Un état pour les Juifs pourrait-il être transposé ailleurs qu’en Israël ? (suite)
Pour en venir au récent passé, contrairement à une légende bien ancrée dans l’opinion et outre le fait que Napoléon Bonaparte aurait déjà envisagé la création d’un Etat juif sur notre Terres ancestrale (voir document en lien ci-après en fin d’article[1]), le « Sionisme » n’a pas débuté avec Théodor Herzl. Comme le souligne le Dr Azriël Merzbach (« Le Retour – Du messianisme de Sabataï Tsevi à l’Etat d’Israël » – Ed. Eliner, OSM, Département de l’Education et de la Culture – Jérusalem 1993) : « Le sionisme en effet a eu deux sources, un père et une mère en quelque sorte. Le père, si l’on peut dire (Beaucoup de rabbins de cette époque pourraient revendiquer également ce titre, mais il nous paraît que le Rav Kalicher, le premier, a été actif), était le Rav Kalicher (1795-1874) dont le livre “Derichath Tsione” (1862) développe vigoureusement l’idée de la nécessité de créer des colonies agricoles en Terre Sainte, de développer le pays et d’envisager ensuite la reconstruction du Temple. Son argumentation se fonde sur les textes de la tradition orthodoxe la plus authentique. Son influence a été considérable. Elle est à la base du mouvement des “Hovèvé Tsione”. Son influence personnelle auprès de Charles Netter en particulier, a suscité le voyage de ce dernier en Israël en 1868 et la création de Mikvé-Israël en 1870. L’idée de la colonisation agricole était dans l’air depuis longtemps. Mosès Montéfiore l’avait déjà ébauchée lors de son quatrième voyage en 1854. Rav Josué Chtemper, élève du Rav Hildesheimer de Berlin, était monté en 1870 et a contribué à la création de Pétah’-Tikva en 1879. La première “Aliyah”, aliyah agricole, date de 1881. Le “BILOU” a fondé Guédéra en 1884. Zikhron Ya’acov date de 1882 (Aliyah roumaine). Les colonies du Baron de Rothchild sont un peu plus tardives (1898) mais Richon-Lètsion date de 1882. Tout cela est antérieur à Théodor Herzl (1860-1904). C’est que Herzl est la deuxième source du sionisme, sa mère en quelque sorte. Ce qu’a créé Herzl est sans doute sans précédent dans l’Histoire juive. Il a fondé un mouvement politique laïque dont l’action devait permettre de trouver une terre où les Juifs seraient chez eux. (NDLR : Cela permet aussi de deviner l’importance – même pour les Juifs “laïcs” – d’un Etat “juif” et non d’un Etat où les Juifs pourraient être en minorité et/ou en majorité mais sous domination d’un pouvoir exogène !) Aucune idéologie spirituelle ou mystique. Herzl, simplement, s’est rendu compte, après la dégradation du Capitaine Dreyfus en 1895, que l’antisémitisme ne disparaîtrait jamais et que les Juifs seraient toujours en proie, même dans un pays comme la France, à la persécution. Une seule solution : leur donner un pays où ils vivraient entre eux, chacun selon son idéologie propre, dans un cadre démocratique. Comment réaliser ce plan ? Par une organisation à caractère politique. Le premier Congrès sioniste s’est réuni à Bâle en 1897. En 1899, il a créé l’Anglo-Palestine Bank. Au Congrès de 1903 (6ème Congrès) Herzl a donné connaissance de la proposition anglaise d’attribuer aux Juifs le territoire de l’Ouganda pour y créer un Etat. Herzl était d’avis qu’il fallait accepter cette proposition. Mais, devant les attaques furieuses (NDLR : il s’est fait huer !) de la majorité des membres du Congrès qui voyaient le sionisme avec les yeux de son “père”, dans la tout ce qui s’est passé par la suite étaient alors posées. L’Etat d’Israël s’est construit dans une ambiguïté causée par les différences entre les thèses du “père” et de la “mère”. Depuis ce Congrès de 1903, les « tout ce qui s’est passé par la suite » étaient alors posés. L’Etat d’Israël s’est construit dans une ambiguïté causée par les différences entre les thèses du “père” et de la “mère”. Depuis ce Congrès de 1903, les religieux ont toujours fait partie de la coalition gouvernementale (sauf exception) et il ne saurait en être autrement : Sans les religieux, les laïcs iraient en Ouganda et videraient l’état de sa spécificité ; sans les laïcs, les religieux retomberaient dans le rêve messianique et dans l’activisme spirituel. Le père et la mère du sionisme ont été entièrement dans la ligne du 19ème et du 20ème siècle. Les laïcs ont créé des organismes afin d’obtenir dans la réalité de ce monde la libération nationale. Pour eux, la justification de l’Etat, c’est la désaliénation du juif ; mais, pour les religieux, elle est l’accomplissement du message juif authentique. » Il faut également signaler la brochure de Léon Pinsker (1821-1891) « Auto-émancipation », publiée en langue allemande à Berlin en 1882, dans laquelle ce dernier développait certains des thèmes majeurs du sionisme naissant, dont la création d’un Etat indépendant, mais pas forcément dans la région nommée par les Occidentaux « Palestine » (Comme indiqué plus haut – dans le premier volet de ce document – les Ottomans, maîtres du pays, l’ayant divisé en subdivisions provinciales, la nommait autrement et en petits morceaux), l’autre option étant un territoire au niveau de l’Amérique du Nord.
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