Trump propose un « plan » pour la sortie de la guerre à Gaza — Jérusalem réplique : « Israël ne sera pas contraint »

En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le président américain Donald Trump a présenté aux dirigeants arabes et musulmans une proposition destinée, selon Washington, à précipiter la fin des hostilités dans la bande de Gaza et à préparer le « jour d’après ». À Jérusalem, des responsables gouvernementaux et diplomatiques ont accueilli l’initiative avec prudence et fermeté : Israël n’acceptera pas un cadre imposé qui mettrait en péril ses exigences de sécurité. (Reuters)

Le contenu révélé du plan américain — présenté lors d’un échange multilatéral tenu à New York — pourrait comprendre un cessez-le-feu séquencé, la libération des otages, une « retrait » partiel ou progressif des forces israéliennes de la bande de Gaza, et surtout une large implication des États arabes dans la gestion civile et la reconstruction de l’enclave, sous supervision internationale. L’administration Trump aurait en outre promis de s’opposer à toute annexion israélienne de pans de la Cisjordanie, afin de rassurer les États arabes partenaires. (Reuters)

À Tel-Aviv, la lecture dominante est claire : la proposition américaine vise d’abord à rallier des monarchies et capitales arabes pour financer et administrer la période post-conflit, en offrant à Israël un partage de la charge politique et financière. Mais les hauts responsables israéliens interrogés par les médias affirment unanimement une chose : « Trump ne nous imposera pas un plan en lequel nous ne croyons pas. » Ils insistent sur le fait qu’aucun arrangement ne sera validé s’il compromet l’objectif central de la campagne militaire israélienne — neutraliser la capacité du Hamas à frapper Israël — et de ramener l’ensemble des otages. (Reuters)

La diplomatie américaine affiche quant à elle un optimisme mesuré. Steve Witkoff, envoyé spécial des États-Unis pour la région, a déclaré espérer « une percée dans les prochains jours » après la présentation d’un plan en 21 points, soulignant que l’initiative répondrait aux préoccupations des pays arabes tout en ménageant les exigences sécuritaires israéliennes. Washington appelle à une solution qui combine pression politique, garanties financières et visibilité internationale. (Reuters)

Pour Israël, plusieurs lignes rouges demeurent. D’abord, la question de la sécurité : qui garantit que la levée ou la réduction de la présence militaire israélienne n’entraînera pas un renforcement d’éléments hostiles ? Ensuite, la question politique : tout mécanisme qui légitimerait des entités ou processus perçus comme affaiblissant la souveraineté israélienne sur des zones jugées stratégiques sera rejeté. Enfin, la temporalité : Jérusalem exige la restitution complète des otages comme condition préalable à tout retrait significatif. Ces exigences expliquent la posture ferme de l’exécutif israélien, et la volonté de discuter de tout plan « uniquement sur la base d’intérêts et de garanties réelles ». (Reuters)

L’annonce américaine s’inscrit dans un paysage diplomatique très mouvant. Plusieurs pays européens — dont la France — ont récemment pris des positions symboliques fortes en faveur d’une solution à deux États, voire d’une reconnaissance accélérée de la Palestine, rendant le contexte politique international encore plus contraignant pour Israël. Paris a, par exemple, franchi une étape diplomatique majeure ces derniers jours en annonçant la reconnaissance de l’État palestinien, geste destiné à pousser la région vers une feuille de route politique. Ces initiatives européennes complexifient l’équation israélienne : accepter aujourd’hui un plan qui ne sécurise pas ses intérêts pourrait entraîner une perte de contrôle politique à long terme. (Reuters)

Sur le terrain diplomatique, plusieurs scénarios sont à l’étude : un accord trilatéral ponctuel (Israël-États-arabes-USA) visant à sécuriser une période transitoire ; une force internationale de maintien de l’ordre en marge d’un retrait israélien ; ou encore des solutions hybrides associant bailleurs arabes et organisations internationales pour la reconstruction. Tous ces scénarios butent cependant sur une même réalité : sans mécanismes crédibles de démilitarisation durable du Hamas et de garanties concrètes pour Israël, toute motorisation externe risque d’être perçue comme illusoire. (The Jerusalem Post)

La dimension politique intérieure israélienne pèse lourd. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en déplacement à New York pour s’exprimer à l’ONU puis rencontrer le président Trump, doit naviguer entre la pression internationale — qui pousse à une solution politique durable — et les impératifs sécuritaires et politiques domestiques qui exigent des garanties tangibles avant toute concession. Des voix au sein du gouvernement plaident pour la prudence et la négociation minutieuse, tandis que d’autres réclament de ne rien concéder sans résultats militaires irréversibles. (The Jerusalem Post)

En conclusion, la proposition américaine représente une tentative de refonte du compromis régional : faire peser sur les États arabes la charge civile et financière du « jour d’après » pour permettre à Israël de se retirer progressivement. C’est un pari diplomatique majeur, qui pourrait soit constituer une sortie négociée de la guerre, soit se heurter à l’hostilité — israélienne ou publique — si les garanties de sécurité ne sont pas convaincantes. Au cœur de ce dilemme, la question centrale restera inchangée : comment concilier la recherche d’une paix durable avec l’impératif — pour Israël — de neutraliser définitivement la menace terroriste ?


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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