Si Guterres avait réellement cru aux arguments qu’il a avancés lors de son discours de Munich, il n’aurait pas accepté l’inclusion d’Israël sur la liste noire. S’il appréciait vraiment le rôle central d’Israël comme point d’ancrage de la sécurité pour les Juifs du monde entier, s’il comprenait vraiment le traumatisme massif provoqué par le 7 octobre pour les Israéliens et les Juifs du monde entier, s’il savait vraiment dans chaque fibre de son être que le peuple juif n’a qu’un seul pays qui fait actuellement face à une campagne de violence meurtrière orchestrée par l’Iran et ses mandataires régionaux, alors Israël ne partagerait pas l’espace avec des militaires dont la seule raison d’être est le meurtre, la torture et la destruction massive de civils innocents.
C’est pourquoi les Juifs ont parfaitement le droit de se sentir trahis par Guterres. Au moins ses prédécesseurs, parmi lesquels le regretté nazi autrichien Kurt Waldheim, n’ont jamais élevé nos attentes et ne nous ont jamais fait croire que les Nations Unies changeaient de direction à l’égard d’Israël. Guterres a précisément fait miroiter cet espoir, puis l’a arraché.
Aujourd’hui, il a prêté son imprimatur à l’une des pires diffamations antisémites qui aient émergé dans les couloirs des Nations Unies – et il y en a eu beaucoup. La logique tordue qui place Israël sur une telle liste pourrait facilement s’appliquer aux États-Unis, au Royaume-Uni et à la France – tous membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU dont les armées ont été accusées de crimes de guerre dans des pays comme l’Algérie, l’Irak et l’Afghanistan. Mais seul Israël est confronté à ce traitement, car cibler l’État juif est devenu une routine et une normalité dans le cadre de l’ONU.
Cela ne changera que lorsque le successeur de Guterres évaluera honnêtement le bilan de l’antisémitisme de l’organisation mondiale et s’engagera à y mettre fin, tout d’abord en démantelant tous les éléments – les comités, les différentes commissions « indépendantes », les points anti-israéliens fixés à l’ordre du jour, gravées dans la pierre – qui contribuent à ce biais institutionnel. Ce n’est qu’à cette condition que les Juifs pourront gagner une quelconque confiance dans les Nations Unies. Et cela, dans un avenir prévisible, n’arrivera pas.