(suite et fin) A l’époque du Second Temple, cette haine, injustement cristallisée par des hommes de loi et de foi, était au nom de cette loi et de cette foi. Dès que l’on se réclame d’une quelconque cause, on fait tout pour la justifier, allant même jusqu’à la travestir pour qu’elle puisse jouir d’une reconnaissance éminente – l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions, dit le proverbe ? Cette haine avait donc des fondements idéalistes, Il y avait bel et bien des Justes et des sages mais, même eux n’avaient nul égard envers leur prochain.

Le sentiment religieux, la foi des individus et des groupes humains révèlent toujours des aspirations éthiques et sociales plus ou moins universelles : non- violence, sécurité, bonheur, salut post-mortem, soumission à un ordre juste, autonomie etc… Or ces espoirs ne sont pas fatalement conciliables et cette incompatibilité vécue exige toujours réflexion, compromis et implique conflit et dialogue avec soi et les autres. Toute religion, comme machine de pouvoir, doit donc s’adapter à l’évolution des sociétés pour en contrôler le cours et ce afin de préserver son autorité dans les consciences.

Elle doit à cette fin interpréter et ouvrir le contenu sacré qui la fonde idéologiquement à la discussion rationnelle, à un effort de réinterprétation en son sein. Le fanatisme est pour elle à terme un danger mortel. Si donc tout fanatisme est religieux, y compris les fanatismes prétendument athées dès lors qu’ils se réclament de dogmes salvateurs irrationnels indiscutables, toute religion n’est pas toujours fanatique, mais elle a tendance à le devenir dans un contexte où son autorité est compromise et/ou elle ne peut répondre aux évolutions culturelles et économiques des sociétés sur lesquelles elle prétend exercer son autorité spirituelle. Le recul du fanatisme religieux signifie soit le recul du religieux dans la vie politique et sociale et sa mise à l’écart dans la vie privée (situation actuelle), soit sa capacité à prendre en main le changement qui s’annonce en se corrigeant dans un sens favorable aux aspirations nouvelles qu’il met en œuvre.

Mais une religion de la liberté de pensée sans contrainte, ni contrôle des consciences est logiquement absurde. Donc toute religion subit des tensions intérieures entre l’exigence de soumission à l’autorité divine et cléricale et la nécessité d’une évolution libératrice. Refuser cette contradiction est donc objectivement pour elle un signe de faiblesse mortelle ; elle cherche alors, dans le pire des cas, à le refouler dans l’extrême violence paranoïaque, compensatrice et narcissiquement enivrante contre la réalité humaine et les aspirations des sociétés au changement et des individus à une plus grande autonomie.

En fait, nous remarquons que le temps du premier exil a été trop court pour permettre à l’homme de se modifier. Le peuple n’a pas pu reconnaître son méfait et lui trouver une thérapeutique : il a conservé sa nature païenne, violente et débauchée qui l’avait déjà précipité dans la forfaiture.

En effet, à l’époque du Premier Temple, tout le monde pouvait constater les meurtres ou les actes de débauche. Dans le traité talmudique Yoma (p. 9b), on nous explique ainsi: ״Les premiers, leurs fautes étaient perceptibles c’est pourquoi leur délivrance de l’exil a été rapide. Mais les derniers, leurs fautes n’étaient pas palpables, c’est pourquoi leur exil se poursuit encore״. Il ne faut donc pas se fier aux apparences. Les transgressions de l’époque du Premier Temple semblaient beaucoup plus graves que celles du Second, car au Second Temple, les commandements y étaient respectés … Mais la perception de nos Sages a toujours été plus profonde : ils ont compris que la situation du peuple à l’époque du Second Temple était en fait plus grave. Le célèbre historien Flavius Josèphe décrit parfaitement l’état d’esprit qui régnait alors: ״Pendant la journée, nous luttions contre les Romains et pendant la nuit, nous luttions les uns contre les autres.״ Faut-il être un grand dirigeant pour comprendre que la volonté du peuple de se défigurer dans son histoire, amèneraient les Romains a une victoire et a une reddition sans conditions ?

Nous semblons avoir fait de très net progrès à notre époque en matière d’histoire générale : D.ieu soit loué, il n’existe pas de guerre civile entre Juifs, même si de sérieuses différences d’opinion continuent à diviser notre société.

On dénombre ainsi trois mouvements principaux dans le peuple juif : les religieux, les nationalistes et les séculiers. Le mouvement religieux reste soucieux de la seule étude de la Torah utilitaire. Le mouvement nationaliste se préoccupe de restituer la souveraineté juive sur cette terre. Quant au courant humaniste ou laïque, il cède la primauté aux valeurs humaines, ainsi qu’aux idéaux de la culture et de la moralité, sans tenir compte des préceptes religieux, ni même parfois, du nationalisme juif. Ces trois courants possèdent tous une portion de vérité, mais chacun d’eux croit détenir la seule et authentique vérité. Chaque mouvement tente donc, parfois hâtivement, de persuader l’autre du bien-fondé de ses opinions au lieu de s’imprégner des éléments positifs existant chez l’autre.

Malheureusement, il subsiste encore une animosité arbitraire envers ceux qui sont différents de nous. Nul n’est parfait, et chacun de nous a la responsabilité d’examiner ses défauts, de les combattre et de les vaincre – tout en révélant les qualités de l’autre ! Ceci est vrai sur le plan individuel et l’est tout autant sur le plan collectif. Les nationalistes doivent comprendre le rôle essentiel des lois Thoraniques et les religieux doivent admettre l’importance de l’Etat.

Chacun doit conserver sa spécificité. Le patriarche Jacob avait douze fils dont chacun avait reçu une bénédiction différente et qui lui était appropriée. Ensuite, Moïse a entériné ces différences au niveau des tribus qui, toutes ensemble, allaient construire la nation juive unifiée. Nous sommes cependant convaincus que la haine gratuite disparaîtra totalement. Le Rav Kook estimait qu’aucune collectivité à l’intérieur du peuple juif ne pouvait être parfaite, c’est pourquoi il ne se réclamait d’aucun courant spécifique. Il appartenait à tous les courants et tendances du peuple juif. Nous aussi, nous devrions pouvoir nous reconnaître à travers tout ce qui est positif dans tout mouvement, quel qu’il soit, au sein de notre société.

Ce qui a été détruit par la haine gratuite ne sera reconstruit que par l’amour gratuit !

 

 

4 Commentaires

  1. je ne vois pas le rapport entre le titre et le contenu de l’article…
    Comment parvenir à l’amour gratuit ?

  2. La « Galout » c’est entre autre, que les choses ne sont pas à leur place …les juifs ne sont pas au niveau moral ,physique,etc…où ils devraient être et aussi malheureusement leurs cerveaux ne fonctionnent pas à l’endroit…Tout est déconnecté de la source de notre vitalité sauf certains qui s’y acharnent et qui y investissent toutes leurs forces…et Ils sont plutôt rares…
    Conclusion TOUT ce qui nous dérange ou qui nous paraît illogique et déplacé n’a qu’UNE cause « la destruction du temple de Jérusalem » et notre manque d’enthousiasme à faire les efforts attendus pour sa reconstruction ! ! ! la Galout c’est un état d’esprit…qui empêche le coeur de battre…
    Tsom Kal ! (jeûnez facilement…ce jeûne de tichea bé Av)

  3. le troisieme groupe humanitaire que vous mentionnez et qui pronnent les valeurs humanitaires sont des symboles futiles car elles sont elles memes imbriquees de les livres de la thora donc le troisieme groupe n a pas lieu d etre!!!!!!!!!!!!!!!!!!!