Un apologue souvent cité chez les H’assidim raconte qu’un jour un tsaddiq (Rabbin h’assidique) demanda à un de ses élèves : « De quoi vis-tu ? » Celui-ci répondit : « Je suis boulanger. J’achète de la farine ; j’y ajoute de l’eau et du levain ; je la pétris ; j’en fais du pain ; je vends le pain. Avec l’argent, j’achète de la farine, etc. » Le tsaddiq lui dit alors : « Je ne te demande pas à quoi tu passes ton temps ; je te demande de quoi tu vis ! » Le fidèle recommença plusieurs fois de suite la description de son métier, de son « passe-temps ». Finalement le tsaddiq lui dit : « A quoi rêves-tu ? Quel est le sens de ta vie ? »
Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile :
Comme le faisait remarquer Manitou (le Rav LéonAskénazi – זצ »ל– l’un des plus grands maîtres de la pensée du sionisme-religieux) dans l’un de ses commentaires sur la Paracha Vayétsé (« Leçons sur la Torah » – Spiritualités vivantes – Albin Michel – n° 227 – 2007) : « Il y a un sens mystique à cet apologue. En hébreu, la racine du motחלום (h’alom – « rêve » – H’eth/ Lamèd/ Vav/ Mèm final) et celle du mot לחם (léh’èm – « pain » – Lamèd/ H’èth/ Mèm final) ont les mêmes lettres. Comme pour dire : le rêve est le pain de l’âme et le pain est le rêve du corps. »
…Et ce rêve, ce « sens de la vie », me rappelle une magnifique chanson, intitulée « La Quête », que Jacques Brel – jouant Don Quichotte – a composé pour « L’homme de la Mancha » :
Rêver un impossible rêve,
Porter le chagrin des départs,
Brûler d’une possible fièvre,
Partir où personne ne part.
Aimer jusqu’à la déchirure ;
Aimer, même trop, même mal ;
Tenter, sans force et sans armure,
D’atteindre l’inaccessible étoile.
Telle est ma quête :
Suivre l’étoile !
Que m’importe mes chances,
Que m’importe le temps
De ma désespérance…
Et puis lutter toujours,
Sans questions, ni repos,
Se damner pour l’heur d’un mot d’Amour !
Je ne sais si je s’rai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s’éclabousseraient de bleu
Parce qu’un malheureux
Brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé,
Brûle encore, même trop, même mal,
Pour atteindre, à s’en écarteler,
Pour atteindre l’inaccessible étoile !
Lorsque j’entends ces paroles, se dessine devant mes yeux notre peuple, notre Quête : ce rêve que certains disent « impossible » mais auquel nous avons foi au plus profond de nous ! Chassés de toutes les nations, nous aussi avons porté le chagrin des départs et sommes allés faire refleurir un désert où personne n’était « assez fou » pour tenter d’y vivre ! Nous l’aimons jusqu’à la déchirure – certains disent « trop », certains disent « mal » -, nous tentons, sans force et sans armure, d’atteindre « l’inaccessible étoile ». Cette étoile, à six branches, frappe notre drapeau et symbolise tout à la fois Hachem, la Torah, notre Histoire, nos joies, nos souffrances, notre Terre et notre Espoir ! Pour elle, peu nous importe nos chances, peu nous importe le temps de notre désespérance, nous luttons toujours, sans questions, ni repos, prêts à nous damner (aux yeux des nations) par Amour pour ce qu’elle représente.
C’était le cas des h’aloutzim (« pionniers ») qui ont créé l’Etat d’Israël, c’est aujourd’hui le cas des héros qui vivent en Judée-Samarie, et sous le feu constant des terroristes de Gaza. Ecartelés entre le bien-être matérialiste que l’on peut trouver à Savyone, Herziya Pitouah’ (lieux bobo d’Israël) – ou d’autres endroits encore moins exposés en Galouth – et l’Amour d’Eretz Israël, de la Torah d’Israël ainsi que du Peuple d’Israël, ils ont choisi la voie qui leur – qui nous – permettra « d’atteindre l’inaccessible étoile » ! Certains, engoncés dans leur « vanité et poursuite du vent », leur reprochent de « jouer aux Don Quichotte », de combattre la poursuite du temps… Pourtant c’est par leur kidouch Hachem (« Sanctification du Nom ») que, bientôt, disparaîtront les nuages qui s’amoncellent sur ce monde, que les villes s’éclabousseront de bleu : l’Hatikva (« L’Espoir », nom de l’hymne national israélien.) ne sera plus seulement un rêve, il deviendra ce jour-là « Prophéties réalisées » !
« Kidouch Hachem? ricaneront cyniquement les gauchistes et les Nétourei Karta de service. Il ne faut pas exagérer ! La plupart d’entre eux ne sont quand même pas passés de vie à trépas. » Je leur répondrai par la plume du Rav Ezriel Tauber, qui souligne dans son livre « Des ténèbres à la lumière » (Editions Emounah, Collel Tel Ganim « Tal Torah », P.O.B. 1170, 51111 Bnei Brak, Israël – 1998 – page 137-138) :
« Treblinka fut l’un des pires camps de la mort. En moins d’un an, huit cent mille Juifs y furent assassinés. Mais les Allemands (…) ne se contentaient pas de les massacrer ;ils s’acharnaient d’abord à les démoraliser et à avilir leur âme.
Dans leur perversité diabolique, ils avaient suspendu, à l’entrée des chambres à gaz, des rideaux de velours qui couvrent traditionnellement l’Arche Sainte contenant les rouleaux de la Loi. Un verset y était brodé : “Voici la porte de Hachem, les justes la franchiront.” Leur intention était de susciter l’amertume et le désespoir des Juifs, qui passeraient leurs derniers instants à maudire D-ieu. En réalité, ce fut le contraire qui se produisit. Certains Juifs assimilés, en voyant le rideau et les mots qu’il portait, semblèrent se réveiller. Ce fut un choc spirituel. Certains se mirent à danser et à chanter. Ils venaient de se rendre compte que c’était réellement “la porte de D-ieu” qu’ils étaient sur le point de franchir.
Cela, c’est ce qui s’appelle sanctifier le nom de D-ieu en mourant. Mais il existe une autre forme – souvent plus difficile – de sanctification du Nom divin. C’est de Le sanctifier en vivant ; c’est la contribution de ceux qui sont restés en vie et qui ont reconstruit leur existence. Ils ont vu la mort et, malgré tout, se sont opiniâtrement acharnés à reconstruire des familles, des communautés, ils ont érigé de nouvelles synagogues pour y accrocher d’autres rideaux sur lesquels ils ont brodé les mots : “Voici la porte de Hachem, les justes la franchiront.” Ce kidouch Hachem peut être encore plus grand. Nous sommes tous des survivants de l’Holocauste (…)
Nous sommes, soit de véritables survivants des camps de concentration, soit des survivants de l’holocauste spirituel qui fait rage dans notre société. Tous les Juifs contemporains sont des survivants de la Shoah. »
Cette approche du Rav Tauber a d’ailleurs été résumée par une chanson présentée (comme un soufflet à nos ennemis ?) par Israël lors d’un concours de l’Eurovision : « Am Israël h’aï ! » (« Le Peuple d’Israël vit ! ») C’est aussi ce que clament au monde, par leurs positions géographique et idéologique, les habitants qui vivent en Judée-Samarie, et sous le feu quasi-constant des terroristes de Gaza : « N’en déplaise à Ashton, Obama, Kerry, et autres antisémites qui, consciemment ou inconsciemment, veulent notre mort physique et/ou spirituelle : le Peuple d’Israël vit sur sa Terre et – im ezrat Hachem (« Avec l’aide de D-ieu ») – ils ne nous en feront pas bouger ! »
C’est pourquoi Bilam, le prophète des nations appelé pour maudire Israël, n’a pu que dire : « Qu’elles sont belles tes tentes, ô Ya’acov ! Tes demeures, ô Israël ! (…)Béni soit celui qui te bénit, maudit soit celui qui te maudit ! » (Bémidbar – Nombres XXIV, 5 et 9)
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