L’armée israélienne a mené samedi une frappe ciblée dans l’ouest de la ville de Gaza, éliminant Raad Saad, considéré comme le numéro deux de la direction du Hamas dans la bande de Gaza, juste après Ezz al-Din Haddad. L’opération a été menée par un tir de missile depuis un aéronef sans pilote contre un véhicule circulant près de la place al-Naboulsi. Selon des sources palestiniennes, quatre personnes ont été tuées dans la frappe, dont Saad. Le Hamas, de son côté, a dénoncé une attaque contre un « véhicule civil » sans confirmer l’identité des personnes à bord.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Katz ont confirmé la responsabilité israélienne dans cette élimination ciblée, précisant qu’elle constituait une réponse directe à l’explosion d’un engin piégé contre deux soldats réservistes israéliens, légèrement blessés plus tôt dans la journée près de la ligne dite « jaune », au sud de la bande de Gaza. L’opération, autorisée au plus haut niveau politique, portait le nom de code israélien « Dernier repas ».
Dans un communiqué conjoint, Tsahal et le Shin Bet ont indiqué que Raad Saad était une figure centrale du Hamas, activement impliquée ces derniers mois dans la reconstruction des capacités militaires de l’organisation terroriste, notamment dans le nord de la bande de Gaza. Selon les services de sécurité israéliens, il travaillait à la production d’armes, à la réorganisation des unités combattantes et à la planification de nouvelles attaques contre Israël, en violation manifeste des engagements liés au cessez-le-feu et du cadre diplomatique soutenu par le président américain Donald Trump.
Raad Saad occupait le poste de chef d’état-major des opérations du Hamas et était l’un des principaux architectes du plan d’invasion baptisé « Mur de Jéricho », qui a servi de base opérationnelle au massacre du 7 octobre 2023. Ce plan, conçu comme une offensive simultanée sur l’ensemble du front sud, reposait sur l’effet de surprise absolue. Il prévoyait une infiltration massive de combattants du Hamas en territoire israélien, mobilisant presque toutes les capacités de la branche armée du mouvement : forces d’élite de la Noukhba, équipes du génie, unités antichars, artillerie, drones, parapentes motorisés et commandos navals. Environ 40 000 combattants étaient impliqués dans cette architecture militaire globale.
Né en 1972, Raad Saad appartenait à ce que le Hamas appelle la « génération 2005 », un noyau de commandants de terrain ayant émergé lors de la première Intifada, souvent emprisonnés en Israël ou par l’Autorité palestinienne, puis aguerris lors de la seconde Intifada. Ces cadres se percevaient comme les artisans du retrait israélien de Gaza il y a près de vingt ans, un événement qu’ils considéraient comme la base de la transformation du Hamas d’un mouvement de guérilla en une véritable armée jihadiste structurée. Dans un discours prononcé en novembre 2013, à l’occasion de l’anniversaire de l’opération « Pilier de défense », Saad déclarait déjà que le Hamas renforçait continuellement sa puissance militaire en préparation de la prochaine confrontation avec Israël.
Depuis le début de la guerre « Épées de fer », Israël avait tenté à plusieurs reprises de neutraliser Raad Saad, sans succès. En mars 2024, Tsahal avait même annoncé par erreur son arrestation lors d’une opération à l’hôpital Shifa, avant de reconnaître quelques jours plus tard qu’il s’agissait d’une information incorrecte. Ces derniers mois, les services de renseignement israéliens suivaient de près ses déplacements, mais les conditions opérationnelles ne permettaient pas une frappe sans risques collatéraux. Samedi, une identification jugée hautement fiable de sa présence à découvert a permis l’exécution de l’opération.
Selon des sources sécuritaires israéliennes, Israël prévoit d’expliquer aux autorités américaines, qui expriment régulièrement des réserves face à ce type d’actions ciblées, que cette élimination s’inscrit dans un contexte de violations répétées du cessez-le-feu par le Hamas, notamment par l’approche de suspects armés près des positions israéliennes et la pose d’engins explosifs.
Quelques heures avant la frappe, deux soldats réservistes avaient été blessés par l’explosion d’un engin près de Khan Younès. L’armée examine encore s’il s’agissait d’un dispositif récent ou ancien, mais un responsable israélien a confirmé qu’une opportunité opérationnelle rare s’était présentée pour neutraliser Saad et que la décision avait été prise immédiatement.
Dans sa réaction officielle, le Hamas a accusé Israël d’une « violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu », sans toutefois reconnaître la mort de Raad Saad. Cette absence de confirmation alimente, côté israélien, la conviction que l’élimination de l’un des cerveaux militaires du Hamas constitue un coup sévère porté à la capacité de l’organisation à se reconstruire et à planifier de nouvelles attaques contre l’État d’Israël.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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