À Khan Younès, ils ont tout donné : les histoires des sept soldats tombés

Khan Younès, 25 juin 2025 – Un drame d’une ampleur rare a frappé l’armée israélienne mardi dans la bande de Gaza. Sept soldats du bataillon 605 du génie de combat ont perdu la vie dans l’explosion d’un véhicule blindé de transport de troupes, visé par un engin piégé. À la douleur nationale s’ajoutent les récits poignants des familles, dévoilant des destins fauchés, des rêves brisés et un patriotisme assumé jusqu’au bout.

Parmi les victimes figurent le lieutenant Matan Shai Yashinovsky (21 ans, Kfar Yona), commandant de section apprécié pour sa discrétion et son engagement ; le sergent-chef Ronel Ben-Moshe (20 ans, Rehovot), surnommé affectueusement « l’enfant de la guerre » par ses proches ; le sergent-chef Alon Davidov (21 ans, Kiryat Yam), infirmier de combat, fils unique élevé par sa mère seule ; et le sergent Ronen Shapiro (19 ans, Mazkeret Batya), passionné d’astronomie, déterminé à servir dans une unité de première ligne.

« Pas question de ne pas retourner à Gaza »

Ronel Ben-Moshe, qui avait déjà passé près de deux années à Gaza, avait été temporairement retiré du front. Mais il a insisté pour y retourner. « Il a dit : ‘Pas question de ne pas revenir. On est à deux doigts de liquider le Hamas’ », raconte son cousin Dvir, encore bouleversé.

Élève modèle, Ben-Moshe était décrit comme un jeune homme souriant, brillant et aimé de tous. « C’était un meneur naturel, simple et joyeux. Il savait parler aux jeunes sans condescendance, comme un véritable ami », témoigne l’un de ses anciens élèves dans le mouvement de jeunesse Ezra.

Un rêve de service significatif

Le sergent Ronen Shapiro avait un rêve : servir dans une unité combattante. Il s’y était préparé pendant des années, multipliant les entraînements de préparation physique au lycée. « Il ne disait rien à maman sur les dangers, il voulait la protéger. C’était un garçon discret, mais toujours avec un sourire et une lumière dans les yeux », confie son frère.

Shapiro portait en permanence une chaîne contenant un fragment de météorite – symbole de sa passion pour l’astronomie. Il laisse derrière lui ses parents, Ilya et Marina, ainsi que trois frères et sœurs.

L’officier exemplaire

Matan Yashinovsky, diplômé de l’école militaire de leadership, était décrit par sa famille comme un jeune homme modeste et totalement dévoué à ses soldats. « Il ne se plaignait jamais, il rassurait tout le monde, même en pleine guerre », affirme son oncle. Matan avait exprimé le désir de poursuivre une carrière militaire. Il est tombé en accomplissant son devoir.

L’enfant unique devenu héros

Pour Alon Davidov, le choix de s’engager dans le combat relevait d’une conviction profonde. Initialement affecté à une fonction de soutien, il a tout fait pour devenir combattant, allant jusqu’à suivre une formation d’infirmier de terrain. Sa mère, Katerina, s’est opposée au départ, le suppliant de rester dans un rôle non combattant. « Mais il m’a dit : ‘Tous mes amis sont là-bas. C’est là que je dois être’ », se souvient-elle, la voix brisée.

Alon, rayonnant et affectueux, était la fierté de sa famille. « Il était la lumière de la maison », dit sa mère.

Trois autres noms, mêmes élans

Les trois autres soldats tombés sont :

• Le sergent-chef Niv Radia (20 ans, Elyakhin), dont la famille a été endeuillée par un autre proche lors de l’attaque du 7 octobre 2023.
• Le sergent Shahar Manoav (21 ans, Ashkelon), décrit par ses proches comme « un jeune homme à l’humour ravageur et à la curiosité vive ».
• Le sergent Maayan Baruch Perelstein (20 ans, Moshav Amikam), passionné de musique, dont la guitare ne le quittait jamais, même au front.

Un incident grave et des interrogations

Selon les premiers éléments de l’enquête, un explosif aurait été fixé au blindé « Puma » utilisé par les soldats. Ce modèle, basé sur un vieux châssis de char, ne bénéficie pas des dernières avancées en matière de blindage. L’explosion a été suivie d’un incendie important, compliquant les efforts de sauvetage. Un huitième soldat a été grièvement blessé et reste hospitalisé dans un état critique.

Cette tragédie relance le débat au sein de l’armée sur les équipements et la protection des troupes engagées dans les zones urbaines denses.

Une nation en deuil

À travers le pays, les cérémonies d’adieu s’enchaînent. À Kiryat Yam, Ashkelon, Rehovot, et Mazkeret Batya, des milliers d’Israéliens se pressent pour rendre hommage à ces jeunes hommes qui ont sacrifié leur vie dans une guerre que le gouvernement affirme « juste et décisive ».

L’armée israélienne a ouvert une enquête interne pour tirer toutes les leçons de l’incident. En attendant, les familles endeuillées, soutenues par l’ensemble du pays, n’ont qu’un seul souhait : que le sacrifice de leurs fils serve à construire un avenir plus sûr pour les générations à venir.

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