George Deek est un Arabe chrĂ©tien dont la famille a fui au Liban en 1948, mais il est revenu au sein de lâĂtat juif. George est un diplomate israĂ©lien et un orateur Ă©tonnant. Câest aussi le meilleur Diplomate dâIsraĂ«l qui donne de lâespoir Ă lâensemble du Moyen-Orient.
George Deek est un Arabe dans un Ătat juif et chrĂ©tien dans un monde arabe Ă majoritĂ© musulmane, et il reconnaĂźt que son identitĂ© multicouche est un atout.
Lorsque George Deek utilise le mot «nous» dans une conversation, nous ne savons pas si cela signifie «nous, Palestiniens, » ou plutĂŽt « nous, IsraĂ©liens, » ou peut-ĂȘtre « nous, les Occidentaux, » ou mĂȘme « nous les Arabes. »Â
Ă lâĂąge de 30 ans avec sa silhouette mince, il est Ă la fois un diplomate israĂ©lien, reprĂ©sentant de lâĂtat juif, et un descendant dâune famille palestinienne qui a fui sa maison pendant le conflit arabo-israĂ©lien lors de la guerre de 1948. Ses cousins ââvivent aujourdâhui au Canada, DubaĂŻ, Damas, et Ă Ramallah, et certains dâentre eux sont considĂ©rĂ©s par lâONU comme des rĂ©fugiĂ©s de cette mĂȘme guerre.
Cette tension personnelle a dĂ©buté lâĂ©tĂ© dernier, pendant la guerre entre IsraĂ«l et le Hamas, quand Deek Ă©tait chargĂ© des affaires dâIsraĂ«l Ă Oslo. Il a prĂ©sentĂ© les positions dâIsraĂ«l et a dĂ©fendu ses actions, alors que les rĂ©seaux de la tĂ©lĂ©vision norvĂ©gienne prĂ©sentaient des images sans fin de destruction de la bande de Gaza. Il a expliquĂ© comment fonctionne lâarmĂ©e israĂ©lienne. Il a parlĂ© au nom dâIsraĂ«l, quand aucun de ses tĂ©lĂ©spectateurs et auditeurs ne savait quâil Ă©tait en fait (aussi) un Palestinien.
Quelques semaines plus tard, Ă la fin du mois de Septembre, il a dĂ©cidĂ© de dĂ©voiler son histoire personnelle pour la premiĂšre fois. Dans une confĂ©rence Ă la Chambre de la littĂ©rature Ă Oslo, lors du lancement de la traduction norvĂ©gienne du livre de lâhistoire de Benny Morris dĂ©diĂ© Ă la guerre de 1948, Deek a racontĂ© comment son grand-pĂšre a fui Jaffa et a atteint le Liban, comment il a insistĂ© pour revenir en IsraĂ«l Ă la fin de la guerre, et comment il a Ă©levĂ© sa famille en pleine  naissance de lâEtat juif.
Il a parlé de la souffrance personnelle de sa propre famille, maintenant éparpillée dans le monde entier, mais aussi du fait que «les Palestiniens sont devenus des esclaves du passé, retenus captif par les chaßnes de ressentiment, détenus dans le monde par la frustration et la haine ».
Mais il a aussi parlĂ© de la voie Ă suivre, et surtout de lâespoir. Il a parlĂ© de son voisin Avraham, un survivant de la Shoah, qui lui a enseignĂ© de toujours regarder vers lâavenir et non vers le passĂ©. Il a donnĂ© Ă ses auditeurs un sentiment du pourquoi un jeune arabo-palestinien a dĂ©cidĂ© de consacrer sa carriĂšre au Service israĂ©lien des Affaires Ă©trangĂšres. Son discours qui a Ă©tĂ© un succĂšs fut « le meilleur dâun diplomate israĂ©lien ».
Comme un fils natif de Jaffa, dans la banlieue mixte judĂ©o-arabe de Tel-Aviv (60.000 habitants), Deek connaĂźt ses rues et ruelles dĂ©labrĂ©es. Il prie dans lâĂ©glise chrĂ©tienne orthodoxe locale. Son dĂ©funt pĂšre, Joseph, Ă©tait Ă la tĂȘte de la communautĂ© orthodoxe de la ville, et tout le monde le connaissait.
Son grand-pĂšre se trouvait dans le quartier Ajami avant 1948, qui aujourdâhui est en ruine. Son grand-pĂšre George a travaillĂ© comme Ă©lectricien et quelques amis juifs lui ont appris le yiddish, il a Ă©tĂ© lâun des premiers Arabes Ă parler la langue ashkĂ©naze. Il sâest fiancĂ© an 1947 Ă VĂ©ra, sa femme. Quelques mois plus tard, lorsque les Nations Unies ont approuvĂ© le plan de partage, les dirigeants arabes ont averti que les Juifs seraient tuĂ©s sâils restaient « à la maison ». « Ils ont dit Ă tout le monde de quitter leurs maisons et sâenfuir», a dĂ©clarĂ© Deek. « Ils ont dit quâils auraient besoin que de quelques jours, car cinq armĂ©es avaient promis de dĂ©truire le IsraĂ«l, le nouveau-nĂ©. »
Sa famille, horrifiĂ©e par ce qui pourrait arriver, a dĂ©cidĂ© de fuir vers le nord, vers le Liban. Ils y sont restĂ©s pendant de nombreux mois, et quand la guerre a cessĂ©, ils ont rĂ©alisĂ© quâils avaient Ă©tĂ© trompĂ©s par les Arabes car » les Juifs ne tuent pas tous les Arabes », comme on leur avait dit : « Mon grand-pĂšre regarda autour de lui et ne vit rien, mais une vie sans issue comme celle des rĂ©fugiĂ©s», a dĂ©clarĂ© Deek. « Il savait que dans un endroit coincĂ© dans le passĂ© sans capacitĂ© de regarder vers lâavant, il nây avait pas dâavenir pour sa famille. Parce quâil avait travaillĂ© avec les Juifs et Ă©tait ami avec eux, il nâa pas Ă©tĂ© endoctrinĂ© par la haine ».
Son grand-pĂšre a fait ce que peu dâautres auraient osĂ©, il a contacté un de ses vieux amis de la compagnie dâĂ©lectricitĂ©, et a demandĂ© son aide pour revenir en IsraĂ«l. Cet ami Ă©tait non seulement capable et dĂ©sireux de lâaider Ă revenir, mais a mĂȘme fait en sorte quâil obtienne un emploi.
Nous avons regardé la maison en ruine pendant quelques instants. « Nous allons continuer  » a-t-il suggéré.
Parmi les frĂšres et sĆurs et les cousins ââde Deek vivant en IsraĂ«l, il y a des comptables, des ingĂ©nieurs, des directeurs dâusine, des professeurs dâuniversitĂ©, des mĂ©decins, des avocats, des architectes et des Ă©lectriciens. « La raison pour laquelle nous avons rĂ©ussi », a-t-il dit, « est que je suis un diplomate israĂ©lien, et non un rĂ©fugiĂ© palestinien au Liban, est que mon grand-pĂšre a eu le courage de prendre une dĂ©cision qui Ă©tait impensable pour les autres. »
Il parlait lentement et doucement, comme quelquâun qui avait beaucoup rĂ©flĂ©chi Ă la question. Il a dit que le choix de son grand-pĂšre devait ĂȘtre un modĂšle pour la minoritĂ© arabe en IsraĂ«l dans son ensemble: «Malheureusement, les Arabes en IsraĂ«l aujourdâhui sont obligĂ©s de choisir entre deux mauvaises options. Lâassimilation, une tentative un peu comique, mais aussi triste, car elle est vouĂ©e Ă lâĂ©chec. En fin de compte, ils ne sont pas juifs et ne le seront jamais.
« Dâautre part, et cela est un choix beaucoup plus frĂ©quent, il y a une option de sĂ©paratisme, qui est promu par les dirigeants politiques et religieux arabes. Ils disent que nous ne sommes pas vraiment IsraĂ©liens, seulement des Palestiniens avec la citoyennetĂ© israĂ©lienne, mais cette nuance crĂ©e une dissociation. Ils parlent de lâautonomie culturelle arabe et de la sĂ©paration, qui, je pense, peut conduire Ă lâextrĂ©misme et lâanimositĂ© contre les Juifs. Selon cette version, un fidĂšle israĂ©lo-arabe doit se dĂ©finir dâabord et avant tout un anti-israĂ©lien.
«Avec le premier choix, vous perdez qui vous ĂȘtes; avec le second, vous perdez ce que vous pouvez devenir. Mais je crois quâil y a une troisiĂšme voie. Nous pouvons ĂȘtre fiers de notre identitĂ©, et en mĂȘme temps, vivre en tant que minoritĂ© ayant une nationalitĂ© diffĂ©rente, dans un pays avec une religion diffĂ©rente et une culture diffĂ©rente de la nĂŽtre, tout en contribuant Ă lâessor de ce pays. Il nây a pas de meilleur exemple Ă mon avis que les Juifs en Europe, qui ont conservĂ© leur religion et lâidentitĂ© depuis des siĂšcles, mais qui ont tout de mĂȘme rĂ©ussi Ă influencer profondĂ©ment, peut-ĂȘtre mĂȘme crĂ©er la pensĂ©e moderne europĂ©enne.
Les Juifs ont souffert de la mĂȘme dissonance entre leur propre identitĂ© et la sociĂ©tĂ© environnante. Leur succĂšs ne fut pas en dĂ©pit de leur caractĂšre distinctif, mais Ă cause de cela. Je parle de Marx, Freud, Einstein, Spinoza, Wittgenstein.
« Sommes-nous moins intelligents ? Je ne le pense pas. Nous devons contribuer au bien commun et faire partie du courant dominant israĂ©lien dans la politique, lâĂ©conomie, la culture, la mode, la technologie, la musique, dans tout. Nous avons nos modĂšles. La Cour suprĂȘme avec Salim Joubran ; Le juge George Kara, qui a envoyĂ© un prĂ©sident juif en prison ; lâInstitut Weizmann et son chercheur Jacob Hanna ; et des auteurs tels que Sayed Kashua et Anton Shammas, ou Franz Kafka ».
Il a dĂ©plorĂ© le fait que les dirigeants arabes ne suivent pas cette voie, mais avancent plutĂŽt  lâidentitĂ© arabe et lâidentitĂ© israĂ©lienne sur une trajectoire dâopposition constante. La minoritĂ© arabe en IsraĂ«l, a-t-il dit, pourrait avoir un rĂŽle primordial dans la crĂ©ation dâun pont avec lâensemble du monde arabe Ă travers le commerce, la culture et la littĂ©rature, grĂące Ă sa position unique. « Il y a un dĂ©fi Ă relever pour la communautĂ© juive aussi, » a-t-il ajoutĂ©, « qui ont Ă accepter une minoritĂ© qui veut maintenir et garder son caractĂšre distinct et faire partie du processus de prise de dĂ©cision. »
***
Les chrĂ©tiens orthodoxes de Jaffa ont cĂ©lĂ©brĂ© leur Nouvel An Ă la mi Janvier, et ainsi, quelques milliers dâentre eux se sont alignĂ©s dans la rue principale de la ville, une nuit dâhiver froid, pour la parade festive annuelle. Il y avait un groupe de break-danseurs, dâĂ©normes ballons, des feux dâartifice et beaucoup de garçons et filles dans un milieu mixte, mais lâattraction principale Ă©tait le groupe de scouts de chrĂ©tiens orthodoxes qui jouaient des morceaux allant de «Jingle Bells» Ă lâOde Ă la Joie de Beethoven. Comme un joueur de trompette et un ancien chef de la bande, Deek ne manque pas une occasion de jouer avec la bande ; chaque annĂ©e, il revient en IsraĂ«l pour les vacances dâhiver.
Il a Ă©tudiĂ© Ă Jaffa, mais son pĂšre lâa envoyĂ© Ă lâune des meilleures Ă©coles secondaires dans le nord de Tel-Aviv, oĂč il Ă©tait le seul arabe. Il se distingue comme un orateur Ă©loquent, alors que la seconde Intifada a Ă©clatĂ© en 2000âŠÂ AprĂšs son diplĂŽme, il a pratiquĂ© le droit pendant quelques annĂ©es, et un jour, il a vu une annonce dans le journal pour le prochain cours de cadets pour les diplomates.
Ses amis arabes lui ont dit quâil nâa pas une seule chance ; « il nâa mĂȘme pas servi dans lâarmĂ©e », ont-ils dit. Convaincre son pĂšre, un nationaliste arabe et membre dâun parti politique anti-sioniste, Ă©tait difficile. Le jeune Deek a promis Ă son pĂšre quâil le faisait pour atteindre son but, et non pour le statut ou les avantages. « Je ne pourrai jamais oublier sa rĂ©ponse, » a-t-il dit. « Il mâa dit quâil voulait faire de moi un homme, et donc mâa appris Ă penser, et non quoi penser. »
ReprĂ©sentant dâIsraĂ«l en NorvĂšge, oĂč il a Ă©tĂ© pendant un certain temps le diplomate de plus haut rang dans lâambassade, ce qui ne fut pas toujours une tĂąche facile. Cependant, ses identitĂ©s mixtes et contradictoires lâont aidĂ© Ă remarquer des Ă©lĂ©ments auxquels dâautres personnes nâauraient probablement mĂȘme pas prĂȘtĂ© attention :  « les NorvĂ©giens et les IsraĂ©liens ont en commun le sentiment quâils savent mieux que quiconque comment faire les choses. Les NorvĂ©giens ont ce sentiment de supĂ©rioritĂ© gĂ©ographique vers le reste du monde ; une sorte de «nous sommes loin et au-dessus de tout cela. » Je me souviens que, lorsque je venais de revenir de mon prĂ©cĂ©dent poste au Nigeria, jâai vu un panneau annonçant un «Film du festival sud » . Je suis sĂ»r que ceux-ci allaient ĂȘtre les films africains, mais je dĂ©couvrais quâils Ă©taient en fait des films allemands et français. Des pays qui, pour la NorvĂšge, se trouvaient au sud. VoilĂ ce quâest la gĂ©ographie. VoilĂ Ă peu prĂšs la mentalitĂ© de regarder le monde dâun piĂ©destal plus Ă©levĂ©.  »
«Comment pourrait-il ĂȘtre possible que je sois ici Ă Â la fois israĂ©lien, arabe, chrĂ©tien, et un diplomate en NorvĂšge?
JusquâĂ rĂ©cemment, la NorvĂšge a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme lâun des pays les plus hostiles Ă lâEurope envers IsraĂ«l, et Deek a dĂ» faire face Ă ces sentiments au quotidien. « Si vous me demandez comment beaucoup de NorvĂ©giens pensent que les Juifs appartiennent Ă une religion infĂ©rieure, ou que les Juifs contrĂŽlent le monde, la rĂ©ponse serait courte», a-t-il dit. « Mais je pense que lâĂtat dâIsraĂ«l lui-mĂȘme est devenu un substitut pour ces vieux sentiments antisĂ©mites.
«à lâĂ©poque oĂč la religion Ă©tait la source de lâautoritĂ©, les Juifs ont souffert Ă cause de leur religion. Quand la science est devenue la source de lâautoritĂ©, les Juifs ont souffert en raison de leurs caractĂ©ristiques biologiques raciales. Maintenant, la source de lâautoritĂ© est la question des Droits de lâHomme, et lâĂtat juif est accusĂ© dâavoir commis tous les abus les plus graves Ă la fois: lâapartheid, le gĂ©nocide, le nettoyage ethnique, les crimes de guerre, crimes contre lâhumanitĂ©. Tout comme les Juifs ont posĂ© un dĂ©fi Ă la sociĂ©tĂ© non-juive Ă travers les Ăąges, donc IsraĂ«l reste un dĂ©fi pour le monde dâaujourdâhui. VoilĂ les arguments auxquels je devais faire face Ă : la capacitĂ© des NorvĂ©giens Ă accepter un Ătat juif avec toute son unicité ».
Il a eu une conversation rĂ©vĂ©latrice avec lâune des leaders du YMCA de la NorvĂšge qui a dĂ©cidĂ© de boycotter IsraĂ«l. « Je lui ai demandĂ©,« Pourquoi IsraĂ«l? Il y a sĂ»rement des cas beaucoup plus graves de violations des droits humains Ă travers le monde. MĂȘme si tout ce quâon dit Ă©tait vrai, IsraĂ«l nâĂ©tait toujours pas le pire pays dans le monde. Et Ă mon grand Ă©tonnement, elle a rĂ©pondu: «Eh bien, nous devons commencer quelque part». Elle mâa rappelĂ© lâhistoire cĂ©lĂšbre de lâancien prĂ©sident de lâUniversitĂ© dâHarvard, qui lorsquâon lui a demandĂ© pourquoi il a distinguĂ© les juifs sur des quotas, il a rĂ©pondu, «les Juifs trichent.» Quand il a Ă©tĂ© rappelĂ© que les chrĂ©tiens trichaient aussi, il a dit : «Tu changes de sujet. Nous parlons maintenant des Juifs â.  »
Une des astuces utilisĂ©e lors de lâexamen dâIsraĂ«l est de ne rĂ©vĂ©ler son identitĂ© complĂšte quâĂ la moitiĂ© de la conversation. « Pendant la guerre entre IsraĂ«l et le Hamas en 2012, jâai invitĂ© un journaliste trĂšs expĂ©rimentĂ© qui a Ă©tĂ© assujetti au moment du conflit. Ă un certain moment, il a commencĂ© Ă mâaccuser, en disant: « Vous les Juifs vous ne voulez pas que les Palestiniens aient leur propre Ătat ». Je lui ai rĂ©pondu que je ne suis pas juif. « Je reprĂ©sente lâĂtat juif, mais je suis arabe-palestinien avec des parents Ă Ramallah », et jâai pu lui dire quâil avait tort.
«Chaque diplomate israĂ©lien aurait pu lui dire quâil avait tort, mais quand je lâai fait, il y avait un sens diffĂ©rent. Il a dit, «Attendez un instant, vous ĂȘtes israĂ©lien? Je lui ai rĂ©pondu oui. Il a demandĂ©, « Et vous reprĂ©sentant dâIsraĂ«l? Jâai dit oui. « Mais vous ĂȘtes arabe? » Jâai dit oui. Il Ă©tait trĂšs confus et ne comprenait pas comment je pouvais ĂȘtre Ă la fois israĂ©lien, arabe, chrĂ©tien, et un diplomate en NorvĂšge. Et ce fut une personne prĂ©tendument informĂ©e sur IsraĂ«l et sur sa sociĂ©tĂ©. Mais de nombreuses fois, dans les mĂ©dias ou le monde universitaire, les personnalitĂ©s de la politique basent leurs pensĂ©es sur la mode et non sur des faits ou la rĂ©alité ».
***
Pourquoi, de tous les emplois et professions, Deek a choisi de sâaligner avec une partie de son identitĂ©, qui est situĂ©e dans un tel conflit avec dâautres parties de son identitĂ© ? Une clĂ© de la rĂ©ponse rĂ©side peut-ĂȘtre dans le fait que des histoires comme la sienne peuvent se produire que dans des sociĂ©tĂ©s libres et ouvertes. Sa dĂ©cision de se battre pour IsraĂ«l et de poursuivre la carriĂšre dâun diplomate est en quelque sorte un combat pour lui-mĂȘme un personnage multicouche, luttant pour trouver sa propre voie dans une situation de double minoritĂ© : arabe dans un Ătat juif et chrĂ©tien dans un environnement de majoritĂ© musulmane. La survie dâIsraĂ«l garantit sa propre survie.
« Si il nây a pas de place dans le Moyen-Orient pour un Ătat juif, il nây a pas de place Ă la diffĂ©rence de quiconque » a-t-il dit. « Et voilĂ pourquoi nous voyons aujourdâhui la persĂ©cution des YĂ©zidis, chrĂ©tiens, bahaĂŻs, les chiites contre les sunnites et vice versa, et mĂȘme sunnites contre dâautres sunnites qui ne suivent pas lâislam de la mĂȘme façon. La clĂ© du changement est connectĂ©e profondĂ©ment Ă notre capacitĂ© comme celle des Arabes Ă accepter la lĂ©gitimitĂ© des autres. Par consĂ©quent, lâĂtat juif est notre plus grand dĂ©fi, parce quâil a une autre nationalitĂ©, avec sa religion et sa culture. Les juifs sont un dĂ©fi, car en tant que minoritĂ©, ils insistent sur leur droit Ă la diffĂ©rence. Le jour oĂč nous accepterons lâĂtat juif tel quâil est, toutes les autres persĂ©cutions dans le Moyen-Orient cesseront ».
«La clĂ© du changement est profondĂ©ment reliĂ©e à notre capacitĂ© en tant quâArabes Ă accepter la lĂ©gitimitĂ© des autres.»
Il est clair pour lui que le problĂšme avec IsraĂ«l, dans les yeux du monde arabe, ce ne sont pas ses politiques, mais son identitĂ©. Si IsraĂ«l Ă©tait un Ătat musulman, dit-il, personne ne se soucierait de ses politiques; aprĂšs tout, la plupart des Ătats musulmans traitent leurs citoyens de façon bien pire, et aucun Arabe crie au scandale Ă dâautres abus, pour les guerres ou les cas dâoccupation au Moyen-Orient. « Vous ne devez pas ĂȘtre anti-israĂ©lien en reconnaissant la catastrophe humanitaire des Palestiniens en 1948, » a-t-il dit. « Le fait que je communique sur Skype avec des parents au Canada qui ne parlent pas lâarabe, ou un cousin dans un pays arabe qui nâa toujours pas de nationalité en dĂ©pit dâĂȘtre dans la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration, cela reste un tĂ©moignage vivant sur les consĂ©quences tragiques de la guerre. »
Mais dans le mĂȘme temps, a-t-il poursuivi, quelque 800.000 Juifs ont Ă©tĂ© intimidĂ©s en fuyant le monde arabe, le laissant presque vide de Juifs. Et la liste est longue: Lorsque lâInde et le Pakistan ont Ă©tĂ© Ă©tablis, environ 15 millions de personnes ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©es; aprĂšs la Seconde Guerre mondiale quelque 12 millions dâAllemands ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s ; et rĂ©cemment, plus de 2 millions de chrĂ©tiens ont Ă©tĂ© expulsĂ©s dâIrak. Les chances de lâun de ces groupes Ă retourner dans leurs foyers sont inexistantes.
Pourquoi alors, la tragĂ©die des Palestiniens est encore vivante dans la politique dâaujourdâhui ? « Il me semble lâĂȘtre, » a-t-il dit, « parce que la Nakba a Ă©tĂ© transformĂ©e de catastrophe humanitaire en une offensive politique. La commĂ©moration de la Nakba ne consiste pas Ă se rappeler ce qui est arrivĂ©, mais Ă renier la simple existence de lâĂtat dâIsraĂ«l.
« Il est dĂ©montrĂ© plus clairement dans la date choisie pour commĂ©morer, le 15 mai, le lendemain du jour oĂč IsraĂ«l a proclamĂ© son indĂ©pendance. Par ce que la direction palestinienne a dĂ©clarĂ© que la catastrophe nâest pas lâexpulsion, les villages abandonnĂ©s ou lâexil. La Nakba est Ă leurs yeux la crĂ©ation dâIsraĂ«l. Ils sont moins attristĂ©s par la catastrophe humanitaire des Palestiniens que par la renaissance de lâĂtat juif. En dâautres termes, ils ne pleurent pas sur le fait que mes cousins ââsont Jordaniens, ils pleurent sur le fait que je suis un IsraĂ©lien ».
Deek a dit «Je», clairement cette fois ; il nâa pas dit «nous».
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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