Les trois premiers otages rentreront en Israël, dimanche, et ont été transférés dans l’aile des otages à l’hôpital. Là, ils ont retrouvés leurs familles et entameront un long processus d’évaluations médicales, de convalescence et de réadaptation , accompagné de près par un soutien psychologique.
« Le traumatisme laisse des cicatrices profondes »
Le Dr Einat Yehene, neuropsychologue clinicienne et psychologue en réadaptation qui dirige l’équipe de réadaptation au siège des familles d’otages, a soutenu de nombreuses familles au cours de l’année écoulée.
« Ces otages sont issus d’une réalité de violence extrême, de peur constante et de conditions désastreuses : exposition à des scènes de violence, privation nutritionnelle, privation de sommeil et menaces », a expliqué Yehene.
« Ces circonstances laissent des traces importantes sur l’esprit et le cerveau. Ces expériences, combinées à la perte de contrôle et d’identité, entraînent des symptômes graves tels que la paralysie psychomotrice, la désorientation dans le temps et l’espace et des effets physiologiques graves. Les otages sont susceptibles d’être confrontés à des problèmes neurologiques et cognitifs, notamment des troubles de la mémoire et une incapacité à relier leurs expériences de captivité à leur nouvelle réalité. Le processus de réadaptation sera long et complexe, s’étendant bien au-delà des premiers jours suivant la libération. Il nécessitera un traitement complet et systémique, comprenant une réadaptation motrice et cognitive ainsi qu’un soutien émotionnel prolongé. »
Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile :
Les premiers jours critiques : créer un sentiment de sécurité
« Les premiers jours sont cruciaux », souligne Yehene. « L’accent est mis sur la création d’un environnement sûr et neutre qui évite l’exposition à des éléments déclencheurs qui pourraient les traumatiser à nouveau. Un accompagnement doux et sensible est essentiel, sans les submerger de questions ou d’exigences.
« Notre rôle est de redonner aux otages le sentiment de contrôle. Même les gestes quotidiens, comme leur offrir de la nourriture, doivent être faits avec respect et en tenant compte de leur choix. La communication doit être simple et sans stress, axée sur leurs besoins les plus fondamentaux : sécurité, nourriture et contact humain chaleureux. C’est un processus d’équilibrage émotionnel, presque comme une « renaissance » après une expérience traumatisante. »
Réadaptation à long terme : une approche personnalisée
Au-delà de la stabilisation initiale, les otages auront besoin d’une rééducation plus poussée pour faire face aux difficultés cognitives et émotionnelles. « Certains auront besoin d’une orthophonie pour retrouver leurs capacités de communication après des mois de silence », a déclaré Yehene. « Le traitement comprendra également la reconstruction des compétences de base, le développement de stratégies organisationnelles et l’adaptation à leur nouvelle routine quotidienne. Chaque otage bénéficiera d’un plan de traitement personnalisé, comprenant un soutien familial à long terme. Il est essentiel de considérer les otages et leurs familles comme un système dans son ensemble qui a besoin d’un soutien complet et continu. »
Soutenir les familles
« Au début, l’euphorie est intense, mais elle s’accompagne de peur et d’anxiété », a noté Yehene. « Les familles ne savent pas comment faire face aux besoins complexes de leurs proches : cauchemars, moments d’aliénation ou comportements inattendus. »
« De plus, les familles elles-mêmes ont subi un traumatisme prolongé pendant la période de captivité et ont besoin d’un soutien psychologique autant que les otages. Il faut les guider sur la manière de soutenir leurs proches sans ajouter de pression et les aider à surmonter les défis émotionnels et physiques à venir. »
Un environnement propice à la guérison
À leur arrivée à l’hôpital, les otages seront placés dans une unité spécialisée conçue pour leur procurer calme et sécurité. Des chambres privées, semblables à des suites d’hôtel, comprennent des lits supplémentaires pour les membres de la famille qui resteront avec eux dès le début pour leur apporter un soutien émotionnel vital. En plus d’examens médicaux approfondis, les otages subiront des évaluations psychologiques initiales pour identifier les besoins urgents et à long terme.
Les premières étapes de la prise en charge émotionnelle se concentreront sur l’écoute, la reprise progressive du contrôle de leur vie et la fourniture des informations demandées à un rythme raisonnable. De petits choix, comme décider entre de l’eau ou du coca ou prendre une douche maintenant ou plus tard, les aideront à retrouver un sentiment d’autonomie.
Au début, les otages doivent faire face à une surcharge sensorielle : lumières vives, toucher, bruits forts ou personnes parlant arabe. Les thérapeutes sont formés à demander : « Est-ce que je peux te toucher ? » ou « Est-ce que je peux m’asseoir à côté de toi ? » La sensibilité est essentielle pour s’assurer qu’aucun sens ou émotion ne soit submergé. Ce n’est qu’une fois que leur corps commence à récupérer que le traitement psychologique de l’expérience traumatisante peut commencer.
Traiter un traumatisme : faire face à des émotions complexes
La thérapie à long terme se concentrera sur le traitement du traumatisme de la captivité et sur la gestion des sentiments de culpabilité, de peur et de colère. Des thérapeutes expérimentés utiliseront des techniques telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la désensibilisation et le retraitement par les mouvements oculaires (EMDR) pour traiter soigneusement les souvenirs traumatiques. L’art-thérapie et la thérapie par le mouvement seront également intégrées pour faciliter une expression émotionnelle supplémentaire.
La réinsertion dans la vie quotidienne est un défi de taille. Les otages devront faire face aux changements survenus en leur absence et pourront avoir du mal à renouer avec leur communauté ou leur famille en raison du décalage horaire et de la réalité. La thérapie leur fournira des outils pour reconstruire leur estime de soi et leur permettre de revenir à une routine saine et équilibrée.
Une mission nationale
Le Dr Yehene a souligné que le traumatisme de la captivité génère des émotions complexes, notamment une ambivalence envers les ravisseurs. Les thérapeutes aident les otages à gérer ces sentiments et à comprendre qu’ils font partie intégrante du traumatisme. La prise en compte de la culpabilité et de la perte du survivant est également au cœur du traitement.
En plus de l’accompagnement émotionnel, les thérapeutes agissent comme médiateurs auprès des autorités, aidant les otages à faire valoir leurs droits auprès d’organismes tels que la sécurité sociale et les caisses de santé. Le processus thérapeutique évolue au fil du temps, s’adaptant aux besoins changeants des otages et de leurs familles, leur fournissant les outils nécessaires pour reconstruire une vie active et pleine de sens.
« Il s’agit d’une mission nationale », conclut Yehene, « de réhabiliter non seulement les otages mais tout leur entourage. »
Le défi de la réinsertion
Le retour à la vie normale pose des défis considérables aux otages. Ils devront faire face à une nouvelle réalité façonnée par les changements survenus pendant leur captivité, tant au sein de leur famille que de leur communauté. L’impact psychologique de la captivité crée une déconnexion avec le présent, ce qui oblige nombre d’entre eux à lutter pour concilier leur traumatisme passé avec leur situation actuelle.
Le Dr Yehene a expliqué : « Les otages sont susceptibles d’éprouver des difficultés à se réintégrer dans leur famille et leur communauté en raison des écarts de temps, de perception et de réalité. Pour certains, le défi peut être aggravé par un sentiment d’aliénation ou de non-appartenance à la vie qu’ils ont laissée derrière eux. Notre objectif en tant que thérapeutes est de leur fournir les outils nécessaires pour reconstruire leur identité, leur estime de soi et leur sens du devoir. »
Le processus thérapeutique consiste à aider les otages à s’adapter à ces changements et à leur fournir des stratégies pour affronter la vie quotidienne. Il s’agit notamment de retrouver confiance en eux-mêmes et en autrui, de gérer les déclencheurs émotionnels et de trouver des moyens de renouer avec leurs proches. Ces outils sont essentiels pour favoriser un sentiment de stabilité et d’appartenance.
Une approche sur mesure pour chaque individu
Le Dr Yehene a souligné qu’il n’existe pas de solution unique pour traiter les otages. « Chaque personne a ses propres expériences, ses propres défis et ses propres besoins. C’est pourquoi nous créons des plans de traitement personnalisés qui répondent à leurs besoins psychologiques et émotionnels spécifiques », a-t-elle déclaré.
Ces plans intègrent souvent plusieurs modalités thérapeutiques, notamment la réadaptation cognitive pour les personnes souffrant de troubles de la mémoire ou de la concentration, ainsi que des thérapies expressives comme l’art ou la musicothérapie pour faciliter la libération émotionnelle. L’approche holistique garantit que tous les aspects du bien-être des otages – physique, émotionnel et social – sont pris en compte.
Le rôle de la famille dans la guérison
Les membres de la famille jouent un rôle essentiel dans le processus de rétablissement, mais ils ont eux aussi besoin d’être guidés et soutenus. « Les familles jouent un rôle crucial dans la réhabilitation des otages, mais elles se sentent souvent mal préparées à gérer la complexité de la situation », explique le Dr Yehene.
Les thérapeutes travaillent en étroite collaboration avec les familles pour les aider à comprendre les besoins des otages et à leur apporter le soutien approprié. Ils leur apprennent notamment à aborder des sujets sensibles, à gérer les crises émotionnelles et à créer un environnement de compréhension et de compassion. Dans le même temps, les membres de la famille sont encouragés à rechercher eux-mêmes des soins psychologiques pour faire face au traumatisme qu’ils ont subi pendant la période de captivité.
Aborder la réinsertion sociale
Au-delà du cercle familial et amical immédiat, la réinsertion sociale est un autre aspect essentiel du rétablissement. Les otages peuvent rencontrer des difficultés pour retourner à leur vie professionnelle, rétablir des liens sociaux ou participer à des activités communautaires. Le fossé entre leurs expériences et le monde extérieur peut créer des sentiments d’isolement et d’incompréhension.
Pour y remédier, les thérapeutes et les travailleurs sociaux collaborent avec les employeurs, les éducateurs et les dirigeants communautaires pour faciliter une transition en douceur. Des campagnes de sensibilisation du public peuvent également être lancées pour informer la société sur les expériences des otages, favorisant ainsi un environnement plus solidaire et empathique.
Une voie à suivre : espoir et résilience
Le Dr Yehene a souligné que si le chemin vers la guérison est long et complexe, il s’agit aussi d’un voyage d’espoir et de résilience. « Le traumatisme de la captivité est profond, mais avec les soins et le soutien appropriés, les otages peuvent reconstruire leur vie et trouver un sens à l’avenir », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné l’importance d’un soutien psychologique et social continu, non seulement pour les otages mais pour toutes les personnes touchées par leur expérience. « Il s’agit de la guérison de notre nation », a-t-elle conclu. « En investissant dans leur rétablissement, nous réaffirmons également notre engagement envers leur humanité et notre avenir commun. »
Le processus de guérison ne fait que commencer. Grâce à des soins complets, une attention personnalisée et une solidarité nationale, il existe un espoir pour un avenir où ces personnes pourront reprendre le contrôle de leur vie et s’épanouir à nouveau.
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