Un enregistrement vidéo diffusé en ligne a déclenché une vive controverse en Israël : le directeur du lycée Ohel Shem de Ramat Gan aurait interdit aux élèves de mettre les tefillins (phylactères) au sein de l’établissement. La vidéo, rapidement relayée sur les réseaux sociaux, est parvenue jusqu’au ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, qui a aussitôt réagi, affirmant que le droit de mettre les tefillins dans tous les établissements scolaires israéliens serait préservé.

Un ministre de l’Éducation en position délicate

Dans l’extrait en question, le directeur de l’école, Israël Wilozhny, déclare à un élève :

« Il n’est plus autorisé de mettre les tefillins à l’intérieur de l’école. »

Lorsqu’un élève lui demande pourquoi le stand de tefillins a été retiré du bâtiment, il répond laconiquement :

« Il n’y a plus de stand. »

Ce clip, largement partagé sur les réseaux sociaux, a rapidement interpellé Yoav Kisch. Cependant, la situation est complexe, puisque son propre fils est scolarisé dans cet établissement, plaçant le ministre en situation de conflit d’intérêts. Conscient de cette difficulté, il a précisé dans un tweet :

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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« Un enregistrement du lycée Ohel Shem de Ramat Gan m’a été signalé. En raison de mon conflit d’intérêts (mon fils est élève de cet établissement), je suis dans l’incapacité de traiter directement cette affaire. Je l’ai donc transmise pour une enquête immédiate au directeur général du ministère. »

Toutefois, Kisch a tenu à réaffirmer fermement sa position :

« Tant que je serai à la tête du ministère de l’Éducation, le droit de mettre les tefillins sera garanti dans chaque école d’Israël. »

Un différend entre élèves et direction

Selon la vidéo, le différend aurait éclaté lorsqu’un élève exigeait qu’un stand de tefillins soit installé devant sa classe. Le directeur, s’opposant à cette requête, lui aurait demandé de ranger ses tefillins dans son sac. La discussion a rapidement dégénéré, l’élève s’écriant :

« Qui êtes-vous pour m’interdire de mettre les tefillins ? Vous vous prenez pour Dieu ? »

Ce à quoi le directeur a répondu :

« Vous êtes à deux doigts d’être suspendu de l’école. »

Dans une déclaration, l’élève a ensuite raconté :

« J’étais en train de poser mes tefillins à un stand prévu à cet effet lorsque le directeur de section a accouru vers moi en hurlant. Il m’a conduit devant le directeur, et j’ai alors entendu des propos antisémites. Une telle chose est inacceptable aujourd’hui. »

La mairie et l’établissement réagissent

Face à la polémique grandissante, la municipalité de Ramat Gan a publié un communiqué réfutant toute interdiction des tefillins dans l’établissement :

« Il n’existe aucune interdiction de mettre les tefillins à Ohel Shem. Au contraire, l’année dernière, l’administration a approuvé l’installation d’un stand de tefillins afin de permettre aux élèves intéressés d’exprimer leur foi en toute liberté. »

Cependant, selon la mairie, une nouvelle station de tefillins aurait récemment été installée sans autorisation, ce qui aurait entraîné son retrait provisoire :

« Cette station a été mise en place sans coordination avec l’administration et en dehors des règles établies. Nous avons donc décidé de la retirer temporairement, dans l’attente de la conclusion d’une enquête interne. »

Le maire de Ramat Gan, Carmel Shama HaCohen, a également réagi en appelant au calme :

« Tant que je serai maire, tout élève pourra apporter et mettre les tefillins à l’école. La vidéo diffusée est incomplète et ne présente qu’une seule version des faits. Avant de juger, il est essentiel d’entendre les deux parties. J’attends les conclusions de l’enquête menée par le département de l’éducation avant de prendre toute décision définitive. »

Un débat entre pluralisme et tradition

Ce conflit met en lumière une tension croissante entre liberté religieuse et gestion des établissements scolaires en Israël. D’un côté, certains estiment que les écoles doivent rester neutres, sans manifestations religieuses visibles. De l’autre, les défenseurs de la tradition dénoncent une tentative d’effacement du judaïsme de l’espace public.

L’enquête en cours devra déterminer si la suppression du stand de tefillins relevait d’une simple mesure administrative ou d’une véritable atteinte à la liberté religieuse des élèves. En attendant, cette affaire continue de diviser l’opinion publique, révélant une fracture entre laïcité et tradition dans le système éducatif israélien.