וַיִּגְדַּל הַיֶּלֶד, וַתְּבִאֵהוּ לְבַת-פַּרְעֹה, וַיְהִי-לָהּ, לְבֵן; וַתִּקְרָא שְׁמוֹ, מֹשֶׁה, וַתֹּאמֶר, כִּי מִן-הַמַּיִם מְשִׁיתִהוּ.
וַיְהִי בַּיָּמִים הָהֵם, וַיִּגְדַּל מֹשֶׁה וַיֵּצֵא אֶל-אֶחָיו, וַיַּרְא, בְּסִבְלֹתָם; וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו

«L’enfant a grandi… C’est à cette époque que Moïse a grandi et il est allé voir ses frères et a observé leur fardeau ; et il a vu un homme égyptien frapper un homme hébreu, l’un de ses frères » (Shemot 2 10-11).

Ramban, explique pourquoi, il est écrit deux fois, « Il a grandit » (Vayigdal) concernant Moshé. Il explique que la première phrase fait référence à la maturité physique de Moshé. La deuxième fois se réfère à la croissance de Moshé dans sa maturité intellectuelle et spirituelle, devenant un «homme de compréhension».

La Torah précise ensuite le signe de la maturité spirituelle de Moshé, le fait qu’il se soit adressé à ses frères et ait vu leurs servitudes. Rachi commente cette phrase et dit que Moshé a envisagé leur sort et « a appliqué ses yeux et son cœur pour souffrir avec eux ». (Nossé béolim Havero)

La marque d’un gadol (D’un grand de la Thora), est cette personne qui possède la grandeur et la maturité dans cette capacité de se préoccuper des autres. Hachem est appelé HaGadol, le Grand, et les sages expliquent cette appellation en se référant au trait de bonté de Hachem. C’est là que réside sa grandeur. Dieu imprègne toute existence et Il est la marque de sa grandeur illimitée. C’est pourquoi il est HaGadol.

Nous sommes exhortés à marcher à la manière de Hachem et à imiter ses attributs «Comme il est appelé miséricordieux, vous devriez aussi l’être.» Ainsi, si Hachem est appelé HaGadol, nous devons nous aussi nous efforcer d’imiter cette grandeur. Tout comme il est concerné par toute la création, nous devons nous efforcer d’imiter cette préoccupation qui englobe les autres.

Le rabbin Shimon Shkop aborde le paradoxe suivant. D’un côté, l’homme a été créé avec un souci naturel pour lui-même et pour ses besoins personnels. «Aime ton prochain comme toi-même» , une phrase qui est fondée aussi sur l’amour de soi et l’inquiétude personnelle. Et pourtant, l’homme est exhorté à s’intéresser aux autres.

Reb Shimon explique que la définition de soi est la clé de la résolution de ces problèmes apparemment contradictoires. La définition de l’identité peut être élargie au-delà des paramètres de la personne physique. Beaucoup de gens sentent que leurs époux font partie intégrante d’eux-mêmes – «Sa femme est comme son propre corps», disent les sages. Par conséquent, le souci du conjoint est inclus dans le souci naturel du soi. D’autres s’étendent pour inclure leurs familles, d’autres encore leurs voisins. Plus on se perfectionne, plus son concept est compris et appliqué à une plus grande échelle.

Ce dépassement de soi n’est pas une simple sympathie, mais plutôt une empathie profonde et une identification totale. Par conséquent, il faut appliquer ses yeux et son cœur. Cela nécessite d’observer, d’évaluer et de comprendre la situation et les besoins des autres. Mais cela ne suffit pas, car une fois que l’on a évalué la situation de son voisin avec les yeux, il faut ouvrir son cœur à ce qu’il voit : vivre avec émotion la douleur et la souffrance, les peurs et les appréhensions, les joies et la satisfaction de son moi étendu.
(Rabbi Zev Leff)

Pour l’élévation des Âmes de Louise Yoheved bat Noira Shoshana et Adina Gilda bat Louise Yoheved