Analyse stratégique – d’après les réflexions de Dr. Raz Zimmt (INSS)
Après douze jours d’une campagne militaire intense, Israël se retrouve à un carrefour stratégique. Le Dr. Raz Zimmt, expert de l’Institut d’études sur la sécurité nationale (INSS), dresse une évaluation détaillée des succès, des risques et des choix futurs qui attendent Jérusalem face à Téhéran.
Des succès significatifs, mais non décisifs
Israël peut tirer une certaine satisfaction de l’opération : les installations d’enrichissement de Natanz et Fordow ont été gravement endommagées, des scientifiques nucléaires ont été éliminés, et un cessez-le-feu a été obtenu avec le soutien explicite des États-Unis. Bien que l’Iran conserve de l’uranium enrichi à 60 %, sa capacité à accéder à une arme nucléaire à court terme a été considérablement réduite.
La participation directe des États-Unis, via des frappes ciblées, marque un précédent important dans la stratégie dissuasive de Washington.
L’Iran répond par la narration et la continuité
Malgré les pertes, le régime iranien cherche à transformer cet affrontement en victoire médiatique, mettant en avant les pertes israéliennes et la résilience nationale. Selon Zimmt, le régime souhaite préserver trois piliers : sa survie, la poursuite du programme nucléaire, et la protection de ses infrastructures stratégiques (missiles, renseignement, commandement).
Cette posture pourrait même renforcer à Téhéran la volonté d’atteindre discrètement une capacité nucléaire comme « assurance-vie » du régime.
Accord ou dissuasion ? Le dilemme d’Israël
Israël fait maintenant face à deux options majeures :
- Œuvrer à un nouvel accord nucléaire avec des mécanismes de vérification renforcés.
- Maintenir une politique d’endiguement armé et de surveillance permanente (le « modèle libanais »).
Zimmt souligne que la confiance dans le soutien américain à long terme n’est pas garantie. En l’absence d’accord, Israël devra s’appuyer presque uniquement sur ses services de renseignement et son autonomie militaire, une approche coûteuse et risquée.
Changement de régime : la véritable solution ?
Pour Zimmt, tant que la République islamique reste en place, la menace demeure. Le renversement du régime serait une solution durable, bénéfique pour Israël, la région, et le peuple iranien lui-même. Israël et l’Occident doivent donc capitaliser sur l’instant pour soutenir la dissidence iranienne, promouvoir la liberté d’information, et se préparer au jour où une mobilisation populaire exigera une aide concrète.
Conclusion
Le cessez-le-feu du 24 juin n’est qu’un arrêt momentané dans une guerre d’usure. Israël devra continuer à combiner efforts militaires, diplomatiques, économiques et secrets pour :
- empêcher toute reprise du programme nucléaire
- démanteler l’axe pro-iranien dans la région
- contenir le développement des missiles
Même si l’opération a marqué une avancée impressionnante, Zimmt prévient : la vraie bataille est encore devant nous. Tant que le régime iranien reste en place, la vigilance reste de mise.
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