Un rapport interne du gouvernement français a critiqué « l’inefficacité et le manque de volonté » des efforts officiels pour rendre les œuvres d’art volées aux Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Le rapport, vu par l’AFP, a été commandité par le dernier ministre de la culture du pays et critique les « 40 ans d’inaction » sur des milliers d’œuvres d’art confisquées aux juifs sous l’occupation nazie ou forcées à être vendues pour moins que leur valeur réelle .
« L’État et les musées nationaux en particulier paient pour 40 ans d’inaction », a déclaré son auteur David Zivie, haut fonctionnaire et expert du patrimoine.
La France a redoublé d’efforts ces dernières années pour restituer les oeuvres volées à leurs propriétaires légitimes, en utilisant des experts généalogiques pour retracer les familles.
Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile :
Mais le rapport a déclaré que même cela était « insuffisant en raison du manque de coordination, de gestion et de visibilité ».
Zivie a exhorté le gouvernement à mettre en place un service spécial dédié au retour des oeuvres, avec quelque 2.108 objets qui appartenaient à des Juifs encore dans les collections nationales.
Il a suggéré qu’en tant que «geste symbolique», les œuvres d’art dont la propriété ne peut être établie, même après des recherches intensives, devraient être transférées administrativement au Musée d’histoire juive de Paris.
Zivie a indiqué que les progrès dans l’identification des familles des propriétaires initiaux avaient été si lents que seulement 35 tableaux avaient été retournés depuis le dernier rapport important sur la question il y a 17 ans.
On pense que jusqu’à 100 000 œuvres d’art et des millions de livres ont été volés à des juifs français ou à des juifs qui avaient fui en France avant l’occupation allemande.
Les Alliés ont trouvé environ 60 000 œuvres d’art disparues après la guerre en Allemagne et les ont renvoyés en France.
Les deux tiers ont été retournés à leurs propriétaires d’origine en 1950, selon le rapport .
Une partie du reste a finalement été vendue par l’État, à l’exception de plus de 2 000 pièces qui ont été conservées dans les musées français en raison de leur qualité artistique.
Une commission d’experts, d’historiens et d’archivistes a été créée en 2013 pour résoudre le problème, mais les progrès ont été lents.
En février, la France a rendu trois toiles du maître flamand Joachim Patinir aux descendants de la famille Bromberg, qui ont été forcés de les vendre en fuyant les nazis.
Deux ans plus tôt, il remit à la famille «Portrait of a Man» une autre peinture du XVIe siècle de l’un des disciples de l’artiste anversois Joos van Cleve.
Le rapport indique qu’un nouveau système de traitement de l’art juif pillé pourrait servir de modèle aux musées français pour traiter de la restitution de l’art tiré de son ancien empire dans des circonstances controversées.
Le président français Emmanuel Macron a demandé à l’historienne d’art française Benedicte Savoy et à l’écrivain et économiste sénégalais Felwine Sarr d’examiner l’histoire de l’art africain dans les musées français. Ils doivent rendre un rapport en novembre.
Le rapport de Zivie a été commandé par l’ancien ministre français de la Culture Audrey Azoulay, qui dirige maintenant l’UNESCO.
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