Angleterre : “Appelez la ligne d’urgence si vous voyez un sioniste” — la haine antijuive s’affiche avant le match Aston Villa – Maccabi Tel-Aviv

L’Angleterre s’enfonce un peu plus dans la banalisation de la haine antijuive. À Birmingham, plusieurs heures avant la rencontre de conférence league opposant Aston Villa au Maccabi Tel-Aviv, des habitants ont découvert dans les rues de grands panneaux portants la mention glaçante : “Call the hotline if you see a Zionist” — “Appelez la ligne d’urgence si vous voyez un sioniste”. Une incitation explicite à la délation, signée d’anonymes pro-palestiniens.

Les photographies, diffusées dès l’aube sur les réseaux sociaux, montrent des affiches collées aux abords du stade Villa Park, sur les abribus et les lampadaires du quartier d’Aston. Drapeaux palestiniens, slogans haineux et détournements d’affiches sportives ont transformé l’événement sportif en tribune politique. La police britannique, informée de la campagne, a immédiatement mobilisé près de 700 agents pour sécuriser la zone et prévenir tout affrontement.

Le journal The Times de Londres a confirmé que ces messages avaient été relayés par des groupes islamistes locaux connus pour leur hostilité envers Israël. “Ce n’est pas seulement un acte de vandalisme, c’est une incitation à la peur : le mot Zionist est ici utilisé comme synonyme de Juif”, déplore un responsable communautaire juif de Birmingham.

L’affaire éclate dans un climat déjà lourd : depuis les massacres du 7 octobre 2023, les actes antisémites au Royaume-Uni ont connu une explosion sans précédent. Le Community Security Trust (CST), organisme chargé de la protection des institutions juives, a recensé plus de 5 000 incidents antisémites en 2024, un record historique. Graffitis, agressions, profanations de synagogues : l’antisionisme militant a glissé, sans détour, vers l’antisémitisme le plus brut.

“Le message de ces affiches est clair : il ne s’agit plus de politique, mais de haine des Juifs”, déclare Jonathan Arkush, ancien président du Board of Deputies of British Jews. “Le sport, censé rassembler, devient une scène d’intimidation. Quand un simple match de football nécessite une escorte policière contre la haine, c’est que la société a un problème grave.”

Les organisateurs de la rencontre ont tenté de calmer les esprits. Le Maccabi Tel-Aviv, redoutant des provocations, a choisi de ne pas vendre de billets à ses supporters israéliens pour le déplacement en Angleterre. “Nos joueurs porteront nos couleurs, mais nous ne voulons prendre aucun risque inutile pour nos fans”, a déclaré le club dans un communiqué.

Du côté britannique, les autorités sportives assurent que des mesures strictes ont été prises. L’UEFA a demandé au club d’Aston Villa de faire retirer immédiatement toute bannière politique du stade et de ses abords. Mais sur les réseaux sociaux, les appels au boycott et les hashtags haineux — #BoycottZionists, #FreePalestineFromSeaToSea — continuent de circuler librement.

L’éditorialiste Ian Whittell, correspondant sportif du Times, a souligné que ces incidents ne sont plus isolés : “Depuis un an, les drapeaux palestiniens apparaissent dans tous les stades anglais. Ce qui choquait autrefois est désormais toléré, parfois même encouragé au nom de la liberté d’expression.”

Cette tolérance interroge : le Royaume-Uni, patrie historique de la démocratie parlementaire, semble incapable de fixer une ligne rouge claire entre critique politique et incitation à la haine. Plusieurs députés britanniques juifs ont récemment témoigné de menaces de mort reçues après avoir exprimé leur soutien à Israël. Même Keir Starmer, Premier ministre travailliste, a dû rappeler publiquement que “le mot sioniste n’est pas une insulte, mais la désignation d’une identité légitime”.

L’ambassade d’Israël à Londres a réagi avec fermeté : “Ces slogans révèlent un antisémitisme profondément enraciné. Appeler à signaler des sionistes, c’est raviver les pires réflexes des années 1930.” Le communiqué remercie toutefois la police britannique pour sa “réactivité exemplaire” et appelle les autorités à poursuivre les auteurs de cette campagne.

Les services de sécurité de Birmingham enquêtent actuellement sur les imprimeurs et associations impliquées. Selon la presse locale, plusieurs groupuscules proches de l’organisation “Palestine Action” pourraient être à l’origine de l’opération. Ces activistes, déjà connus pour avoir vandalisé des entreprises soupçonnées de collaborer avec Israël, revendiquent ouvertement une “stratégie de harcèlement moral”.

Le climat dans les universités britanniques contribue aussi à cette dérive. Dans plusieurs campus, des étudiants juifs rapportent avoir été exclus de groupes politiques ou insultés en public. “L’antisionisme est devenu une identité de gauche radicale, et s’y opposer, c’est être traité de raciste”, raconte Miriam Goldstein, étudiante à Manchester.

Au-delà du scandale, cet épisode rappelle combien le combat pour la sécurité des Juifs d’Europe reste d’actualité. Les slogans d’Aston Villa ne sont pas une simple provocation : ils traduisent la fusion dangereuse entre islamisme politique et antisémitisme d’importation. Ce mélange, longtemps minoritaire, trouve désormais un écho jusque dans les grandes métropoles européennes.

En Israël, l’incident est suivi de près. Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a dénoncé “l’aveuglement moral d’une Europe qui tolère la haine contre les Juifs tant qu’elle se drape dans les couleurs palestiniennes”. Pour lui, “chaque affiche, chaque slogan de ce type renforce la conviction qu’Israël doit rester l’abri indestructible du peuple juif”.

À Birmingham, la rencontre s’est finalement tenue sans incident majeur. Aston Villa l’a emporté sur le terrain, mais la victoire sportive a été éclipsée par l’amertume politique. Dans les gradins, de nombreux spectateurs britanniques ont exprimé leur malaise. “Ce n’est pas notre Angleterre”, a déclaré un supporter de longue date. “On ne dénonce pas quelqu’un parce qu’il est sioniste. On l’applaudit s’il joue bien.”

Entre liberté d’expression et complaisance idéologique, l’Europe semble hésiter. Pourtant, une vérité s’impose : lorsqu’un pays démocratique laisse placarder l’appel à la haine, ce ne sont pas les sionistes qu’il menace, mais sa propre décence.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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