À la veille de la reprise des pourparlers au Caire autour du plan Trump pour la libération des otages et la fin de la guerre à Gaza, le Wall Street Journal révèle une fracture profonde au sein du Hamas. Selon le quotidien américain, les dirigeants politiques exilés — notamment à Doha et à Beyrouth — seraient désormais favorables à une trêve négociée, tandis que les chefs militaires encore retranchés dans la bande de Gaza refusent tout désarmement. Une querelle interne qui menace de faire exploser le mouvement islamiste de l’intérieur.
Le Hamas, écrit le journal, traverse une crise existentielle. Son aile politique, affaiblie par deux ans de guerre, voit dans la proposition américaine une issue honorable et une chance de survie politique. Vendredi, l’organisation a même publié une déclaration qualifiée d’« historique » : elle y remerciait Donald Trump pour ses efforts de médiation et se disait prête à libérer 48 otages israéliens détenus depuis octobre 2023. Mais, derrière ce ton conciliant, les négociateurs arabes décrivent un climat de méfiance et de tension extrême entre les factions du mouvement.
Le cœur du désaccord porte sur deux points essentiels : le désarmement du Hamas et les conditions précises de la libération des otages. Les dirigeants politiques, dont Khalil al-Hayya, rescapé d’une tentative d’assassinat à Doha, seraient prêts à accepter les clauses américaines sous supervision égyptienne et onusienne. En revanche, les commandants militaires restés sur le terrain, dirigés par Ezzedine al-Haddad, dernier chef opérationnel survivant à Gaza, refusent catégoriquement de remettre leurs armes.
Selon les médiateurs cités par le Wall Street Journal, al-Haddad aurait proposé un compromis partiel : stocker les roquettes et les armes lourdes sous contrôle égyptien, mais conserver les fusils d’assaut pour « l’autodéfense ». Une concession jugée insuffisante par Washington et Le Caire.
Le fossé se creuse davantage avec la crainte d’une mutinerie. Plusieurs sources estiment que les milliers de recrues enrôlées pendant la guerre, souvent sans formation ni loyauté idéologique forte, refuseraient d’obéir à un ordre de reddition. Certains commandants redoutent déjà une désintégration totale de la chaîne de commandement : des combattants pourraient « déserter » vers d’autres groupes armés, comme le Jihad islamique ou le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
« Le Hamas a perdu ses cadres expérimentés, tués ou traqués, et les nouvelles unités agissent souvent sans coordination », explique un responsable égyptien impliqué dans la médiation. « Ce morcellement du commandement rend toute décision politique quasi impossible. »
Les négociateurs arabes avertissent qu’un accord partiel avec le Hamas ne suffirait pas à stabiliser la région : sans une structure de contrôle solide, la guerre pourrait se poursuivre sous d’autres bannières. Déjà , certains miliciens qualifient le plan Trump de simple « cessez-le-feu de 72 heures », estimant que la proposition américaine n’offre aucune garantie de survie à long terme pour le mouvement.
Le texte publié par le Hamas samedi mentionne que la libération des otages dépendra des « conditions sur le terrain », une formule volontairement vague. D’après les médiateurs, cela signifie en réalité que les chefs militaires exigent une évacuation israélienne totale de la bande de Gaza avant tout transfert de prisonniers.
En Israël, les responsables politiques restent prudents mais optimistes. « C’est le signe que la pression militaire et diplomatique fonctionne », confie une source sécuritaire à Infos-Israel.News (infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/). « Le Hamas est au bord de la rupture : ses dirigeants ne se parlent plus, et ses combattants ne lui obéissent plus. »
Cette lutte interne illustre un tournant stratégique : le Hamas d’après-guerre n’est plus un acteur unifié, mais un ensemble de clans rivaux, épuisés, divisés entre l’exil doré de Doha et les ruines de Gaza. Le risque pour les médiateurs est double : une implosion violente du mouvement, ou sa reformation sous une bannière plus radicale, peut-être sous influence iranienne.
Dans ce contexte, la rencontre prévue au Caire ce dimanche entre les délégations américaine, israélienne, égyptienne et qatarie revêt une importance cruciale. Washington espère arracher un accord avant que la désintégration du Hamas ne rende tout dialogue impossible.
Mais sur le terrain, la réalité est déjà celle d’un mouvement à bout de souffle, miné par la défiance et la peur. Comme le résume un diplomate occidental : « Le Hamas n’a plus d’armée, plus de stratégie et plus de légitimité. Il lui reste juste des armes et la peur de les poser. »
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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