(Lettre dédiée à ceux qui nous reprochent de faire de la « propagande visant simplement à augmenter l’Alyah », de « distiller l’effroi dans le cœur des communautés de la diaspora » et de « largement exagérer les faits antisémites » !)

 

« Aux bords des fleuves de Babylone, vous êtes encore assis et vous écrasez la larme qui perle à vos paupières en pensant à Sion… » Oh ! Ce n’est pas que le voyage vous tente : il est tellement plus confortable de rester amorphes sous la lampe à bronzer que vous vous êtes fabriqués en guise de soleil et la seule source de votre émoi ne réside que dans une lointaine tradition ne se rappelant à votre âme qu’au gré de vos lectures ou même, parfois, à l’occasion de certaines fêtes pérennes respectées plus par habitude que par adhésion. Au gré des siècles et de notre Histoire, chez vous, l’esprit du Lion de Judas – force de nos ancêtres – s’est métamorphosé peu à peu en « Lion à terre » (khamaileôn), étymologie du nom « caméléon », et vous vous efforcez de vous fondre dans votre environnement pour échapper aux dangers qui menacent.

 

Pauvre de vous ! A force de rester dans votre immobilisme galouthique, dans votre robe changeante selon les besoins vitaux immédiats, les scories qui planent dans l’air ambiant ont déposé sur vos yeux, une croûte épaisse qui vous empêche de voir s’approcher nos exterminateurs, ont bouché vos conduits auditifs au point de vous rendre sourd au son d’alarme du schofar, ont obscurci votre cerveau d’un voile qui vous interdit de prendre au sérieux les avertissements de ceux que vous nommez « prophètes de malheur » !

 

« Prophètes » ? Oui, nous le sommes ! « …Mais prophète, en hébreu, ne signifie ni devin, ni thaumaturge. Le prophète peut, le cas échéant, dire ce que l’avenir réserve, mais ce n’est pas là l’essentiel de son discours. Le rôle du “navi” est d’interpeller l’homme pour le mettre en face de ses responsabilités (…) On comprend dès lors qu’aujourd’hui, ce sont précisément ceux qui ont pour mission d’informer et d’éduquer qui tiennent la place du prophète. Ce sont les journaux et les intellectuels. » (Elyakim P. Simsovic, Centre Yaïr, Herzlya). Nous sommes aussi le “guetteur” dont parle Yéh’ezkel (XXXIII, 2-6) : « S’il est un pays contre lequel J’apporte le glaive, les gens de ce pays prendront un homme dans leurs rangs pour l’établir comme guetteur. Cet homme, voyant le glaive venir contre le pays, sonnera du schofar et avertira le peuple ; (…) Mais que le guetteur, voyant venir le glaive, s’abstienne de sonner du schofar et de mettre en garde le peuple, si le glaive survient et enlève quelqu’un d’entre eux, (…) son sang, je le réclamerai au guetteur. »

 

Croyez-vous que nous ne préférerions pas chanter, dans nos colonnes, les beautés culturelles des musées juifs du Vieux Continent plutôt que de vous seriner quotidiennement « F..tez-le camp, si vous le pouvez, avant qu’il ne soit trop tard ! » ? Clamer sur votre P.C., comme les crieurs publics d’antan, « Il est onze heures, braves gens, dormez bien ! » au lieu que de vous annoncer qu’il est bientôt « minuit, l’heure du crime »? Vous faire écouter, dans vos « casques », quelque interprétation moderne de « ma yiddishe mame », plutôt que les propos suintant la haine et l’antisémitisme (Pardon ! « l’anti-sionisme ») des grands médias et de politichiens occidentaux qui incitent – indirectement – à nous égorger ? Perdus dans votre paradis artificiel, alors que tous les médias communautaires et les observateurs internationaux font résonner le tocsin, vous vous imaginez que l’on veut simplement vous « sonner les cloches » !

 

Ne vous y trompez pas ! Si votre choix suicidaire ne touchait que vous-même, nous le respecterions… même si, avec infiniment de tristesse. L’ennui est que notre peuple est « Un » et que toute perte parmi nous est comme un membre coupé. Qu’il s’agisse du petit orteil ou de la jambe, la douleur ressentie est immense… et si nous repartons ensuite clopin-clopant, comme Israël après son combat avec l’ange d’Esav, la blessure toujours reste : nous ne vous donnons pas le droit, par bêtise et/ou inconscience, de nous handicaper !

 

« Alarmistes » ? « Cassandres » ? C’est également ainsi qu’était qualifié Zéev Jabotinsky ! Encore que, à l’époque, nos frères n’avaient pas vraiment où aller, rappelez-vous ses avertissements prémonitoires : « …Je continue de vous avertir sans cesse qu’une catastrophe va arriver prochainement. J’ai attrapé des cheveux gris et mon cœur saigne du fait que vous, chers frères et sœurs, ne voyez pas le volcan qui va bientôt commencer à cracher sa lave brûlante… écoutez-moi en cette onzième heure : Au nom du Très-Haut, que chacun de vous se sauve alors qu’il en est encore temps. Et ce temps est très restreint. » (Message de Tisha Bé-Av, Varsovie – 1938) ; ou encore « Je déclare avec honte, que le peuple se conduit comme s’il était dès à présent condamné. Je n’ai rien trouvé de comparable ni dans l’Histoire, ni dans les romans. Pas plus que je n’ai jamais vu une telle résignation au destin. C’est comme si douze millions de gens éduqués étaient dans une charrette et que cette charrette était dirigée vers l’abîme. Et comment de tels gens réagissent-ils ? L’un pleure, l’autre fume une cigarette, quelques-uns lisent le journal et quelqu’un chante ; mais, en vain, vous chercherez celui qui se lèvera, prendra les rênes en main et emmènera la charrette ailleurs. Tel est l’air du temps. C’est comme si un énorme ennemi est venu et a chloroformé leur pensée. Je viens à vous pour une tentative. Une dernière tentative. Je vous crie : Mettez une fin à cette situation ! Essayez d’arrêter la charrette, tentez d’en sauter, tentez de mettre un obstacle sur sa route, n’allez pas comme les moutons au loup ! » (Ecrit à Varsovie en 1939). Aujourd’hui, vous violez le « Devoir de mémoire » en empruntant un même véhicule qui suit le même chemin létal, vous affichez la même insouciance que nos parents d’alors !

 

Vous me direz : « On n’est quand même pas dans les années 30 ! » Bien sûr ! Il est évident que l’Histoire ne repasse jamais les plats et les prémices d’une nouvelle Shoah se présentent sous des dehors plus « policés »… « L’anti-sionisme », masque moderne de l’antisémitisme, est présent à tous les échelons de l’establishment politico-médiatique occidental et ne vise qu’à éradiquer d’un coup quelques millions de nos frères, à faire de l’Etat juif un territoire Judenrein ; les attaques gratuites et attentats contre nos communautés européennes se multiplient sans que cela n’émeuve (plus de 24 Heures) les populations locales… encore que, quand exceptionnellement les coupables sont arrêtés (et même dès avant !), tout un chacun leur trouve les meilleures excuses ; sous prétexte de « pratiques barbares », l’Europe se propose d’interdire la  Sheh’ita et la Brith mila… autres façons de faire disparaître notre peuple ; le boycott nazi des magasins juifs est remplacé par la « Campagne BDS » où, avec l’approbation et le financement (subsides) des gouvernements, des individus incitent à « boycotter Israël » ; des messages du plus pur antisémitisme s’affichent sur les forums officiels – au vu et au su des ministres responsables, qui refusent de les faire retirer – et, au Parlement belge, un député peut reproduire en séance les pires mensonges anti-juifs de Mein Kampf sans que ses collègues ne réagissent… Les exemples abondent et je pourrais encore en citer pendant des pages et des pages !

 

Vous m’objecterez aussi que de nombreux dirigeants communautaires se veulent rassurants, qu’ils affirment que les « autorités responsables » sont des gens « corrects », qu’il faut leur faire confiance ! Le pire est qu’ils y croient… comme le croyaient certains Judenrat en donnant les listing de Juifs à ces « Messieurs très corrects de la Gestapo » qui, pour les arrestations qui suivirent, se firent même seconder par des « agents tout aussi corrects » des polices nationales.

 

Nous distillerions donc la peur ? Oui ! Je comprends : aux bords des fleuves de Babylone, vous êtes si bien assis que, plutôt que de lever votre c.. pour vous défendre, vous préférez tuer le messager. Vous me faites penser à ce bon bourgeois qui, endormi au 3ème étage, est réveillé par les cris des pompiers… et porte plainte car ceux-ci ont troublé son sommeil, alors que l’incendie ne ravageait que le rez-de-chaussée.

 

Ne vous en déplaise, Alyaexpress-News ne laissera pas périr vos voisins de palier… même au risque d’interrompre vos rêves !

 

Par Yéh’ezkel Ben Avraham pour Alyaexpress-News

 

1 COMMENTAIRE

  1. cher MR Ben Avraham

    vos propos ne font que confirmer ce que chaque juif conscient pense aujourdhui en France , il faut de votre coté initier un vrai mouvement en Israel qui ouvre la porte VRAIMENT a vos freres vivant ici , nous avons besoin de vous d’urgence , et votre action resolue completera notre determination