieuses », elles ont attendu hypocritement – allant jusqu’à verser des larmes de crocodile, bestiole bien-aimée de Pharaon, sur nos martyrs – mais, devant l’échec de leur nouvelle tentative, elles ont perdu patience et la lueur que nous avions cru voir paraître au travers de leur cloisonnement n’émanait que du judas d’une cellule de condamné à mort, ouverture qu’elles sont en train de refermer. Bientôt, horsd’Israël, partout l’obscurité !

 

« “Lorsque tombe la nuit sur Avraham et que la torpeur s’empare de lui, la crainte d’une profonde obscurité le saisit” (Béréchith XV, 12). Allusion est faite aux souffrances et à l’obscurité de l’exil, précise Rachi. A la nuit de l’exil, s’oppose la clarté de la délivrance : “Alors (אז / Aze) ta lumière percera comme la levée du jour” (Yéshaya LVIII, 8). אז (Aze) nous renvoie à l’ultime délivrance eschatologique dont le caractère absolu est signifié à travers l’intensité d’une lumière qui perce les cieux obscurs de la nuit. (…) il nous faut traduire ces éléments en termes de subjectivité. L’obscur de la nuit signifie évidemment  la perte d’identité, l’impossibilité de se mouvoir dans un monde vide de sens et sans repère. Dans la nuit rien ne se donne à voir, aucune lumière extérieure ne perce et n’éclaire le monde sublunaire. Chaque élément est entité solitaire sans rapport à toute extériorité. Car seule la lumière permet d’embrasser d’un seul regard la multiplicité des choses et de les inclure dans une vision unitive. A cette solitude des choses répond celle du sujet. Chacun est replié sur soi, reclus, prisonnier des limites de son être. Mitsraïm – מצרים – l’Egypte ou Métsarim – מצרים –civilisation de la finitude et des limites de l’être. “La nuit tu ne cesses de pleurer” s’exclame le prophète des Lamentations (Eikha I, 2). Car le pleur de la nuit est communicatif et ne laisse personne insensible (Rachi). Les larmes brouillent la vue empêchant une vision claire. Le pleur déforme la parole, abolit la clarté de l’expression. C’est le moment du désordre. (« déma »דמע /pleur ou « dimoua » – דמוע /mélange) » explique le Rav Moshé Tapiero. Il est d’ailleurs intéressant de noter que, dans le plus célèbre des Psaumes (Téhilim 137) chantant la tristesse de l’Exil (« Aux bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion »), les larmes sont bien présentes ainsi que notre attitude statique se refusant à imiter notre Patriarche Avraham qui a répondu à l’injonction Lèkh lékha (voir, à ce propos, l’article : https://infos-israel.news/2013/10/quand-lekh-ne-fait-pas-la-chanson-par-yehezkel-ben-avraham/  )

 

Mais, puisque chacun d’entre nous doit « se considérer comme étant lui-même sorti d’Egypte » (Hagada), et que nous en parlions justement,  quel est le rapport entre cet épisode « proche/lointain » et la Galouth actuelle ? En fait, si nous sommes sortis physiquement de l’esclavage, spirituellement nous y serons toujours tant que nous resterons confinés dans l’esprit des Nations ! Comme le souligne le Rav Moshé Tapiero, en rappelant l’enseignement du Maharal sur l’exil actuel d’Edom, on peut définir la « modernité » comme l’empire de « l’absence », du « manque », du « Rien » (hé’ederהעדר ) : carence de toutes valeurs, absence totale de sens de l’orientation, mots ne renvoyant à rien et notions employées rigoureusement vides de sens… un désert (spirituel) que, par la guématriya, nous retrouvons au travers de la valeur numérique de Mitsraïma (מצרימה – Egypte – 40 + 90 + 200 + 10 + 40 + 5 = 385) et chemama (שממה – désolation – 300 + 40 + 40 + 5 = 385). C.Q.F.D., comme on ne le dit pas en hébreu ! Tant que nous ne sortirons pas de l’Exil et de « l’aire de son temps », tant que nous ne rejoindrons pas Israël, nous resterons dans le désert où la nuit est la plus noire (Je ne vous dis pas la trouille que j’y ressentais quand j’y étais de garde lors de mon service dans Tsahal !), où il n’y a « Rien » (…sinon le rire des hyènes que l’on peut facilement confondre – les « hyènes », pas le « rire » – avec les terroristes et les antisémites).

 

« Oui, mais… me diront les optimistes en diable, vivre dans l’Etat Juif est actuellement très-très dangereux. Mieux vaut se fondre dans les masses occidentales où on ne risque pas grand-chose pour l’instant ! » Le croyez-vous vraiment ? Rappelez-vous l’Allemagne avant la montée du moustachu teuton (Que son nom et son souvenir disparaisse à jamais de dessous les cieux !) : la culture locale y était des plus raffinée et nos frères se gavaient d’elle depuis plus de cent ans. S’imaginant notre émouna « surannée », ils avaient initié l’horreur de la Haskala afin d’être « comme les autres » : leurs synagogues finirent par ressembler à des églises, leurs livres de prières étaient écrits en allemand, les nazis les incendièrent ; ils se sentaient plus Allemands que Juifs, à Nuremberg des lois leur retirèrent cette nationalité ; ils voulaient ne pas se distinguer des goyim en se couvrant la tête, Amalek nous imposa l’étoile jaune ; « Soit juif chez toi et Allemand au-dehors ! » disaient-ils, nous fûmes enfermés dans des ghettos ; leur nostalgie ne se dirigeait plus vers Jérusalem mais vers Berlin, c’est vers l’Est que nous avons été déportés ; les arts et la philosophie germaniques avaient gagné leurs goûts, c’est sous la musique de Wagner, au nom de la philosophie nietzschéenne du « surhomme », qu’on nous mena à la chambre à gaz… Pour les non-Juifs, à l’exception de quelques « Justes des Nations », quoi que nous fassions, nous serons toujours la Blanche-Neige du conte, celle qu’ils veulent occire car leur miroir la sait plus belle !

 

Devant vous – Devant nous – la Terre Promise ! Alors que nous pouvons quitter le « désert des Nations », l’empire du « Rien », la voix de Zéev Jabotinsky résonne à nos oreilles : « Nous étions assis au bord de la grand-route des peuples en marche, la main tendue pour l’aumône, les yeux dans la poussière. Lorsqu’on nous jetait une pièce ou un os à ronger, nous disions : nos maîtres sont de bonne humeur, c’est un grand jour. Nous étions assis au bord de la grand-route des peuples en marche, auprès des égouts, jusqu’au jour où le dégoût de nous-mêmes nous mit debout sur cette même route. Nous entendîmes l’appel d’Herzl. Nous sentîmes s’éveiller sous nos pieds , à sa voix, le sol de la patrie. » (Eloge funèbre de Théodore Herzl, 1904). Ce n’était pas seulement l’écho de la voix de Herzl mais aussi celui, beaucoup plus ancien et encore actuel, de notre Torah : « Tu dévoreras tous les peuples que Hachèm, ton D-ieu, va te livrer. Tu ne jetteras pas sur eux un regard de pitié, et tu ne serviras point leurs dieux, car ce serait un piège pour toi. Peut-être diras-tu en ton cœur : ces nations sont plus nombreuses que moi, comment pourrais-je les chasser ? Ne les crains point ! » (Dvarim VII, 16-18). Ne soyez pas comme les dix méraglim (« explorateurs ») qui virent « des géants » occuper notre Terre et prirent peur. Oh, certes ! Leur vue ne les a pas trompé et ils ne disaient que la vérité (L’histoire de la grappe de raisins, qu’il fallait deux hommes pour porter, prouve bien que l’endroit était sujet au gigantisme !)… mais leur faute consistait en un manque d’émouna (« confiance ») en la parole de Hachèm. Miracles et interventions surnaturelles parsèment l’histoire des guerres de l’Etat Juif ! Pas un seul stratège n’aurait parié un penny, en 1948, sur la continuité de notre nation jusqu’à aujourd’hui… et pourtant, elle existe et existera au-delà de l’arrivée du Machiah’, bombe atomique iranienne ou pas !

 

Si tu cherches un havre de paix, un « Pays où coule le lait et le miel », ce n’est pas en Galouth – terres mortifères ne produisant pour nous que fiel et ciguë – que tu le trouveras : Lèkh lékha !

 

Par Yéh’ezkel Ben Avraham pour Alyaexpress-News

 

 

 

2 Commentaires

  1.  » Si tu cherches un havre de paix, un « Pays où coule le lait et le miel », ce n’est pas en Galouth – terres mortifères ne produisant pour nous que fiel et ciguë – que tu le trouveras : Lèkh lékha . »
    L’article se termine par ces mots. Mais où aller ? Je suppose que le pays où tous les juifs doivent se rendre est Israël. Je suis d’accord ! J’ai d’ailleurs fait mon aliya il y a exactement 10 mois.
    Seulement ce que cet article ne dit pas, c’est qu’en Israël on trouve du lait et du miel mais aussi des épines et des ronces !
    L’auteur de cet article nous fait croire qu’en fuyant le pays dans lequel nous vivons, nous allons trouver un havre de paix où l’antisémitisme est absent.
    Non ! L’antisémitisme est bien là et Amalek y est bien présent !
    Un exemple? Israel est le seul pays au monde où il est interdit à un jeune juif de 17-18 ans d’étudier la thora ! C

  2.  » Si tu cherches un havre de paix, un « Pays où coule le lait et le miel », ce n’est pas en Galouth – terres mortifères ne produisant pour nous que fiel et ciguë – que tu le trouveras : Lèkh lékha . »
    L’article se termine par ces mots. Mais où aller ? Je suppose que le pays où tous les juifs doivent se rendre est Israël. Je suis d’accord ! J’ai d’ailleurs fait mon aliya il y a exactement 10 mois.
    Seulement ce que cet article ne dit pas, c’est qu’en Israël on trouve du lait et du miel mais aussi des épines et des ronces !
    L’auteur de cet article nous fait croire qu’en fuyant le pays dans lequel nous vivons, nous allons trouver un havre de paix où l’antisémitisme est absent.
    Non ! L’antisémitisme est bien là et Amalek y est bien présent !
    Je ne donnerai qu’un exemple: Israel est le seul pays au monde où une loi a été votée interdisant à un jeune juif de 17-18 ans d’étudier la thora !