Une étude israélienne récemment révélée montre que les femmes exposées de manière prolongée à la violence sécuritaire (comme celles vivant près des zones frontalières en conflit) présentent des symptômes de stress post-traumatique comparables à la moyenne nationale.

Mais chez les femmes ayant déjà été victimes de violences sexuelles et vivant dans ces zones, les symptômes sont nettement plus graves.

« Aujourd’hui, on sait que les femmes exposées régulièrement à la violence sécuritaire – comme celles vivant dans la région de Gaza (le “Otef”) – ne développent généralement pas de symptômes post-traumatiques. Mais il s’avère que les femmes ayant subi une “double agression” – sexuelles et sécuritaires – souffrent des symptômes les plus intenses », explique Naama Bar, doctorante en 4e année au programme de gestion et résolution des conflits à l’Université Ben Gourion, à l’origine de l’étude.

Bar est également assistante sociale clinicienne, spécialisée dans le traitement des victimes de violences sexuelles et d’actes hostiles. Elle a mené cette recherche en collaboration avec la professeure Arna Brown Levinson et la docteure Stav Shapira, de la faculté de santé publique.

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Une population doublement vulnérable

Selon Bar, les communautés proches de Gaza doivent être particulièrement conscientes de la présence de victimes de violences sexuelles dans leur environnement.

L’étude, qui sera présentée au 1er congrès israélien sur la santé mentale en situation de guerre (ICAMH), repose sur deux principaux facteurs :

  • L’exposition à la violence sécuritaire
  • L’exposition à la violence sexuelle

Quatre groupes de femmes ont été étudiés :

  1. Faiblement exposées aux deux types de violence
  2. Fortement exposées à la violence sexuelle, mais vivant loin des zones de conflit
  3. Vivant dans les zones de conflit, sans antécédents d’agression sexuelle
  4. Victimes de double exposition : violences sexuelles passées et vie dans une zone de conflit

Des symptômes ravivés par les sirènes et les explosions

L’exposition à la violence sexuelle a été évaluée par des questions précises, telles que :

« A-t-on déjà embrassé vos lèvres sans votre consentement ? »

L’exposition à la violence sécuritaire comprenait des questions comme :

« Avez-vous été exposée à des tirs de roquettes, à des ballons incendiaires ou à des alertes d’intrusion ? »

Bar explique que les femmes vivant dans les zones de conflit ont systématiquement donné des réponses indiquant une exposition élevée à la violence sécuritaire.

Elle précise :

« L’étude a commencé plusieurs années avant le 7 octobre. Ce que l’on observait jusque-là dans les communautés autour de Gaza est maintenant visible dans tout le pays. »

En tant que responsable d’un centre de traitement pour traumatismes sexuels dans le conseil régional d’Eshkol, elle a remarqué une hausse brutale des demandes d’aide après chaque escalade militaire.

« Les femmes traitées pour anxiété sécuritaire abordaient aussi spontanément des souvenirs d’agressions sexuelles. »

Une menace similaire : la violation du foyer et du corps

« Après le 7 octobre, on a constaté une hausse de 57 % des appels vers les centres d’aide aux victimes de violences sexuelles. Les hôpitaux eux aussi signalent une montée des symptômes post-traumatiques. »

Bar explique :

« La menace d’une agression sexuelle et celle d’une attaque sécuritaire sont perçues comme similaires sur le plan psychologique : elles violent toutes deux l’espace intime du foyer. Dans les deux cas, la maison cesse d’être un lieu sûr. Or, 87 % des agressions sexuelles se produisent à domicile ou dans l’environnement proche. Cela ravive donc les traumatismes. »

Quels symptômes ont été observés chez les « victimes doubles » ?

Selon les critères du DSM-5 :

  • Flashbacks
  • Évitement de certains lieux ou actions
  • Hypervigilance
  • Palpitations, sensation d’étouffement, anxiété permanente

Le facteur de résilience a également été étudié. Il inclut :

  • Le sentiment de cohérence (le monde a du sens, il n’est pas chaotique)
  • Le soutien communautaire

« Les habitants du “Otef” avaient le plus haut niveau de qualité de vie avant le 7 octobre, et les taux de stress post-traumatique les plus bas d’Israël. »

Mais chez les femmes victimes de violences sexuelles et vivant dans ces régions :

  • La résilience communautaire chute
  • Les symptômes post-traumatiques explosent

« Les explosions déclenchent des souvenirs d’agressions sexuelles »

« Après le 7 octobre, j’ai traité des dizaines de cas chaque semaine. Les “boums” des roquettes ravivaient chez les femmes des souvenirs de viol », témoigne Bar.

« Chez certaines femmes abusées durant l’enfance et ayant déjà été soignées, le 7 octobre a tout réveillé. »