La chute du régime d’Assad a laissé la Syrie dans un état de chaos et d’incertitude. Alors que le transfert du pouvoir a débuté, le pays reste sans institutions établies et peine à définir son avenir. Les options vont de l’instauration d’un État basé sur la charia, soutenu par les factions islamistes, à une fédération décentralisée où chaque région pourrait appliquer ses propres lois.
Al-Joulani : de l’ombre au pouvoir
Ahmad Hussein al-Sharaa, mieux connu sous le nom d’Abou Mohammad al-Joulani, est aujourd’hui l’homme fort de la Syrie. Ancien membre d’Al-Qaïda et fondateur du groupe Jabhat al-Nosra (Front al-Nosra), il s’est imposé en tant que chef de la coalition islamiste Hay’at Tahrir al-Sham (HTS). Sa trajectoire est celle d’un combattant endurci, passé de la lutte contre l’occupation américaine en Irak à une figure dominante de la rébellion syrienne.
Né en 1982 à Riyad, en Arabie saoudite, al-Joulani est issu d’une famille originaire du plateau du Golan. Après des études avortées à Damas, il rejoint les rangs des moudjahidines en Irak en 2003. Capturé par les forces américaines, il passe plusieurs années en détention avant de devenir un pilier des groupes jihadistes en Syrie, notamment en tant que fondateur de Jabhat al-Nosra.
Le chaos post-Assad
Depuis la chute d’Assad, les grandes villes syriennes, notamment Damas, sont plongées dans un chaos violent. Des enfants armés déambulent dans les rues, des exécutions sommaires sont signalées, et des tensions religieuses, notamment contre les chrétiens, s’intensifient.
Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile :
Une réunion récente à Damas entre des représentants de l’ancien régime, de l’opposition et du gouvernement de transition symbolise ces efforts précaires pour un transfert pacifique du pouvoir. Muhammad al-Bashir, désigné Premier ministre intérimaire, a affirmé qu’il dirigerait le pays jusqu’à mars 2025, une nomination qui reflète la montée en puissance d’al-Joulani.
Un avenir incertain pour les minorités et les Kurdes
La situation des minorités, notamment les Kurdes et les Alaouites, reste préoccupante. Les Kurdes, qui contrôlent une zone autonome dans le nord-est de la Syrie, font face à une offensive conjointe des forces turques et des factions jihadistes alliées à HTS. Cette région, modèle de gouvernance démocratique et décentralisée, est aujourd’hui menacée de disparition.
Les Kurdes s’inquiètent également du changement d’administration à Washington. Sous Donald Trump, les États-Unis avaient initialement retiré leurs forces, ce qui avait permis des offensives turques contre les Kurdes. Toute évolution similaire sous son mandat pourrait mettre en péril leur autonomie.
Une dictature islamiste ou un nouvel ordre ?
Al-Joulani, bien qu’il ait cherché à modérer son image, reste ancré dans l’idéologie islamiste. Ses promesses récentes de protéger les droits des femmes et des minorités rappellent les engagements non tenus des Talibans en Afghanistan.
La question fondamentale est de savoir si la Syrie sera dominée par un régime basé sur la charia ou si elle parviendra à établir un modèle inclusif qui reflète sa diversité ethnique et religieuse. Les ambitions d’al-Joulani pourraient être tempérées par les attentes de ses alliés et la réalité d’un pays ravagé par des décennies de guerre.
Conclusion : un avenir fragile
La transformation de la Syrie dépendra de nombreux facteurs : les ambitions des factions rebelles, la résistance des Kurdes, et l’attitude de la communauté internationale, en particulier les États-Unis et la Turquie. Alors qu’al-Joulani consolide son pouvoir, les Syriens, épuisés par le conflit, espèrent un avenir qui pourrait encore basculer entre tyrannie et réconciliation.
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