La poudrière syrienne menace à nouveau d’exploser au sud du pays, et cette fois Israël est directement impliqué : face à la reprise brutale des combats entre les Druzes et les tribus bédouines dans la région de Soueida, Jérusalem a exceptionnellement donné son feu vert à l’entrée temporaire de l’armée syrienne sur place. Une décision inédite mais justifiée par la détérioration rapide de la situation humanitaire, après que les affrontements intercommunautaires ont déjà fait près de 600 morts en quelques jours.
Les Bédouins, épaulés par des combattants venus du gouvernorat voisin de Deraa et d’autres provinces syriennes, ont relancé hier une offensive sanglante malgré un fragile cessez-le-feu imposé récemment sous pression internationale, notamment américaine et turque, mais aussi à la suite d’une intervention musclée d’Israël. En effet, il y a seulement deux jours, Tsahal a pilonné le QG militaire syrien à Damas ainsi que les abords du palais présidentiel, intensifiant les tensions régionales. La Syrie, dirigée aujourd’hui par Ahmad al-Sharaa depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, n’a pas manqué d’accuser Israël de vouloir saper son autorité naissante.
Le ministère israélien des Affaires étrangères, par la voix de Gideon Saar, a immédiatement annoncé l’envoi d’une aide humanitaire d’urgence aux populations druzes assiégées à Soueida, estimée à 2 millions de shekels en vivres, médicaments et kits de premiers secours. Toutefois, un responsable israélien a précisé que la présence des forces syriennes ne serait autorisée que pour 48 heures, Israël refusant catégoriquement toute descente des troupes syriennes plus au sud, en direction de la frontière israélienne. Il s’agit de maintenir la zone frontalière comme un tampon démilitarisé, comme l’a récemment rappelé Netanyahou.
Malgré un calme relatif observé hier, après la retraite de l’armée syrienne et une incursion éclair des troupes israéliennes, la situation reste explosive. Des centaines de Druzes israéliens ont franchi la barrière frontalière pour prêter main forte à leurs familles en Syrie, un phénomène inédit documenté par la presse locale et les réseaux sociaux. La plupart auraient regagné Israël selon les autorités, mais la tension reste à son comble sur la frontière, surveillée de près par Tsahal.
Les témoignages qui affluent de Soueida sont effroyables : Ryan Maarouf, journaliste du site Suwayda24, rapporte avoir découvert les cadavres de 12 membres d’une même famille, incluant des femmes et un vieillard. Les vidéos circulant montrent des rues jonchées de corps, des habitations détruites, des commerces saccagés et des humiliations filmées, comme ces partisans du régime syrien coupant les moustaches des captifs druzes en signe de déshonneur. Un geste qui rappelle les pires humiliations de l’histoire de la région.
Les Bédouins, quant à eux, dénoncent également des massacres perpétrés par les Druzes, les forçant à fuir Soueida. L’un de leurs chefs a déclaré que le cessez-le-feu ne les concernait pas et que la bataille continuerait jusqu’à la « libération totale de la région ». Dans une vidéo virale, des combattants bédouins menacent clairement les Druzes, les qualifiant de « traîtres alliés aux sionistes », et promettent de « libérer chaque parcelle de la terre syrienne des collaborateurs et des séparatistes ». Le ton est donné, et l’ambiance est celle d’une guerre ethnique à peine masquée.
Le bilan humain, relayé par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), est déjà vertigineux : 594 morts recensés, dont 300 Druzes parmi lesquels 146 combattants et 154 civils, avec 83 exécutions sommaires par les forces du régime. Les pertes bédouines s’élèvent à 18 combattants et trois civils exécutés par les Druzes. Ce décompte macabre pourrait encore s’alourdir, un autre groupe de défense des droits de l’homme évoquant un nombre encore sous-estimé, qui ne sera connu qu’après la stabilisation du front.
Ce bain de sang ethnique n’est pas une première dans la Syrie post-Assad : en avril, des affrontements avaient déjà éclaté entre Druzes et partisans du régime près de Damas, tandis qu’en mars, des centaines d’alaouites avaient été massacrés par vengeance dans les régions côtières, en réponse aux violences perpétrées par des anciens militaires du régime déchu.
Il faut dire que la Syrie n’a jamais été aussi fragmentée depuis la chute du clan Assad, et les alliances fluctuent entre tribus, groupes islamistes, milices soutenues par l’Iran, et factions pro-russes, sans parler des ambitions kurdes au nord. Dans ce chaos généralisé, Israël entend préserver à tout prix une frontière calme et s’emploie à ne laisser aucun acteur islamiste ou pro-iranien s’y implanter, quitte à frapper fort dès que nécessaire, comme en témoigne la destruction du QG militaire à Damas.
Dans cette équation complexe, le rôle de la Turquie, des États-Unis, et même des monarchies du Golfe reste flou mais déterminant. Les pressions diplomatiques sur Israël pour contenir la violence sont intenses, mais à Jérusalem, la ligne rouge est claire : aucune armée étrangère à moins de quelques kilomètres du Golan.
La tragédie des Druzes de Soueida est aussi un miroir du malaise identitaire et communautaire qui secoue tout le Levant. Ces populations, historiquement marginalisées, oscillent entre fidélité à un régime détesté, autonomie régionale impossible et tentation de se rapprocher d’Israël, qui pour certains reste l’unique rempart face aux massacres.
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