Ce mardi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a annoncé qu’Israël avait frappé et détruit plusieurs sites militaires clés en Syrie, suite à la chute du président Bachar al-Assad survenue dimanche dernier. Selon Israël, ces opérations visent à empêcher que des armes stratégiques tombent entre les mains de groupes rebelles jugés « extrémistes ».
Depuis dimanche, environ 250 frappes israéliennes ont été recensées en Syrie, touchant des infrastructures telles que des aéroports, des dépôts d’armes, des radars et des centres de recherche militaire. Des navires de la marine syrienne auraient également été endommagés lors d’une attaque sur une unité de défense aérienne près du port de Lattaquié, situé dans le nord-ouest du pays.
C’est le ciel de la capitale syrienne ce matin après une nuit d’attaques particulièrement intenses dans la région de Damas et dans toute la Syrie.
Voici une liste particulièrement partielle des cibles attaquées hier soir par l’armée de l’air israélienne en Syrie, selon des sources syriennes :
*Quartier général de guerre électronique près d’A-Sida Zeinab, dans le sud de Damas.
*Héliport de Kfar Akbara (au sud de Damas)
*Le Centre de Recherche Scientifique de Kfar Barza (Damas Nord)
*Le Centre de Recherche Scientifique de Jamraya (Nord-Ouest de Damas)
* Champ Kamishli
*Le quartier de la ville qui reste (c’est le nom de la ville-EA) Sud Homs
*Navires de guerre de l’armée syrienne dans le port de Lattaquié
*Le Centre de Recherche Scientifique de Mezaif
* Entrepôts de l’armée syrienne dans la région d’Al-Khornish (la Promenade), Al-Masharifa et Rosh Shamra à Lattaquié
*Entrepôts de l’armée dans la zone A-Sumira à Damas
*Entrepôts d’armes dans la région d’Adra (au nord-est de Damas)
*Base du Podge 54 dans la région de Tartev à Qamishli
* Les batteries de défense aérienne à Damas et dans d’autres villes.
*Les avions de combat de l’armée de l’air syrienne
Gideon Saar, ministre des Affaires étrangères israélien, a déclaré lundi que ces frappes visaient à neutraliser des systèmes d’armement stratégiques, comme des armes chimiques résiduelles ou des missiles longue portée, pour éviter qu’ils ne soient utilisés par des factions islamistes radicales. Il a également qualifié les nouveaux dirigeants de la Syrie d’adeptes d’une « idéologie radicale et extrémiste ».
Le porte-parole de Tsahal en arabe, Avichai Adrei, a aussi précisé : « Les informations sur l’approche ou l’avancée des forces de Tsahal vers Damas sont totalement fausses. Les forces de Tsahal se trouvent dans la zone tampon et dans les points de défense proches de la frontière pour protéger les frontières israéliennes. »
Contexte des frappes et des tensions
Selon l’OSDH, ces actions militaires visent à détruire les armements encore stockés dans des dépôts ou sous le contrôle d’unités militaires liées à l’ancien régime, longtemps soutenu par l’Iran et le Hezbollah. La chute du régime de Bachar al-Assad est le résultat d’une offensive spectaculaire menée par des groupes rebelles, principalement Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Ce mouvement, issu de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, affirme avoir abandonné ses liens avec le djihadisme, une déclaration qui suscite encore le scepticisme des pays occidentaux, notamment des États-Unis, qui continuent de le classer comme organisation terroriste.
En parallèle, Israël a intensifié ses opérations dans la zone tampon du plateau du Golan, un territoire annexé en 1981. Cette avancée a été qualifiée de violation de l’accord de désengagement signé entre Israël et la Syrie en 1974, selon un porte-parole des Nations Unies.
Fuite d’Assad et gestion de la transition
Des informations relayées par des agences russes indiquent que Bachar al-Assad aurait quitté la Syrie avec sa famille pour se réfugier à Moscou. Certains anciens responsables de son régime se seraient également repliés à Beyrouth, bénéficiant de la protection du Hezbollah. Pendant ce temps, des milliers de familles à Damas attendent des nouvelles de leurs proches, notamment en lien avec la prise de la prison de Saydnaya par les rebelles. Ce lieu tristement célèbre aurait vu des milliers de détenus mourir sous la torture depuis le début du conflit en 2011.
Abou Mohammad al-Jolani, dirigeant des rebelles, a promis des récompenses pour toute information menant à l’arrestation d’anciens responsables accusés de crimes de guerre. Des discussions seraient également en cours pour organiser une transition politique avec l’appui du Parlement syrien et du parti Baas, autrefois dirigé par Assad.