La disparition de Miriem Feirberg-Ecker à l’âge de 74 ans a provoqué un choc profond dans tout le pays, bien au-delà des frontières de Netanya, la ville qu’elle a dirigée pendant plus de vingt-six ans. Figure marquante du paysage municipal israélien, l’une des femmes les plus influentes du pouvoir local, elle a été retrouvée sans vie à son domicile, après des années de lutte contre une grave maladie. Son décès marque la fin d’une ère politique et humaine, tant son empreinte sur Netanya est devenue indissociable de l’histoire contemporaine de la ville.
Les réactions officielles n’ont pas tardé à affluer, illustrant l’estime immense qu’elle inspirait. Le président de l’État, Itzhak Herzog, a exprimé une émotion visible en rendant hommage à celle qu’il a qualifiée de « femme exceptionnelle, plus grande que nature », saluant une dirigeante dont l’action publique se mesurait « en chaque pierre de la ville et dans le cœur de ses habitants ». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a lui aussi évoqué « une amie chère et une combattante » qui a consacré sa vie à la transformation urbaine et sociale de Netanya. Il a souligné que dans chacune de leurs rencontres, Feirberg-Ecker ne parlait que d’une seule chose : « avancer la ville ». Ces propos reflètent la personnalité déterminée et directe d’une maire qui a su se maintenir au pouvoir plus de deux décennies dans un environnement politique mouvant.
La carrière de Feirberg-Ecker témoigne d’un parcours exceptionnel. Originaire d’Acre, montée très jeune à Netanya, elle y a fait ses premiers pas dans le service social municipal avant de gravir patiemment les échelons administratifs. Elle dirigea pendant plusieurs années le département de l’aide sociale et de l’éducation, avant d’être élue pour la première fois à la tête de la municipalité en 1998, succédant à Tzvi Poleg. Depuis ce jour, elle fut réélue cinq fois consécutives, un exploit rarissime dans la politique locale israélienne, signe d’une confiance soutenue et d’un leadership presque incontesté.
Sous son administration, Netanya a connu une transformation spectaculaire. Feirberg-Ecker a supervisé la création de nouveaux quartiers tels que Kiryat Hasharon ou Ir Yamim, redessiné la façade littorale, multiplié les espaces publics et modernisé les infrastructures. Elle a promu une politique ambitieuse d’attraction des entreprises, stimulé l’économie locale et fait de la ville une destination recherchée pour des milliers de familles et d’investisseurs. Son empreinte se retrouve désormais dans chaque boulevard, chaque promenade et chaque place publique. Pour beaucoup, il existe bel et bien une « Netanya avant Miriem » et une « Netanya après Miriem ».
Les témoignages d’estime proviennent aussi des membres du gouvernement. Le ministre de la Défense Israel Katz a exprimé sa peine en saluant « une amie précieuse et une dirigeante courageuse », tandis que le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, ancien membre du Likoud, a évoqué « une maire visionnaire qui a élevé Netanya à des sommets jamais atteints ». Même au sein de l’opposition nationale comme municipale, les hommages ont été unanimes. Yair Lapid, chef de l’opposition, a souligné son rôle dans la promotion de la culture et du sport dans la ville, rappelant qu’elle avait su créer des partenariats durables, notamment au sein de projets éducatifs et sociaux.
Mais l’histoire de Feirberg-Ecker n’a pas été exempte de tensions. Au fil des années, elle s’est retrouvée impliquée dans plusieurs enquêtes policières liées à des affaires immobilières ou à l’usage présumé de ressources municipales. L’affaire la plus médiatisée remonte à 2016, à la suite d’un article du journal Haaretz qui soulevait des interrogations sur des projets immobiliers impliquant la famille Teshuva. Feirberg-Ecker avait été brièvement arrêtée et éloignée de la mairie durant treize jours, avant que l’enquête ne soit finalement classée faute de preuves. Un précédent dossier, ouvert en 1999 concernant un audit financé par la municipalité, avait lui aussi été abandonné pour insuffisance d’éléments. Ces épisodes, bien que marquants, n’ont jamais altéré sa popularité durable auprès des électeurs, témoignant d’un lien humain fort, forgé au fil des années entre la maire et les habitants.
Dans ses fonctions nationales, elle s’était imposée comme une figure respectée dans diverses instances publiques. Elle présida le Comité des villes côtières, participa aux conseils de la Jewish Agency et de multiples commissions gouvernementales. En 2010, elle fut même chargée par le gouvernement de diriger l’équipe municipale chargée du plan de reconstruction après la catastrophe du Carmel. Ce rôle, qu’elle avait assumé avec une rigueur remarquable, avait renforcé son image de dirigeante capable d’opérer dans des situations d’urgence.
Dans la dernière année de sa vie, alors que sa santé déclinait, la municipalité avait rendu hommage à son parcours en renommant le stade de Netanya en « Stade Miriem ». Ce geste symbolique avait été perçu comme une reconnaissance de son influence durable, un monument vivant dédié à celle qui avait façonné l’une des villes les plus dynamiques du pays.
Les réactions au sein du conseil municipal de Netanya reflètent un sentiment de vide institutionnel. Eli Dallal, ancien adjoint de Feirberg-Ecker et aujourd’hui député, a confié son immense tristesse, qualifiant la défunte de « meilleure maire que Netanya ait jamais eue ». L’opposition municipale, habituellement virulente à son égard, lui a rendu hommage en parlant d’« une femme noble, guidée par un sens élevé de la mission publique ». Un tel consensus est rare dans l’arène municipale, mais il illustre la dimension presque historique de son leadership.
Miriem Feirberg-Ecker laisse derrière elle un héritage complexe mais indéniablement puissant : celui d’une ville métamorphosée. Des quartiers entiers ont été bâtis ou rénovés sous sa direction, la façade maritime a été revitalisée, les espaces verts multipliés, et la gestion municipale professionnalisée à une échelle rarement observée ailleurs. Elle a été l’une des premières à comprendre l’importance de faire de Netanya une ville attractive pour les nouvelles technologies, le tourisme et les infrastructures sportives, anticipant dès les années 2000 des mutations urbaines qui se sont pleinement concrétisées vingt ans plus tard.
Son décès plonge la ville dans une période d’incertitude. Sa longévité politique avait créé une continuité dont l’absence se fera sentir immédiatement. Plusieurs noms circulent déjà comme possibles successeurs, mais tous s’accordent à reconnaître que personne ne pourra vraiment reproduire le modèle de gestion Feirberg-Ecker. La transition sera forcément délicate, d’autant que la ville doit poursuivre des projets majeurs en cours, notamment l’expansion de ses zones d’activité et la rénovation de son centre ancien.
La disparition de cette figure municipale rappelle aussi, à l’échelle nationale, le rôle central des maires dans la cohésion israélienne. Alors que le pays traverse des crises politiques et sécuritaires récurrentes, ce sont souvent les dirigeants locaux qui portent les projets concrets, soutiennent les familles, développent les infrastructures et assurent la continuité des services essentiels. Miriem Feirberg-Ecker appartenait à cette génération de maires qui ont façonné Israël depuis le terrain, dans un rapport quotidien avec les citoyens, en incarnant un pilier de stabilité dans un pays constamment secoué par les événements régionaux.
À Netanya comme ailleurs, son héritage restera visible dans chaque parc rénové, chaque promenade aménagée, chaque bâtiment public modernisé et dans la mémoire collective de centaines de milliers d’habitants. Son décès marque la fin d’un chapitre mais ouvre aussi une réflexion nécessaire sur la gouvernance locale, l’importance du leadership féminin en Israël et la responsabilité, parfois méconnue, que portent les maires dans la sécurité, l’économie et la cohésion sociale du pays.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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