Le propriétaire juif d’une chaîne de magasin de vêtements français a été reconnu coupable de discrimination contre un Juif.
Le tribunal a jugé Dan Cohen, le co-fondateur de Eleven Paris, pour avoir renvoyé un travailleur parce qu’il était juif, selon le Parisien. La société Eleven, qui emploie 120 salariés et exploite la chaîne de prêt-à-porter Eleven Paris, a été condamnée à 20.000 euros d’amende, son président Dan Cohen à 10.000 euros d’amende, et l’ancien directeur réseau à 5.000 euros d’amende, dont la moitié avec sursis.
Le plaignant a été embauché en 2012 et renvoyé à la fin de ses 15 heures de période probatoire. Il prétend qu’un autre employé lui a dit qu’il a été congédié pour être juif, car Mr Cohen « ne veut pas d’employés juifs parce qu’il ne peut pas les faire travailler le jour du Shabbat ».
Comme preuve, il a produit des enregistrements de conversations dans lesquelles l’employé a expliqué que « sur un choix de foi, [les responsables] ne veulent pas faire travailler les Juifs le Shabbat, précisément parce qu’ils sont juifs pratiquants ».
Le plaignant a ajouté qu’il n’est pas religieux et n’aurait pas eu de problème à travailler le jour du shabbat.
Mr Cohen a nié l’accusation et a déclaré que la société ne possède pas de telles règles. Le tribunal, cependant, a dit que la déclaration de Mr Cohen était « moins plausible ».
Mais selon Minutes.fr, Mr Cohen ne voulait pas entraîner d’autres juifs à profaner le Shabath :
» Le 4 octobre 2012, est embauché en contrat à durée indéterminée un jeune homme de 26 ans, comme conseiller de vente. Quinze jours plus tard, le directeur réseau, qui faisait office de directeur des ressources humaines, lui signifie la fin de sa période d’essai, en lui remettant un courrier, sans motivation. Mais il lui avait dit que ses employeurs ne voulaient pas le garder « parce qu’il était juif » et que le patron, Dan Cohen, ne souhaitait pas « avoir d’employés juifs car il ne pouvait pas les faire travailler le samedi, jour du shabbat ».
Le vendeur avait ensuite enregistré des conversations téléphoniques avec le responsable réseau, lequel expliquait « ils ont pour pratique de ne pas faire travailler les personnes de confession juive sur les périodes de shabbat, tout ça justement parce qu’ils sont très pratiquants », mais lui assurait que, pour le vendeur, « niveau travail ça allait » »
« Il n’y a pas de discrimination dans l’entreprise »
Il avait également enregistré une responsable d’une boutique, qui disait « le boss est un peu religieux », « ils ne veulent pas que les juifs travaillent le samedi ».
Un autre encore avait évoqué une « règle tacite que l’on apprend par la bouche à oreilles et qui vient de Dan Cohen… Il ne veut pas que ses employés de confession juive travaillent pour shabbat ».
Dan Cohen, lui, s’était défendu en expliquant que son directeur réseau avait agi de sa propre initiative. Sans convaincre le tribunal, qui a jugé « peu crédible » que le « DRH » se soit « octroyé la liberté de commettre des discriminations religieuses à l’embauche » ou qu’il ait « mal compris et mal interprété » la politique d’embauche « de l’entreprise, » alors qu’il s’agissait de sa principale attribution ».
« Il n’y a pas de discrimination dans l’entreprise », a affirmé à l’AFP Me Patrick Klugman, avocat de la société et de M. Cohen, dont la condamnation est selon lui « justifiée par rien, à part des racontars ».
Il fait valoir que le responsable réseau a été mis à pied, et a aujourd’hui quitté l’entreprise, laquelle a mandaté SOS Racisme pour mener un audit et sensibiliser aux questions de discrimination.
L’avocat n’a pu préciser si ses clients entendaient faire appel.
Les prévenus ont en outre été condamnés à verser au total 7.700 euros de dommages et intérêts au plaignant. Ce dernier est « très soulagé par la décision », selon son avocate, Me Emilie Chalin, dans ce dossier où il n’est question ni de « racisme » ni « d’antisémitisme ».
Son client est « entré en religion » tardivement, après 20 ans, n’est « pas non plus un pratiquant obstiné » : il « n’aurait jamais refusé de travailler un samedi ». Cette affaire est « tellement invraisemblable » que ses parents ne le croyaient pas, a ajouté l’avocate.