« Voyons voir quelque chose », nous dit le commandant du 890e bataillon de parachutistes, le lieutenant-colonel Yoni HaCohen, en rĂ©ponse Ă notre question sur la difficultĂ© pour ses combattants, aprĂšs presque dix mois consĂ©cutifs de combats Ă Gaza et quand la fin nâest toujours pas en vue.
Il a appelĂ© lâun des combattants pour quâil sâapproche de lui et lui a demandĂ© de prendre une photo de sa pochette. Le guerrier tendit la main et en sortit une photo dâune personne enlevĂ©e. Un autre soldat a sorti la photo dâune autre personne enlevĂ©e et il a expliquĂ© : « Je leur ai demandĂ© de nous imprimer des photos de toutes les personnes enlevĂ©es Ă Gaza et je les ai distribuĂ©es aux combattants. Je leur ai dit que chaque fois quâils traversaient une pĂ©riode difficile, ils devraient sortir la photo et se rappeler qui traverse vraiment une pĂ©riode difficile.
Cette petite initiative locale enseigne deux choses. La premiĂšre est la prĂ©sence des personnes enlevĂ©es Ă chaque mission et Ă chaque instant. LâopĂ©ration actuelle Ă Khan Yunis a commencĂ© lorsquâune Ă©quipe de la brigade commando a localisĂ© cinq corps de personnes enlevĂ©es et les a amenĂ©s pour ĂȘtre enterrĂ©s en IsraĂ«l, et des efforts pour retrouver dâautres personnes enlevĂ©es â vivantes et mortes â se poursuivent simultanĂ©ment dans ce secteur et dans dâautres secteurs.
La deuxiĂšme chose est la dĂ©termination des forces sur le terrain. Les personnes enlevĂ©es sont en tĂȘte des tĂąches, suivies du dĂ©mantĂšlement des capacitĂ©s militaires du Hamas. Lâeffort est dur, mais donne des rĂ©sultats. « Ce que nous devions faire au dĂ©but avec une brigade, nous le faisons aujourdâhui avec une compagnie, et ce qui nous a pris quelques semaines, nous le faisons maintenant en quelques jours », explique le colonel Ami Biton, de la brigade parachutiste.
La brigade de parachutistes est de nouveau entrĂ©e Ă Khan Yunis la semaine derniĂšre . Câest la deuxiĂšme fois quâelle vient dans la ville â lors du tour prĂ©cĂ©dent, ils y Ă©taient restĂ©s trois mois â et cette fois, lâeffort se concentre sur le quartier dâal-Karara, dont Tsahal ne sâest pas occupĂ© jusquâĂ prĂ©sent. Câest un quartier relativement prestigieux, que les combats nâont pas Ă©pargnĂ© : la population a rapidement rĂ©pondu Ă lâappel Ă Ă©vacuer et les maisons sont vides, mais les dĂ©gĂąts de la guerre sont visibles dans chaque ruelle et dans chaque maison, avec des tirs incessants de mitrailleuses et armes lĂ©gĂšres en arriĂšre-plan.
Lâobjectif consiste dĂ©sormais Ă dĂ©truire un grand tunnel offensif, avec lequel Tsahal a un long rĂ©cit du passĂ©. Il sâagit dâun tunnel de 27 mĂštres de profondeur qui a Ă©tĂ© dĂ©couvert il y a dix ans lors de lâOpĂ©ration Bordure Protectrice â Tsahal lâa appelĂ© « DĂ©cembre à Moscou » Ă lâĂ©poque â et la derniĂšre partie, celle qui sâĂ©tend prĂšs de la clĂŽture, a Ă©tĂ© dĂ©truite. Mais le Hamas lâa reconstruit, et la tĂąche est maintenant de le dĂ©truire complĂštement â depuis son point de dĂ©part dans le quartier qatari de Khan Yunis jusquâĂ son extrĂ©mitĂ© orientale prĂšs de la frontiĂšre avec IsraĂ«l, au kibboutz Kissufim.
« Ne soyez pas complaisant »
Le colonel Bitton est lâun des commandants qui essaie de sâabstenir dâinterviewer. Câest peut-ĂȘtre son caractĂšre et peut-ĂȘtre des brĂ»lures du passĂ©. Par rapport aux anciens commandants de brigade qui ont jouĂ© dans les mĂ©dias, il prĂ©fĂšre jouer sur le terrain. Ce fut le cas dans ses fonctions passĂ©es de 202e brigade de parachutistes, de commandant de Dovdevan, de commandant de lâunitĂ© multidimensionnelle et de commandant de la brigade nord de la bande de Gaza, et ainsi au cours de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e â dans les combats Ă Gaza.
Nous lui avons posĂ© des questions sur lâennemi quâil a rencontrĂ© au combat. Il a rĂ©pondu quâil y avait un net dĂ©clin des capacitĂ©s du Hamas et de la motivation de ses combattants. Bitton relie cela, entre autres, Ă lâĂ©limination du gĂ©nĂ©ral de secteur du Hamas, Rafe Salama (attaquĂ© avec Muhammad Daf), qui a provoquĂ© un chaos au commandement en raison de la domination du commandant qui a Ă©tĂ© Ă©liminĂ©, mĂȘme si le commandant du bataillon dans cette affaire fonctionne toujours.
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Nous lui avons posĂ© des questions sur la motivation de ses guerriers aprĂšs une si longue guerre, dans la fatigue et la chaleur de lâĂ©tĂ©. Les parachutistes ont travaillĂ© pendant de nombreux mois dans le nord de la bande de Gaza, puis comme mentionnĂ© trois mois de suite Ă Khan Yunis, et depuis lors ils ont eu le temps dâopĂ©rer Ă Jabaliya et Sajaiya et dans dâautres endroits (y compris dans le cadre de lâopĂ©ration  » OpĂ©ration Arnon » avant dâarriver de nouveau Ă Khan Yunis.
« Nous en parlons tout le temps », explique le Colonel Bitton. « Quiconque dit quâil nâest pas fatiguĂ© nâest pas connectĂ© Ă ce qui lui arrive ou il ment. Cela nous oblige Ă expliquer, Ă parler des kidnappĂ©s. Les gens se sentent connectĂ©s, font partie de la mission et lorsquâils voient Ă©galement que le niveau de rĂ©sistance ici a diminuĂ©, ils comprennent que nous rĂ©ussissons. Il y a quelques jours, nous avons trouvĂ© ici des lanceurs qui visaient le centre du pays. Le sens est clair pour tout le monde. »
Nous avons demandĂ© dans quelle mesure les combattants Ă©taient conscients de la situation en IsraĂ«l et dans quelle mesure ils Ă©taient affectĂ©s par lâatmosphĂšre gĂ©nĂ©rale. « JusquâĂ fin fĂ©vrier, ils nâavaient aucune conscience, mais maintenant ils entrent et sortent et ont une conscience trĂšs Ă©levĂ©e. Ils sont aussi Ă la maison, rencontrent des amis, vont Ă des fĂȘtes et en entendent parler dans les mĂ©dias, puis ils reviennent.Lâun de nos dĂ©fis importants en tant que commandants est de combler ce fossĂ© pour eux.
La difficultĂ© actuelle concerne principalement ceux parmi les fonctionnaires permanents qui ont des familles. Majad 890, lieutenant-colonel HaCohen, a quatre jeunes enfants Ă la maison et une femme « qui est la vĂ©ritable hĂ©roĂŻne, car emmener quatre enfants le matin dans les Ă©coles est bien plus compliquĂ© que dâorganiser un raid ici ». Bitton est dâaccord et relie cela Ă la rĂ©alitĂ© : « Si nous ne gagnons pas ici, les enfants qui nous attendent Ă la maison continueront Ă souffrir du Hamas et devront revenir ici Ă lâavenir et se battre. »
Actuellement Ă Gaza, mais prĂȘt pour le nord
Le 7 octobre, la brigade parachutiste Ă©tait pour partie en activitĂ© opĂ©rationnelle, et lâautre partie Ă©tait en formation. Le 890e bataillon se trouvait Ă Nabi Musa, se prĂ©parant pour un exercice de bataillon qui devait commencer le soir du Shabbat. Hacohen sâest empressĂ© dâenvoyer les commandants Ă Otef, puis a organisĂ© des hĂ©licoptĂšres qui ont transportĂ© les combattants directement vers les combats dans les kibboutzim. Il est lui-mĂȘme arrivĂ© dans le village de Gaza et a rencontrĂ© la 13e brigade Ă Golani, le regrettĂ© lieutenant-colonel Tomer Greenberg, qui lui a demandĂ© de continuer vers Nahal Oz. « Il a dit que des soldats y Ă©taient massacrĂ©s, alors nous avons continuĂ© lĂ -bas, combattu et secouru des dizaines de soldats. »
Bitton est Ă©galement arrivĂ© lors de ce Black Sabbath dans le secteur, quâil connaĂźt bien car il en Ă©tait aux commandes jusquâĂ quelques mois auparavant. « Le 7 octobre restera avec nous pour le reste de notre vie. Câest un Ă©chec bien plus grand que Yom Kippour, car alors les combats se dĂ©roulaient dans les avant-postes et ici nous nâavons pas protĂ©gĂ© les civils dans leurs maisons. Notre responsabilitĂ© en tant que commandants, avec tous la difficultĂ© et la fatigue de la guerre, câest de comprendre que nous devons Ă ces citoyens, et que nous devons restaurer le respect et restaurer la confiance dans Tsahal, car nous aurons Ă©galement besoin des habitants de Beri et des habitants de Metula Ă lâavenir, et ils doivent nous faire confiance et croire en nous. »
Nous lui avons demandĂ© si sa brigade se prĂ©parait dĂ©jĂ pour la suite de la route, et pour une Ă©ventuelle guerre dans le nord. Il a rĂ©pondu quâils sont actuellement Ă Gaza et y resteront dans un avenir prĂ©visible, « mais sâils nous appellent vers le nord, nous saurons comment faire les ajustements et nous y installer ». Bitton est conscient quâil existe une diffĂ©rence fondamentale entre les divisions et entre les ennemis, et dâun autre cĂŽtĂ©, il existe Ă©galement de nombreuses similitudes, et lâexpĂ©rience de combat que les commandants et les combattants de la brigade ont acquise au cours de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e est sans prĂ©cĂ©dent.
Lorsque nous montons les escaliers, dans la maison oĂč est stationnĂ© le policier du bataillon, Bitton montre du doigt un soldat Ă lunettes et nous demande de lui parler. Le soldat tente de partir, mais le brigadier insiste pour que nous le demandions. Nous lui avons donc demandĂ© quel Ă©tait son nom et oĂč il habitait, et il a rĂ©pondu « Ariel Maher Gila ».
Bitton nous a demandĂ© qui Ă©tait son arriĂšre-grand-pĂšre, et il sâest avĂ©rĂ© quâil sâagissait de Menachem Begin, et que le combattant â qui sert de contact Ă Majd 890 â est le petit-fils de Bnei Begin (son propre pĂšre endeuillĂ©), et il Ă©tait impossible de ne pas penser au contexte historique de cette guerre et Ă la grande gĂ©nĂ©ration qui la dirige et est dĂ©terminĂ©e Ă gagner.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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