Des coffres contenant plus de 100 millions de shekels en liquide, des lingots dâor, des bijoux de luxe, ainsi que 183 000 piĂšces dâarmement, dont des tanks soviĂ©tiques, des fusils français et allemands rares datant des guerres mondiales, des pistolets de collection, des explosifs, des missiles, des lanceurs et des drones⊠Câest lâimpressionnant butin rĂ©cupĂ©rĂ© par lâarmĂ©e israĂ©lienne en Syrie, au Liban et Ă Gaza. Un chargement si lourd que certains soldats ont dĂ©clarĂ© en plaisantant : « On en a eu le dos cassé ». Mais quâadviendra-t-il de tout cet arsenal et de ces richesses ?
Une unité spéciale dédiée au butin de guerre
Un soir de novembre dernier, le lieutenant-colonel (rĂ©serviste) Idan Sharon-Kotler, commandant adjoint de lâunitĂ© de rĂ©cupĂ©ration du butin de Tsahal, rĂ©unissait ses collĂšgues pour faire le point sur les saisies rĂ©centes. Les officiers rĂ©servistes, cafĂ© Ă la main, ont pu admirer le fruit de leur travail : des milliers dâarmes rĂ©cupĂ©rĂ©es en sud-Liban, juste avant la fin de lâopĂ©ration terrestre et lâannonce dâun cessez-le-feu.
La quantitĂ© de matĂ©riel saisi est sans prĂ©cĂ©dent depuis la guerre de Kippour en 1973. Depuis le dĂ©but de lâopĂ©ration « ĂpĂ©es de fer », environ 180 000 piĂšces dâarmement ont Ă©tĂ© collectĂ©es Ă Gaza, au Liban et en Syrie, de quoi constituer une petite armĂ©e.
« Regarde ça : un fusil français MAS 36, modĂšle Ă verrou des annĂ©es 1930, retrouvĂ© au Liban et encore en Ă©tat de marche. Et ici, une mitrailleuse russe Papasha, Ă©quivalente au Tommy Gun amĂ©ricain quâon voit dans les vieux films. »
â Ltn-Col. (rĂ©serviste) Idan Sharon-Kotler
Que contient ce butin militaire ?
Outre les millions en argent liquide, les lingots dâor et les bijoux prĂ©cieux, Tsahal a rĂ©cupĂ©rĂ© :
â Missiles sol-air
â Drones et systĂšmes de lancement
â Missiles antichars de derniĂšre gĂ©nĂ©ration
â Explosifs en grande quantitĂ©
â Des milliers de fusils dâassaut neufs
â Fusils de sniper et mitrailleuses lourdes
â Ăquipements de communication militaires
â VĂ©hicules militaires et civils
â Ăquipements de vision nocturne, uniformes et chaussures militaires
â Armes de collection rares, utilisĂ©es par des commandants du Hezbollah
Ces tonnes de matériel sont actuellement entreposées dans des dizaines de dépÎts sécurisés à travers Israël, en attendant de décider quoi en faire.
Des armes portées sur le dos, en plein territoire ennemi
Le capitaine A., membre de lâunitĂ© dâĂ©lite Egoz, a Ă©tĂ© lâun des premiers Ă ĂȘtre envoyĂ© en mission secrĂšte au sud du Liban dĂ©but 2024. Lui et son Ă©quipe, revenant de Khan YounĂšs Ă Gaza, ont dĂ» infiltrer discrĂštement les villages chiites libanais pour localiser et exfiltrer les arsenaux du Hezbollah destinĂ©s Ă une invasion du nord dâIsraĂ«l.
« Nous Ă©tions si prĂšs des terroristes que nous ne pouvions pas utiliser de vĂ©hicules, cela nous aurait exposĂ©s. Au dĂ©but, nous avons portĂ© les missiles et munitions sur notre dos la nuit, mais trĂšs vite, câĂ©tait trop lourd. Ăa nous a vraiment brisĂ© le dos. »
Face Ă lâampleur du matĂ©riel saisi, lâĂ©tat-major a autorisĂ© la destruction sur place dâenviron la moitiĂ© du butin, et lâexfiltration du reste en IsraĂ«l sans compromettre la mission.
Que va faire Israël avec ce butin de guerre ?
1ïžâŁ Vente ou cession Ă des Ătats alliĂ©s :
Des discussions ont eu lieu pour transfĂ©rer une partie des armes Ă lâUkraine, mais lâidĂ©e a Ă©tĂ© abandonnĂ©e afin de prĂ©server la neutralitĂ© dâIsraĂ«l face Ă la Russie de Poutine.
2ïžâŁ RĂ©utilisation par Tsahal :
Les explosifs saisis sont Ă©tudiĂ©s par les unitĂ©s du gĂ©nie militaire, et une partie pourrait ĂȘtre recyclĂ©e pour lâarmĂ©e israĂ©lienne.
3ïžâŁ Ătudes et analyses :
Lâarmement ennemi est minutieusement examinĂ© pour mieux comprendre les capacitĂ©s adverses. DĂšs le 7 octobre, Tsahal a analysĂ© les explosifs utilisĂ©s par le Hamas et renforcĂ© la protection des tanks et blindĂ©s en consĂ©quence.
4ïžâŁ Expositions et musĂ©es :
Certains chars syriens saisis, dont des T-55 soviĂ©tiques, pourraient ĂȘtre envoyĂ©s dans des musĂ©es militaires. Dâautres serviront peut-ĂȘtre de cibles dâentraĂźnement sur les bases de lâarmĂ©e de terre.
Que devient lâargent saisi ?
Tsahal a confisquĂ© plus de 100 millions de shekels en liquide Ă Gaza et au Liban, en dollars, euros et autres devises arabes. Lâargent saisi dans les rĂ©sidences de chefs du Hamas a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© butin militaire et transfĂ©rĂ© sous haute sĂ©curitĂ© Ă la Banque dâIsraĂ«l pour ĂȘtre confisquĂ© par lâĂtat.
« Si un soldat trouve 200 shekels sur la table dâune maison palestinienne, il ne peut pas les prendre. Mais si câest un coffre-fort rempli dâargent dans la maison dâun commandant du Hamas, alors ça devient du butin militaire. »
Des armes rares et des souvenirs de guerre
Au sein de lâunitĂ© de rĂ©cupĂ©ration du butin, certains officiers sont de vĂ©ritables collectionneurs passionnĂ©s. Parmi les trouvailles exceptionnelles :
???? Un fusil Ingram avec chargeur tambour, ressemblant aux armes de la pÚgre américaine des années 1930
???? Un MAS 36 français, rare et en état de fonctionnement
???? Une mitrailleuse russe Papasha, équivalente au Tommy Gun américain
« Ce genre dâarmes anciennes rappelle les films de gangsters. Mais pour nous, câest du matĂ©riel historique. »
Certains commandants de brigade ont demandĂ© Ă garder des armes en souvenir, comme le gĂ©nĂ©ral IsraĂ«l Shomer, qui espĂšre rĂ©cupĂ©rer le fusil dâun terroriste Ă©liminĂ© devant sa maison Ă Kfar Aza le 7 octobre. Mais Tsahal rĂ©gule strictement ces demandes, et seule une approbation du chef dâĂ©tat-major permet de conserver ces reliques.
Une guerre qui dépasse le simple champ de bataille
Lâampleur du butin saisi prouve que le Hezbollah et le Hamas ne sont plus de simples groupes terroristes, mais de vĂ©ritables armĂ©es.
En 1973, Tsahal avait rĂ©cupĂ©rĂ© 2 000 blindĂ©s ennemis. En 2014, lors de lâopĂ©ration « Bordure protectrice », seuls quelques milliers dâarmes avaient Ă©tĂ© saisis. Aujourdâhui, en 2024, la guerre « ĂpĂ©es de fer » a permis de rĂ©cupĂ©rer lâĂ©quivalent dâun arsenal militaire entier.
« On ne se contente pas dâaccumuler du butin. Chaque piĂšce dâĂ©quipement doit avoir une utilitĂ© : pour lâintelligence militaire, pour nos soldats, ou pour les musĂ©es. Si ce nâest pas utile, on sâen dĂ©barrasse. »
â Ltn-Col. (rĂ©serviste) Idan Sharon-Kotler
Ainsi, entre intĂ©rĂȘts militaires, enjeux diplomatiques et dĂ©cisions stratĂ©giques, IsraĂ«l doit maintenant dĂ©cider du sort de son incroyable butin de guerre.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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