Ce week-end, Israël a autorisé l’entrée dans la bande de Gaza d’engins de terrassement lourds en provenance d’Égypte. Officiellement, ces bulldozers et excavatrices doivent aider à retrouver les corps des otages israéliens assassinés et ensevelis sous les ruines. Officieusement, cette opération révèle toute la complexité morale et stratégique d’un pays qui cherche encore ses morts tout en poursuivant la guerre contre ceux qui les ont tués.
Dans le silence des trêves temporaires, Tsahal poursuit un travail d’une autre nature : celui de la mémoire et de la vérité. Plusieurs sources militaires citées par Kan News et Haaretz confirment que le gouvernement israélien a sollicité Le Caire pour faciliter l’entrée de ce matériel de fouille, jugé indispensable pour identifier les restes des otages disparus depuis le 7 octobre 2023.
Selon un haut responsable cité par Reuters, « il s’agit d’une mission humanitaire avant tout, menée dans des conditions de sécurité strictes ».
Une coopération sous haute tension
Depuis la fin de l’été, la frontière israélo-égyptienne est redevenue un point névralgique. Les tensions diplomatiques, les attaques de drones et les échanges de feu sporadiques ont fragilisé la coordination entre les deux pays. Mais Le Caire a accepté, sous supervision de la Croix-Rouge, de laisser passer plusieurs convois d’équipement destinés exclusivement aux zones de fouille identifiées par Tsahal.
Selon le porte-parole de l’armée israélienne, ces opérations se concentrent sur la périphérie de Khan Younès et de Rafah, là où les renseignements militaires estiment que de nombreux otages ont été exécutés puis enterrés dans des structures effondrées.
Les équipes mobilisées — composées d’unités du génie militaire, de volontaires du ZAKA et de médecins légistes — opèrent dans un environnement encore miné, au sens propre comme au figuré.
« Chaque pelle mécanique qui creuse la terre de Gaza pourrait révéler un nom, une histoire, une famille », confie un officier du Home Front Command. « Mais chaque mouvement expose aussi nos hommes à la menace de pièges explosifs et de tirs résiduels. »
L’ultime mission : ramener les leurs
Pour Israël, cette démarche dépasse la simple récupération de dépouilles. C’est un acte de fidélité envers les familles, une promesse nationale. Depuis le 7 octobre, la société israélienne vit au rythme des noms, des visages, des fragments d’espoir. Ramener les corps, c’est permettre un deuil, une sépulture, une prière.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a rappelé que « tant qu’un seul Israélien restera à Gaza, vivant ou mort, notre devoir sera de le ramener ». Un engagement souvent répété, profondément ancré dans la doctrine morale de Tsahal : ne jamais abandonner un soldat ou un civil derrière les lignes ennemies.
C’est aussi ce qui distingue Israël de ses ennemis : la valeur accordée à la vie, même lorsque celle-ci s’est éteinte.
Une opération à la frontière du politique et du symbolique
Pour l’opinion publique israélienne, l’initiative est doublement significative. D’une part, elle traduit la persistance d’un lien avec les familles d’otages, malgré la lassitude d’une guerre sans fin. D’autre part, elle rappelle que la bataille de Gaza n’est pas seulement militaire : elle est morale.
Les autorités égyptiennes, prudentes, ont tenu à préciser que cette aide « ne constitue pas une coopération militaire ». En réalité, Le Caire joue un rôle essentiel de médiation humanitaire, soucieux d’éviter un nouvel effondrement de la situation à Rafah.
L’accord tacite entre les deux gouvernements illustre cette ligne de crête : Israël fouille, mais ne bombarde pas ; l’Égypte aide, mais garde ses distances politiques.
La guerre sous la poussière
Sur le terrain, les bulldozers avancent lentement. Les ingénieurs du génie dégagent les amas de béton, tandis que les unités de Tsahal sécurisent les périmètres. À chaque fouille réussie, les équipes du ZAKA prennent le relais : photographies, prélèvements ADN, identification religieuse. Les dépouilles retrouvées sont transférées vers la base de Shura, où elles reçoivent un traitement médico-légal complet avant leur restitution aux familles.
Pour les soldats, c’est une épreuve silencieuse. Ils avancent dans des ruines où l’odeur de la mort se mêle à celle de la poussière, sous le regard des habitants gazaouis restés sur place.
Un officier a confié à Infos-Israel.News : « Nous ne cherchons pas à humilier, ni à venger. Nous voulons simplement ramener nos frères à la maison. »
Une mémoire nationale qui ne s’efface pas
Cette opération de fouille s’inscrit dans la longue tradition israélienne de récupération des disparus. Depuis les guerres de 1948 et de 1973, Tsahal a toujours fait de cette mission un devoir sacré. En 2025, ce devoir prend une dimension nouvelle : celle d’une société traumatisée qui refuse d’oublier.
Au-delà de l’émotion, c’est aussi un message politique : Israël montre à ses ennemis qu’il reste debout, fidèle à ses valeurs, même dans la tragédie.
Le travail des pelleteuses à Gaza n’est pas qu’un acte humanitaire ; il est la preuve tangible que le pays ne renonce ni à sa dignité ni à sa mémoire.
Dans un monde où la compassion s’émousse vite, Israël creuse encore — pour retrouver ses morts, mais surtout pour ne pas perdre son âme.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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