Le cri du désespoir des anciens soldats israéliens victimes de stress post-traumatique résonne une nouvelle fois dans les rues du pays. Depuis le 7 octobre et l’horreur du massacre du Hamas, la situation ne cesse d’empirer : en à peine deux semaines, plus de dix anciens combattants atteints de troubles post-traumatiques ont mis fin à leurs jours. Un chiffre glaçant qui ne semble pourtant pas éveiller la conscience d’un gouvernement englué dans sa bureaucratie et ses lenteurs.
Tsahi Atadgui, lui-même vétéran traumatisé et l’un des chefs de file de la mobilisation, l’a dénoncé sans détour sur les ondes de Kan Reshet Bet : « Nous crions, nous implorons : ça suffit ! Tous les deux jours, un ancien soldat traumatisé se suicide. Et pourtant, personne n’agit vraiment. » Il pointe du doigt la responsabilité de l’office des réinsertions et des soins aux vétérans, un service du ministère de la Défense israélien, accusé de lenteurs dramatiques : « Pour un vétéran traumatisé, 24 heures peuvent être une éternité insupportable. Et la bureaucratie, elle, prend des semaines. »
Ces anciens soldats sont souvent des survivants, mais leur quotidien est une guerre sans fin : insomnies, crises d’angoisse, cauchemars incessants. Tsahi raconte son propre calvaire : « J’ai été blessé il y a trente ans, et ce n’est que trois mois plus tôt que j’ai enfin été reconnu officiellement comme vétéran traumatisé. La machine administrative est incapable de traiter ces situations avec la rapidité et la sensibilité nécessaires. »
Le témoignage d’Eden Keidar, la sœur de Daniel Edri – un jeune soldat qui s’est donné la mort il y a une dizaine de jours – ajoute une couche poignante à ce drame national : « Daniel avait demandé à être hospitalisé, il avait compris qu’il représentait un danger pour lui-même. On lui a refusé cette hospitalisation ! C’est de la folie. » La voix chargée de douleur, elle dénonce une administration déconnectée, prisonnière de ses procédures alors que les familles assistent, impuissantes, à la déchéance de leurs proches : « Daniel s’est éloigné de moi, pourtant je suis sa sœur, je suis celle qui lui était la plus proche. Il s’effaçait sous nos yeux, et la machine étatique avançait à son rythme lent et implacable. »
Le tableau est sombre, presque révoltant. L’armée israélienne, réputée pour son efficacité en matière de sécurité et d’opérations militaires, laisse pourtant sur le carreau ceux qui ont donné leur corps et leur esprit pour la défense d’Israël. Le contraste est saisissant : Tsahal sait déployer ses forces en quelques heures aux quatre coins du Moyen-Orient, mais l’office des anciens combattants n’est pas capable de sauver ceux qui sombrent juste sous son nez.
Il faut bien le dire : cette crise est aussi celle d’un pays qui, tout en sanctifiant ses soldats tombés au combat, oublie ceux qui survivent dans un enfer psychologique. Le slogan « ne pas laisser un soldat derrière » semble s’arrêter aux frontières du champ de bataille.
Les chiffres officiels ne racontent qu’une partie de l’histoire. De nombreux suicides de vétérans passent sous les radars, noyés dans la statistique, dissimulés sous d’autres causes. Depuis le 7 octobre, date maudite du massacre du Hamas contre Israël, la pression psychologique sur les soldats, réservistes et anciens combattants a explosé. Les groupes de soutien aux vétérans sont saturés, et les associations tirent la sonnette d’alarme.
Des solutions ? Elles existent pourtant : augmenter massivement les effectifs de psychiatres militaires, simplifier les procédures de reconnaissance des troubles post-traumatiques, débloquer des budgets pour des centres spécialisés comme cela se fait aux États-Unis. Mais surtout, imposer une culture de l’urgence : quand un soldat ou un vétéran dit « je suis un danger pour moi-même », cela doit déclencher une intervention immédiate. Pas un formulaire, pas une attente.
En attendant une réforme profonde et urgente, il reste les lignes de secours :
* Le centre ERAN pour l’aide psychologique d’urgence au \*2201.
* Le standard téléphonique de Tsahal pour les soldats en service ou réservistes au \*6690 poste 4.
* La ligne de crise « Une âme unique » au \*8944.
Mais ces numéros ne suffisent pas. Sans changement structurel et politique, d’autres familles pleureront leur frère, leur fils, leur père, tombé non pas sur le front, mais dans l’ombre, à cause de l’oubli et du mépris. L’État hébreu doit faire mieux. La nation ne peut se permettre de perdre ses défenseurs deux fois : une fois au combat, et une fois dans l’indifférence.
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