Pendant des décennies, la société israélienne a évolué sous la menace syrienne au nord, puis, au cours des vingt dernières années, face à son rôle au sein de « l’axe du mal ». En un seul jour, l’empire tombe sous les coups de militants armés montés sur des pick-up et d’opérateurs de drones. Il semble que l’ère où il existait une autorité centrale claire sur la majeure partie de la Syrie touche à sa fin, et qu’Israël devra s’adapter à cette nouvelle réalité.
Dans les dernières heures, les rebelles ont annoncé avoir pénétré dans Damas, renversant ainsi le régime d’Assad, qui aurait fui le pays. Avec cette révolution, la Syrie deviendrait dans un premier temps une « confédération de cantons », des régions où seul le plus fort survit. Les premiers signes de cette transformation sont déjà visibles. Cependant, il est essentiel de rappeler que le terme « rebelles » désigne une mosaïque de groupes et d’organisations qui ne partagent pas nécessairement la même vision, hormis leur union contre le régime honni d’Assad. La communauté du renseignement devra donc surveiller de près les évolutions et, en coopération avec des initiatives diplomatiques, chercher à stabiliser la région proche de la frontière israélienne tout en influençant les acteurs dominants.
Une reconfiguration géopolitique en cours
Le concept des accords Sykes-Picot, fondement des frontières modernes du Moyen-Orient, semble s’effondrer sous les yeux du monde.
L’armée israélienne et les services de renseignement se préparent à divers scénarios possibles dans les régions frontalières syriennes. Cela inclut des activités rebelles près des clôtures frontalières et des tentatives de saisie d’arsenaux d’armes non conventionnelles détenues par l’armée syrienne. Par ailleurs, Israël s’inquiète des tentatives de l’Iran et du Hezbollah pour mettre la main sur des armes stratégiques, telles que des missiles balistiques ou des hélicoptères militaires.
L’Iran et ses dilemmes stratégiques
L’Iran, confronté à la chute de son précieux allié syrien, recalculera inévitablement ses priorités. Avec l’effondrement du régime Assad, la République islamique devra décider si elle accélère son programme nucléaire pour se protéger ou si elle cherche un accord avec les États-Unis pour gagner du temps face à une potentielle attaque israélienne.
Hezbollah : une force affaiblie
Le Hezbollah, affaibli par des pertes face à Israël et par l’effondrement de son soutien logistique syrien, se retrouve dans une position précaire. La question demeure : les rebelles syriens tenteront-ils d’étendre leur influence au Liban, mettant ainsi le Hezbollah en difficulté dans sa propre base ?
La Jordanie et l’Arabie saoudite
Le roi Abdallah de Jordanie surveille de près les événements, conscient que la déstabilisation syrienne pourrait affecter l’équilibre intérieur de son pays. De son côté, l’Arabie saoudite, pilier du bloc sunnite modéré, observe avec inquiétude. Une victoire rebelle pourrait inspirer des insurrections ailleurs, avec des répercussions à l’échelle régionale.
Les États-Unis et leur rôle ambigu
Au milieu de cette transition, les États-Unis, en pleine période de transition entre l’administration Biden et Trump, hésitent quant à leur stratégie. Une réduction de leur présence militaire dans la région pourrait être perçue comme une faiblesse, risquant d’aggraver la situation.
En résumé, le Moyen-Orient est à un tournant historique. La chute du régime Assad ouvre une nouvelle page, pleine d’incertitudes et de défis pour les acteurs régionaux et internationaux.