Une enquĂȘte Ynet a rĂ©vĂ©lĂ© que les caissiĂšres de la chaĂźne Victory sont tenus de payer de leur poche si il manque de lâargent Ă la caisse enregistreuse. Cette rĂ©vĂ©lation a provoquĂ© une grande colĂšre, et un ancien superviseur de la chaĂźne a clairement indiquĂ© quâil sâagissait dâune instruction explicite .
« CâĂ©tait lâĂ©tat dâesprit â les caissiĂšres paient sâil y a un manque dâargent dans la caisse enregistreuse », a dĂ©clarĂ© Moshe, qui dans son rĂŽle Ă©tait responsable de cinq succursales dans la rĂ©gion de JĂ©rusalem et ses environs. « Lâordre dâen haut Ă©tait que les caissieres devaient rembourser, une forme dâintimidation selon laquelle si elle ne faisait pas son travail au mieux de ses capacitĂ©s, elle aurait des ennuis. »
Selon Moshe, « Il y avait une procĂ©dure selon laquelle jusquâĂ dix shekels la chaĂźne âparticipeâ, et au-delĂ de dix shekels câest aux frais du caissier. A la fin de la journĂ©e, le caissier vĂ©rifiait les caisses enregistreuses. En tant que caissiere Je devais vĂ©rifier le montant de la pĂ©nurie, et gĂ©nĂ©ralement câĂ©tait une erreur humaine. Parfois câĂ©tait Ă cause des cartes chargĂ©es, parfois Ă cause du stress. Parfois, nous parvenions Ă localiser le client. Mais si nous nâavons pas pu localiser la source du manque dâargent, la caissiere doit payer ce qui manque. Je donnerais des dĂ©tails Ă la succursale oĂč il manquait et qui devait payer, et la caissiere le mettait lâargent dans une enveloppe. Ensuite, le caissier principal informait que le manque Ă gagner avait Ă©tĂ© payĂ©. »
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Selon lui, la question du manque dâargent est monnaie courante. « Chaque jour, dans chaque branche, il y avait une pĂ©nurie », a-t-il dit. « Il y a de nouvelles caissiĂšres, par exemple, qui ont fait une erreur de plusieurs centaines de shekels. Il y avait une fois un manque de mille shekels quâune caissiĂšre devait rembourser. Elle a suppliĂ© le directeur de la succursale, et le directeur de la succursale a Ă©tĂ© gentil et a participĂ© avec elle. Selon mon estimation, dans chaque mois des succursales dont jâĂ©tais responsable, les pĂ©nuries atteindraient environ 7 000 shekels ».
« Cela mâa toujours pincĂ© le cĆur quâils rendent lâargent », a ajoutĂ© Moshe. « Je me suis dit que je ne travaillerais jamais comme caissiĂšre. Ce sont gĂ©nĂ©ralement des femmes cĂ©libataires avec des enfants, un quotidien difficile. Jâai vraiment eu pitiĂ© dâelles, mais je devais faire mon travail. »
Hodia Chen, qui a travaillĂ© pour la chaĂźne Victory pendant environ trois ans Ă la succursale de Shoham, a dĂ©clarĂ© quâelle devait combler les manques Ă gagner de la caisse enregistreuse qui totalisaient des milliers de shekels. « Je nâai pas Ă©tĂ© informĂ©e Ă lâavance de cette procĂ©dure », a-t-elle dĂ©clarĂ©. « DĂ©jĂ dans les premiĂšres Ă©quipes, jâavais un manque de cent shekels et la caissiĂšre en chef mâa froidement expliquĂ© quâil y avait un manque et que je devais me rattraper en liquide. Jâai demandĂ© sâil Ă©tait possible de dĂ©duire du salaire, et jâai demandĂ© Ă lâadjoint pourquoi nous payions en espĂšces et non dĂ©duit sur le salaire, et elle a dit quâils nâavaient pas accĂšs Ă mon bordereau, donc ça devrait ĂȘtre en espĂšces.

« Je me suis Ă©nervĂ©, je suis une personne honnĂȘte. » Du groupe WhatsApp de lâune des succursales Victory
Chen, qui nâavait que 17 ans lorsquâelle a commencĂ© Ă travailler sur le rĂ©seau Victory, a vu le recours collectif intentĂ© par lâavocat Eitan Peleg â et ce nâest quâalors quâelle sâest rendu compte que la conduite de ce magasin nâĂ©tait pas normale et que le rĂ©seau enfreignait en fait la loi.
« Cela mâest arrivĂ© plusieurs fois et la somme a atteint des milliers de shekels au total », a-t-elle dĂ©clarĂ©. « Je comprends que parfois les choses Ă©taient de ma responsabilitĂ©, mais cela ne devrait pas ĂȘtre dâune maniĂšre si noire quâils vous demandent de lâargent. JâĂ©tais en bon contact avec la responsable et ils ont vu que plusieurs fois câĂ©tait le rĂ©sultat de bons mal tapĂ©s. Ils envoyaient des messages et me rappelaient que jâavais jusquâĂ tel jour pour payer le manque Ă gagner.
« Jâavais vraiment besoin dâargent, et il y a des gens lĂ -bas avec des enfants et des familles », a-t-elle dĂ©clarĂ©. « La plupart de lâargent que jâai rendu, je lâai pris Ă mon pĂšre. CâĂ©tait dĂ©routant Ă ses yeux que ce soit moi qui doive combler les lacunes. » Selon Chen, ce nâest que dans un article sur Ynet quâelle a Ă©tĂ© exposĂ©e aux salaires des dirigeants de lâentreprise â et maintenant elle est encore plus en colĂšre. « Câest exaspĂ©rant de savoir quâils gagnent des millions », a-t-elle dĂ©clarĂ©. « Cela donne le sentiment dâĂȘtre exploitĂ©. Faire venir un employĂ© et lui donner 25 shekels de lâheure (le salaire minimum de son temps, n.f.), puis combler un manque de centaines de shekels ? Câest de lâexploitation. »
Le ministre du Travail et des Affaires sociales du parti Shas, Yoav Ben Tzur, refuse pour lâinstant de commenter lâenquĂȘte, bien que le ministĂšre du Travail ait prĂ©cisĂ© sans Ă©quivoque quâil sâagissait dâune violation de la loi. Le prĂ©sident de la commission du travail et de la protection sociale de la Knesset, Israel Eichler du judaĂŻsme de la Torah, nâa pas rĂ©pondu Ă la demande dâynet Ă ce moment. En fait, aucun des reprĂ©sentants de la coalition qui prĂ©tend parler au nom du « deuxiĂšme IsraĂ«l » nâa commentĂ© les conclusions de lâenquĂȘte, qui ont montrĂ© comment les caissiers de lâune des plus grandes chaĂźnes de supermarchĂ©s dâIsraĂ«l sont exploitĂ©s sans aucune protection.
Les responsables sont millionnaires, les caissiĂšres paient les manques Ă gagnerÂ
En 2022, la chaĂźne Victory a rĂ©alisĂ© des revenus dâenviron 2,3 milliards de NIS et a gagnĂ© un total dâenviron 37 millions de NIS aprĂšs dĂ©penses et impĂŽts â et au cours des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, encore plus. Câest depuis longtemps lâune des plus grandes chaĂźnes de supermarchĂ©s dâIsraĂ«l, avec environ 60 succursales dans tout le pays et une valeur marchande de plus de 500 millions de NIS.

Le salaire des seniors chez Victory. Les caissiers, soit dit en passant, reçoivent le salaire minimum
Comme il est de coutume dans ces entreprises, le PDG Eyal Ravid a empochĂ© environ 4 millions de NIS lâannĂ©e derniĂšre, subventions comprises, et son frĂšre, le directeur et adjoint du PDG Avraham Ravid, a empochĂ© environ 3,7 millions de NIS, tandis que le directeur financier vĂ©tĂ©ran Ephraim Lovel a reçu 1,2 million de shekels. Les frĂšres Ravid dĂ©tiennent Ă©galement chacun 31,65% des actions de la sociĂ©tĂ©, pour une valeur totale dâenviron 330 millions de NIS.
Victory emploie plus de 2 000 travailleurs Ă travers le pays, et 566 dâentre eux travaillent au salaire minimum â lâentreprise employant Ă©galement des centaines de travailleurs par lâintermĂ©diaire dâentreprises sous-traitantes. De nombreux caissiers tĂ©moignent que chaque shekel « perdu », lors du comptage de la caisse enregistreuse, ils doivent compenser de leurs propres poches, en commençant par des montants ridicules et absurdes â jusquâĂ la demande de rembourser des dizaines et des centaines de shekels Ă la caisse pendant un certain temps.
De nombreux caissiers Ă qui nous avons essayĂ© de parler ont exprimĂ© leur crainte que leur nom devienne public et ne perde leur emploi, et certains ont mĂȘme refusĂ© dâĂȘtre interviewĂ©s de maniĂšre anonyme pour lâarticle.
Le tribunal rĂ©gional du travail de HaĂŻfa a rĂ©cemment approuvĂ© le dĂ©pĂŽt dâun recours collectif contre la chaĂźne Victory pour exactement de telles choses . Selon le procĂšs, les manques ont Ă©tĂ© comblĂ©s par les caissiĂšres en espĂšces â sans que cela se reflĂšte sur leurs fiches de paie. Nous tenons Ă souligner que de toute façon, selon le ministĂšre du Travail, combler les lacunes est contraire Ă la loi â mais le fait que la chaĂźne se soit assurĂ©e quâil nây avait aucune documentation Ă ce sujet dans les bordereaux est encore plus scandaleux.
Ynet a appris que cette procĂ©dure se poursuit mĂȘme ces jours-ci, malgrĂ© le procĂšs intentĂ©. Ce phĂ©nomĂšne, semble-t-il, sâĂ©tend Ă©galement au-delĂ du comptage des caisses enregistreuses â comme la menace que les caissiers soient tenus de payer de leur poche sâils reçoivent un chĂšque dâun client qui ne lâa pas signĂ© correctement.
La preuve : « Jâavais peur dâĂȘtre licencié »
Hana Alabhon (29 ans) de HaĂŻfa, au nom de laquelle lâavocat Peleg a dĂ©posĂ© le recours collectif, a travaillĂ© Ă la chaĂźne Victory pendant environ un an et demi. Selon elle, elle a payĂ© 15,5 NIS en espĂšces de sa poche Ă la caisse de la succursale parce que dâune insuffisance dĂ©couverte dans sa caisse enregistreuse. Selon elle, elle lâa fait en sachant quâelle devait payer la somme manquante pour conserver son emploi. « Tous les jours on nous rappelait dans le groupe WhatsApp des caissiĂšres quâil y avait des pĂ©nuries et nous avons dĂ» rendre lâargent, en indiquant le nom de la caissiĂšre et le montant quâelle devait rendre », a-t-elle dĂ©clarĂ©. Quand un salaire arrivait, je payais le manque Ă gagner. »

Ils ne lui ont pas donné 15,5 shekels. Hannah Alabhon
Tamar, qui travaillait Ă Gan Yavne, a dĂ©clarĂ©: « Il est arrivĂ© que je fasse une pause et que quelquâun me remplace. Ă la fin du quart de travail, jâai regardĂ© le rapport et jâai vu quâil manquait 20 shekels. Le caissier en chef mâa appelĂ© et mâa dit que je devais me rattraper avec mon argent personnel. Je ne savais pas quâil y avait une loi interdisant de payer avec lâargent des employĂ©s. La deuxiĂšme fois, câĂ©tait la mĂȘme histoire. JâĂ©tais contrariĂ© parce que je suis une personne honnĂȘte et je sais compter correctement et câĂ©tait Ă©trange pour moi que je doive payer. Jâavais peur dâĂȘtre virĂ© si je refusais de combler les lacunes. Jâavais besoin du travail.
Nira (pseudonyme) travaille depuis 14 ans comme caissiĂšre, les cinq derniĂšres annĂ©es dans une succursale Victory dans la zone centrale. Nira, 50 ans, partage une description similaire â on lui demande Ă©galement de rembourser le manque avec son argent personnel :. « CâĂ©tait trĂšs surprenant quâils mâaient demandĂ© de payer de lâargent Ă cause des pĂ©nuries dans la caisse enregistreuse », partage-t-elle. « Il ne sâagit pas de quelques shekels. Ils mâont demandĂ© de rendre de lâargent Ă plusieurs reprises, parfois cela atteint des dizaines de shekels par quart de travail. Bien sĂ»r, sâil y a un excĂ©dent, ils le prennent pour eux-mĂȘmes. »
« Victory a une procĂ©dure pour payer les manques Ă gagner de la caisse enregistreuse », tĂ©moigne Nira. « La caissiĂšre en chef rappelle aux caissiĂšres tous les quelques jours la somme de manque Ă gagner. Il y avait une caissiĂšre qui lâa menacĂ©e que si elle ne payait pas le manque Ă gagner, la police serait amenĂ©e chez elle. Ils nous accusent Ă©galement de faux billets . Nous vĂ©rifions les factures, et si nous avons commis une erreur et constatĂ© quâil sâagissait dâune fausse facture, nous sommes tenus de rembourser »
Reut (pseudonyme), une mĂšre cĂ©libataire, travaillait Ă la succursale Victory Ă Holon. Elle tĂ©moigne Ă©galement, comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, quâelle a dĂ» ajouter de lâargent Ă son fonds de salaire. « Ils mâont mis sur les nerfs pour rendre lâargent », dĂ©crit Reut, 49 ans. « Le caissier en chef me disait : âQuand payez-vous ? Envoyez-moi un message des bureaux que vous devez payer.â Le mien, jâai payĂ© Il y avait une fois 70 shekels, une fois 40 shekels et une fois 30. Je recevais 34 shekels de lâheure et je nâatteignais pas plus de 5 000 shekels par mois de salaire.
La réponse de Victory et du ministÚre du Travail
Le ministĂšre du Travail a prĂ©cisĂ©, en rĂ©fĂ©rence Ă la loi qui traite de la question, que « lâadministration chargĂ©e de la rĂ©glementation et de lâapplication des lois du travail au sein du ministĂšre sâemploie Ă mettre en Ćuvre les dispositions des lois du travail dans lâĂtat dâIsraĂ«l. Les lois du travail et les fiducies de la Division de lâapplication de la lĂ©gislation du travail sont des lois protectrices qui constituent lâinfrastructure juridique du marchĂ© du travail en IsraĂ«l. Le but de ces lois est de fixer un niveau minimum de protection et dâĂ©tablir des droits sociaux pour les employĂ©s.
« Dans le cas oĂč un employeur oblige ses salariĂ©s Ă combler les manques Ă gagner de la caisse enregistreuse, il sâagit dâune action contraire Ă la loi, de mĂȘme que dans le cas oĂč un employeur signe les salariĂ©s sur un document qui permet Ă lâentreprise dâobliger les salariĂ©s Ă compenser leur salaire pour les insuffisances de la caisse enregistreuse, et ceci conformĂ©ment Ă lâarticle 25 (a) de la loi sur la protection des salaires. En outre, on ne peut pas imposer dâamendes ou de pĂ©nalitĂ©s Ă lâemployĂ©. Toute retenue sur le salaire, pour amendes, dommages et intĂ©rĂȘts , etc., est interdite, sauf autorisation expresse dans une convention collective. »
Le ministĂšre du Travail indique Ă©galement que « les lois protectrices font partie du droit du travail et visent Ă ancrer les droits fondamentaux des salariĂ©s en imposant une obligation lĂ©gale Ă lâemployeur dâaccorder Ă ses salariĂ©s certaines conditions de travail, qui ne peuvent ĂȘtre supprimĂ©es et qui ne peuvent ĂȘtre conditionnĂ©es (par exemple, en faisant signer Ă un salariĂ© un document dans lequel il y renonce).
« LâAdministration de la rĂ©glementation et de lâapplication des lois du travail attache une grande importance Ă la sensibilisation aux dispositions de la lĂ©gislation du travail et opĂšre par divers canaux afin de rendre lâinformation accessible aux employĂ©s. »
Le rĂ©seau Victory a rĂ©pondu : « Une demande dâautorisation de recours fondĂ©e a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e devant la juridiction nationale. Le rĂ©seau maintient ses affaires juridiques dans lâenceinte du tribunal. » Selon lâavocat Peleg, la demande dâautorisation de recours prĂ©sentĂ©e par le rĂ©seau a dĂ©jĂ Ă©tĂ© rejetĂ©e par la juridiction nationale.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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