Israël doit changer de conception : ce n’est plus Goliath

Le débat ressurgit en Israël : faut-il autoriser l’Arabie saoudite à acquérir des F-35 ? Beaucoup y voient une menace pour l’avantage qualitatif d’Israël, le fameux « edge » stratégique qui garantit la supériorité militaire de Tsahal au Moyen-Orient. Mais selon Meir Souissa, ce débat est ancré dans une conception d’avant le 7 octobre, une époque où l’on croyait encore que la technologie pouvait tout empêcher.
(Source d’origine : https://www.israelhayom.co.il/)

Le 7 octobre a détruit cette illusion. Israël disposait alors d’une supériorité technologique totale :
– des F-35 furtifs de 5ᵉ génération,
– un renseignement considéré comme l’un des meilleurs du monde,
– des capacités cyber offensives et défensives,
– un système de défense aérienne transformé en symbole national.

Et pourtant, tout cela s’est effondré en quelques heures.
Pas faute de technologie — mais faute de vision stratégique.

Le F-35, métaphore d’un aveuglement

L’avion furtif, conçu pour disparaître du radar, est devenu une métaphore de la doctrine israélienne : une technologie si brillante qu’elle finit par masquer la réalité. La croyance qu’un pays équipé du matériel le plus avancé est nécessairement en sécurité s’est avérée fausse. L’ennemi moderne n’est plus un État doté d’une armée régulière, mais un réseau hybride, financé par l’Iran, dissimulé dans des tunnels, utilisant la population civile comme bouclier et opérant selon des logiques asymétriques.

Les véritables réussites : diplomatiques, pas militaires

Les succès israéliens les plus significatifs de la dernière décennie ne sont pas venus des opérations militaires, mais de la diplomatie — notamment les Accords d’Abraham, qui ont redessiné les alliances régionales. Israël peut et doit développer ces partenariats, renforcer sa place dans les corridors énergétiques et logistiques, et devenir un acteur qui initie, pas seulement qui réagit.

D’autres petits États l’ont compris :
– le Qatar, devenu puissance régionale sans force militaire majeure,
– les Émirats arabes unis, transformés en hub économique mondial,
– Singapour, devenue indispensable grâce à sa vision stratégique.

Une nouvelle conception pour Israël

Pour Souissa, la vraie question n’est pas :
« L’Arabie saoudite aura-t-elle le F-35 ? »
mais :
« Israël est-il prêt à abandonner sa dépendance à la technologie pour adopter une doctrine stratégique moderne ? »

Il propose trois axes :

1. Le renseignement avant les avions

Moins de dépendance aux algorithmes, plus de renseignement humain.
Le 7 octobre a montré que les capteurs ne remplacent pas les hommes.

2. La supériorité stratégique plutôt que technique

Les alliances régionales protègent parfois mieux qu’un avion furtif.
La véritable défense passe par la coopération, la diplomatie active et une lecture régionale à long terme.

3. Utiliser la géographie comme arme stratégique

Israël est un pont naturel entre l’Asie et l’Europe.
Un pays indispensable économiquement n’a pas besoin de menacer pour être respecté — il est nécessaire.

Le vrai danger : rester prisonnier du passé

L’Arabie saoudite équipée de F-35 ne bouleversera pas l’équilibre stratégique.
En revanche, une Israël qui resterait figée dans l’idée que sa survie dépend uniquement de sa supériorité technologique risque de répéter les erreurs du passé.

Car comme le souligne Souissa, la réalité peut disparaître du radar exactement comme le F-35 — si on choisit de ne pas la regarder.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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