L’Égypte envoie 10 000 soldats avec du matériel lourd en Somalie, une décision qui accroît les tensions dans la Corne de l’Afrique (Afrique du Nord-Est). Le 29 août, deux avions de transport chargés d’armes et de munitions ont décollé vers Mogadiscio, la capitale, tout cela dans le prolongement du contrat de défense signé ce mois-ci entre les deux pays.
Le contexte – le barrage de la Renaissance
Les tensions qui s’accentuent entre l’Égypte et l’Éthiopie trouvent leur origine dans la construction d’un barrage sur la source du Nil en Éthiopie. Le Nil Bleu sur lequel le barrage a été construit fournit quatre-vingts pour cent du débit d’eau du fleuve. Malgré de nombreux cycles de négociations entre les pays, y compris la médiation américaine, aucun accord n’a été trouvé entre eux.
Le dirigeant égyptien Al-Sisi a répété que le barrage d’eau au Soudan et en Égypte est une ligne rouge qui ne peut être franchie. Néanmoins, l’Éthiopie a commencé à remplir le réservoir créé après la Renaissance avec des milliards de mètres cubes qui n’atteignent inévitablement pas les pays en aval (l’élévation de la base de l’Éthiopie atteint plus de 1 000 mètres, tandis que celle du Soudan et de l’Égypte est beaucoup plus basse).
Les objectifs de la présence égyptienne en Somalie :
- Améliorer la capacité de la Somalie à faire face à al-Shabaab, l’organisation islamiste
- restaurer l’intégrité du territoire somalien
- Renforcer le contrôle de Mogadiscio sur les producteurs de la mer Rouge
- créer un malaise parmi les Ethiopiens
Graves dommages à l’économie égyptienne
Le jeu égyptien en Somalie est très délicat. Cela reflète la frustration égyptienne à l’égard du processus diplomatique concernant le barrage. L’Égypte tente de limiter les risques pour son économie et son existence découlant de son exploitation, comme mentionné.
Depuis la pose de la première pierre de la renaissance, l’Égypte a déclaré qu’elle constituait une menace directe pour sa sécurité hydrique. Addis-Abeba affirme avec vigueur que le barrage est un projet de développement qui ne menace pas l’Égypte, mais que le fleuve est l’épine dorsale des eaux égyptiennes pour ses 110 millions d’habitants et pour l’agriculture, qui représente plus de 10 % de l’économie égyptienne.
Quant à l’Éthiopie, le barrage de la Renaissance double sa capacité de production d’électricité et détourne beaucoup d’eau pour le développement de l’agriculture dans un pays de cent vingt millions d’habitants. Les dégâts causés par la rupture du barrage sur toute la zone en aval du fleuve sont catastrophiques, il est donc peu probable que l’Égypte attaque réellement.
L’Égypte traverse une crise majeure : les revenus du canal de Suez, que le président al-Sissi a investi dans le doublement, ont considérablement diminué depuis que les Houthis ont commencé à endommager le transport maritime à l’entrée de la mer Rouge. En outre, les revenus de la contrebande d’armes et de munitions du Sinaï vers la bande de Gaza ont disparu avec la prise de contrôle par Tsahal du terminal de Rafah et de l’axe de Philadelphie.
Ses revenus sûrs proviennent des usines de liquéfaction de gaz qu’il reçoit des réserves de gaz d’Israël, considérant qu’envoyer des soldats avec du matériel lourd dans la Corne de l’Afrique pour une mission à long terme est une dépense importante, surtout en période de crise économique énorme, est-il le moment de convoiter des milliards aux Egyptiens pour recevoir les habitants de la bande de Gaza ? Un point de réflexion pour les décideurs.