Plus de 200 personnalités politiques et publiques en France, ainsi que des dizaines d’acteurs, d’écrivains, de journalistes et d’hommes d’affaires célèbres, ont signé une pétition contre l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme, qui gagne en force aux États-Unis et en Europe après le 7 octobre 2023.

La lettre, publiée dans le journal Le Monde, a été signée par l’ancien président (et aujourd’hui député) François Hollande, les anciens Premiers ministres Gabriel Attal, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, des dizaines de députés et sénateurs, des maires de plusieurs arrondissements parisiens, des acteurs et des écrivains, y compris d’origine arabe.

L’appel a été lancé par l’association « Nous vivrons » , créée en France après le 7 octobre pour lutter contre la montée de l’antisémitisme.

« Sionistes, fascistes, vous êtes des terroristes ! » On entend cela depuis des mois dans toutes les manifestations dites « pro-palestiniennes ». L’antisionisme est à la mode. L’histoire est simple : le sionisme est un colonialisme qui doit être éradiqué. Cette simplification de l’histoire ne dit rien de l’histoire du peuple juif, de la libération trop tardive, des pogroms, de la Shoah. Placer le sionisme dans le contexte de la décolonisation est un parti pris historique qui permet à certains de se sentir du « bon côté de l’histoire ». Cette interprétation a tout sauf le projet sioniste d’autodétermination et de libération du peuple juif.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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De ce point de vue, tout entre en jeu : l’anti-impérialisme, l’antifascisme et l’anticapitalisme. Et surtout les nombreuses théories du complot qui dissimulent soigneusement leur antisémitisme. Comme le disait le philosophe Vladimir Yankelevich dans les années 1970 : « L’antisionisme est une bénédiction incroyable, car il nous donne la permission – et même le droit, et même le devoir – d’être antisémites au nom de la démocratie ! » L’antisionisme est un antisémitisme justifié, enfin accessible à tous. C’est une permission d’être un antisémite démocrate. Et si les Juifs eux-mêmes étaient nazis ? Ce serait merveilleux. Il n’y aura plus lieu de les plaindre ; ils mériteraient leur sort.

Depuis le 8 octobre 2023, nous assistons au relativisme concernant le massacre du 7 octobre 2023 et à la condamnation du sionisme. En bref, s’il n’y avait pas eu de Juifs, rien de tout cela ne serait arrivé. C’est ainsi que le « sale sioniste » a remplacé le « sale juif ». Nous n’attaquons plus les personnes qui commettent un « déicide », mais celles qui commettent un « génocide ».

On n’accuse plus les Juifs de vouloir contrôler le monde, mais les sionistes de vouloir contrôler le territoire. Ces terres, de la taille de la Bretagne, réunissent plus de la moitié des Juifs du monde dans le seul État juif de la planète. Selon une étude de l’IFOP publiée le 3 mars, 37 % des camarades de classe des enfants juifs « refusent d’être amis ou d’avoir une relation amoureuse avec eux en raison de leur soutien à Israël ». La mécanique est bien réglée. Les Juifs sont sionistes, les sionistes sont fascistes, les fascistes sont génocidaires.

Tout Juif qui soutient le sionisme est coupable, tout Juif qui est associé à Israël est condamné. L’antisionisme est déshumanisant. L’antisionisme exige que les Juifs de la diaspora prennent position contre les politiques du gouvernement israélien. À quel titre ? Sachant en même temps que seuls les juifs antisionistes auront le droit de soutenir les nouveaux antiracistes. Les autres ne sont pas seulement responsables de la violence qu’ils subissent, ils en sont également responsables. Parce qu’ils sont du « mauvais côté de l’histoire ».

L’antisionisme est un révisionnisme. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 181, appelant à la création d’un État juif. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l’indépendance de l’État d’Israël. Quatre-vingts ans plus tard, de l’Université Columbia à l’Institut d’études politiques de Paris, des réseaux sociaux à l’Assemblée nationale, la légitimité de l’État d’Israël est non seulement remise en question, mais de nouveaux plans de partage sont proposés. Sans consultation des parties prenantes. Au mieux, on parle d’un foyer binational. Le plus souvent, il s’agit de la Palestine « du fleuve à la mer », effaçant la patrie juive de la carte du monde. Pourquoi une raison devrait-elle en effacer une autre ? Nous sommes pour la coexistence de deux États démocratiques. Nous ne sommes ni antisionistes ni suprémacistes, nous reconnaissons l’égalité des droits pour tous les peuples.

Le 7 octobre a ébranlé notre confiance. Cela a changé la vie des juifs français : 57% des actes racistes touchent 0,6% de la population française. Selon le ministère de l’Intérieur, un tiers des actes antisémites recensés en 2024 ont été commis sur le sol palestinien. Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme, la République doit protéger les Juifs en incluant l’antisionisme dans sa législation comme une nouvelle forme d’antisémitisme. Il ne s’agit pas de supprimer les critiques légitimes des politiques du gouvernement israélien qui permettent au sionisme de survivre, mais de condamner l’antisionisme qui viole, l’antisionisme qui discrimine et humilie.