Une demande turque inédite reflétant un changement régional

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé à Israël de fournir des mises à jour préalables sur les frappes israéliennes en Syrie. Cette requête marque un tournant dans les dynamiques de pouvoir régionales.
Selon le Dr. Hay Eytan Cohen Yanarocak, chercheur au Centre Dayan de l’Université de Tel-Aviv, cette démarche reflète une tentative turque d’imiter le modèle russe :

« La Turquie adopte une stratégie similaire à celle de la Russie, qui, depuis 2016, a établi un canal de communication direct avec Israël dans la région. »

La Turquie remplace la Russie en Syrie

Ce changement symbolise une évolution majeure dans la hiérarchie régionale :

  • Affaiblissement de la Russie : La Turquie s’impose comme l’acteur dominant en Syrie.
  • Déclin de la souveraineté syrienne : Selon Yanarocak, la Syrie est désormais perçue comme un « État satellite » ou une « province ottomane » sous contrôle turc.
  • Rôle d’al-Joulani : Le chef de Hayat Tahrir al-Sham est présenté comme le « nouveau gouverneur ottoman de la Syrie ».

Israël et la demande turque : un intérêt stratégique

Concernant les relations Israël-Turquie, Yanarocak recommande de répondre positivement à la demande turque :

« Il est dans l’intérêt d’Israël de dialoguer avec les Turcs, d’expliquer nos positions, et d’éviter tout incident indésirable. »

Bien que la Turquie se concentre actuellement sur le nord de la Syrie, établir une communication dès maintenant pourrait prévenir des frictions futures.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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Expansion militaire turque et tensions avec les Kurdes

La demande turque illustre également une expansion militaire en Syrie :

  • Présence accrue : Contrairement au passé, des troupes turques sont désormais déployées dans la région, ce qui justifie leur demande de coordination pour éviter des pertes.
  • Question kurde : La Turquie reste déterminée à éloigner les forces kurdes d’au moins 30 km de sa frontière. Cependant, la présence américaine, qui offre une protection relative aux Kurdes, complique la situation.

Le Dr. Yanarocak met en garde :

« La protection américaine pourrait être temporaire, laissant les Kurdes vulnérables. »

Un défi pour Israël

Pour Israël, la question kurde est délicate. Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a réaffirmé l’importance des Kurdes en tant qu’alliés stratégiques. Cependant, les dynamiques actuelles jouent en faveur de la Turquie, pas des Kurdes.

« Toutes les dynamiques régionales favorisent la Turquie, laissant les Kurdes dans une position de faiblesse, » conclut Yanarocak.

Illustration : Frappes turques en Syrie (source : réseaux sociaux).