Le sĂ©isme judiciaire continue dâĂ©branler IsraĂ«l. AprĂšs la dĂ©mission fracassante de la procureure militaire en chef, les langues se dĂ©lient. Selon lâavocat EfraĂŻm Damari, qui reprĂ©sente plusieurs soldats du âgroupe 100â accusĂ©s Ă tort de violences, lâancienne responsable aurait dĂ©libĂ©rĂ©ment âsacrifiĂ© une unitĂ© religieuseâ pour redorer lâimage du pays Ă lâĂ©tranger. âElle voulait plaire Ă Washington et montrer quâIsraĂ«l sait punir ses propres soldatsâ, affirme lâavocat. Des propos explosifs, qui viennent raviver la fracture entre Tsahal et sa base religieuse.
Lâaffaire, surnommĂ©e par les mĂ©dias âle dossier du groupe 100â, remonte Ă plusieurs semaines, lorsque la procureure militaire â dĂ©sormais dĂ©chue de ses fonctions â avait autorisĂ© la diffusion dâun court extrait vidĂ©o censĂ© prouver la brutalitĂ© de soldats israĂ©liens envers des dĂ©tenus palestiniens. TrĂšs vite, le film sâĂ©tait rĂ©pandu sur les rĂ©seaux sociaux, atteignant plus de cent millions de vues et suscitant une vague dâindignation internationale. ProblĂšme : la vidĂ©o Ă©tait, selon la dĂ©fense, âtruquĂ©e, montĂ©e et sortie de son contexteâ.
âDĂšs le dĂ©part, on a compris quâil sâagissait dâun montage orchestrĂ© pour donner des gages Ă la communautĂ© internationaleâ, explique Me Damari au micro de Kol HaĂŻ. âJâai dit aux juges de la Cour suprĂȘme : la dĂ©claration de la procureure est mensongĂšre. Ils ont refusĂ© de me croire. Aujourdâhui, les faits me donnent raison.â Lâavocat va plus loin : âElle savait quâelle mentait, mais elle voulait un symbole â un procĂšs de soldats pieux, pour prouver que la justice israĂ©lienne est âĂ©quitableâ, mĂȘme envers ses hĂ©ros.â
Le scandale a pris de lâampleur lorsque des proches de lâex-procureure ont confirmĂ© en coulisse quâelle traversait âune crise morale et politiqueâ. Des sources militaires affirment quâelle aurait subi de fortes pressions, notamment de la part de conseillers diplomatiques liĂ©s Ă lâadministration Biden, inquiets des accusations de âviolations des droits humainsâ Ă Gaza. Dans ce climat, la responsable aurait choisi de frapper fort â quitte Ă âsacrifier des innocents pour sauver lâimage du paysâ.
Cette version, jugĂ©e âchoquanteâ par les familles des soldats, trouve un Ă©cho particulier dans la rue religieuse. De nombreuses voix au sein du sionisme religieux dĂ©noncent une âchasse aux sorciĂšresâ menĂ©e contre les unitĂ©s issues des yeshivot hesder. âCâest toujours les mĂȘmes quâon accuseâ, dĂ©clare un rabbin de Tsfat. âLes jeunes qui mettent les tĂ©filines avant dâentrer en mission deviennent soudain suspects. Câest une honte nationale.â
Le journaliste et animateur Betsalel Kahan, qui a rĂ©vĂ©lĂ© lâaffaire dans sa matinale, dĂ©crit un âsystĂšme qui sâest retournĂ© contre ses propres combattantsâ. âLe problĂšme nâest pas un dĂ©rapage individuel, mais une culture du sacrifice mĂ©diatiqueâ, analyse-t-il. âPlutĂŽt que de protĂ©ger les soldats, on les livre Ă la vindicte internationale pour calmer la pression diplomatique.â Une stratĂ©gie que le public israĂ©lien, traumatisĂ© par la guerre dâimage menĂ©e contre Tsahal, juge de plus en plus inacceptable.
La dĂ©fense des soldats souligne par ailleurs que âlâenquĂȘte interne a dĂ©montrĂ© lâabsence de preuve de violenceâ et que âles tĂ©moins palestiniens eux-mĂȘmes ont contredit la version diffusĂ©e Ă la presseâ. Pourtant, la carriĂšre de plusieurs militaires a Ă©tĂ© brisĂ©e, leurs familles exposĂ©es Ă la haine en ligne. âCe fut un pogrom mĂ©diatique orchestrĂ© depuis nos propres institutionsâ, martĂšle Me Damari.
Les appels Ă la responsabilitĂ© judiciaire se multiplient dĂ©sormais. Des dĂ©putĂ©s de la Knesset rĂ©clament lâouverture dâune enquĂȘte indĂ©pendante sur le rĂŽle de la procureure dans la fuite de la vidĂ©o. Le chef dâĂ©tat-major, Eyal Zamir, a ordonnĂ© une réévaluation complĂšte des procĂ©dures de communication du Parquet militaire. âAucun fonctionnaire ne peut sâĂ©riger au-dessus de la vĂ©ritĂ©â, a-t-il dĂ©clarĂ©.
Dans les coulisses du pouvoir, certains redoutent quâune telle affaire ne creuse encore davantage la mĂ©fiance entre lâarmĂ©e et la sociĂ©tĂ© religieuse. Depuis le 7 octobre, les unitĂ©s composĂ©es de soldats pratiquants ont Ă©tĂ© parmi les plus mobilisĂ©es et les plus endeuillĂ©es. Les voir aujourdâhui accusĂ©es et humiliĂ©es alimente un sentiment dâinjustice profond. âLes soldats religieux ont versĂ© leur sang pour IsraĂ«lâ, rappelle Damari. âEt voilĂ comment on les remercie : en les traitant de criminels.â
La chute de la procureure militaire, dĂ©sormais soupçonnĂ©e dâavoir menti devant la Cour suprĂȘme, symbolise une crise morale au sommet de la hiĂ©rarchie juridique. Une affaire oĂč se mĂȘlent la guerre, la politique et la religion, dans un pays oĂč la ligne entre justice et image internationale devient de plus en plus floue.
Dans une sociĂ©tĂ© israĂ©lienne dĂ©jĂ fracturĂ©e, cette affaire pose une question essentielle : jusquâoĂč faut-il aller pour satisfaire les attentes du monde quand il sâagit de dĂ©fendre la moralitĂ© de Tsahal ? Pour beaucoup, la rĂ©ponse est claire : lâhonneur de lâarmĂ©e ne se nĂ©gocie pas.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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