Le musée juif de Berlin propose une nouvelle exposition sous forme de questions qui est à la limite injurieuse pour le peuple juif et qui se justifie selon ses organisateurs, comme un moyen pour expliquer aux visiteurs le judaïsme.
Les visiteurs sont confrontés à des questions qui rappellent la période antisémite avant la Shoah en Allemagne comme : « Les Juifs ont-ils le nez long? », « Sont-ils particulièrement doués en affaires? », « Peut-on faire des blagues sur l’Holocauste? », « Est-ce que « Juif’ est un juron? » « Comment naissent les Juifs », « Pourquoi les Juifs ont des papillotes ou encore « Est-ce acceptable d’appeler un enfant Adolf? »toutes inscrites par une projection sur le sol.
Ces questions ont été inspirées suite aux commentaires signalés par les visiteurs dans les 800 livres d’or depuis l’ouverture du Musée en 2001 : « The Whole Truth- What You’ve Always Wanted to Know About Jews (« Toute la vérité, ce que vous avez toujours voulu savoir à propos des Juifs »).
On peut apercevoir derrière une vitrine la question : « Y-a-t-il encore des juifs en Allemagne? » . Chaque jour, un juif ou une juive seront choisis pour répondre aux questions des visiteurs et de façon individuelle.
Ce mercredi, Dekel Peretz, doctorant en étude d’histoire juive allemande, qui au début n’a pas apprécié cette façon d’expliquer le judaïsme derrière une vitrine et devenir « une bête de foire »le temps de faire passer la curiosité de ses visiteurs….
« Mais mon approche est d’étudier les gens tout comme eux m’étudient », explique l’homme de 33 ans originaire de Ra’anana, près de Tel Aviv. « Cela m’intrigue énormément de découvrir le genre de questions qu’ils me poseront. En bien des aspects, au quotidien, faire partie du peu de Juifs qui vivent en Allemagne est un peu comme vivre dans une boîte; votre simple présence dans un pub provoque des débats sur l’Holocauste et la politique au Moyen-Orient. Cela ne m’a donc pas décontenancé de participer au projet ».
Il a parlé avec un couple originaire du sud de l’Allemagne : « Nous n’avons pas souvent l’occasion de rencontrer des Juifs, j’étais donc intéressé de savoir pourquoi il était si enthousiaste de parler de sa judéité », raconte Eckhard Morgen, 62 ans. L’histoire de M.Peretz l’a bouleversé: une grande partie de la famille marocaine, roumaine et polonaise du jeune homme a péri lors de l’Holocauste.
C’est une exposition assez voyeuriste, mais selon Martina Lüdicke, qui fait partie de l’équipe de l’exposition, elle explique que le principal objectif est de « déclencher des débats intéressants ».
Mais jusqu’à quel point faudra-t-il provoquer les visiteurs avec des questions comme: « Est-ce qu’au lit, c’est différent avec les Juifs » ou bien même de placer une personne juive en exposition de la sorte ?
« Je pense que nous devons le faire », avait conclut un des organisateurs dans un e-mail. « Comme dirait le perroquet de Winston Churchill: « Fuck Hitler ». Mettons un Juif vivant en exposition, pas un Juif mort ».
Certains visiteurs quittent l’exposition avec plus de questions qu’ils n’en avaient en arrivant ….