Chère France,

Je me permets de t’écrire parce que je te connais bien. Tu es magnifique, tu es celle qui m’a élevée, éduquée, tu m’as fait grandir, tu m’as donné tout ce dont j’ai besoin pour grandir dans de bonnes conditions : des alloc, des études presque gratuites, des médocs remboursés par la Sécurité Sociale… Tu m’as aussi donné le goût de l’art, le goût du théâtre, le goût de la littérature. Chère France, tu m’as donné le goût du style et j’ai toujours été si fière de notre relation. Tu m’as toujours prouvé jusqu’à ce que je te quitte qu’il faut être tolérant, qu’il faut être ouvert, que la démocratie est la solution. Même quand mes pensées négatives et humaines me rongeaient de l’intérieur, je savais que je ne pouvais pas faire ce que je voulais, parce qu’avec toi on filait droit. Je t’ai quittée parce que ma vie prenait d’autres horizons, jamais non, au grand jamais parce que je ne te supportais plus. De loin je t’ai toujours regardée comme un exemple et ta vie culturelle m’a toujours manqué… Venir te voir a toujours été une récompense, telle une écolière qui a bien travaillé et qui a le droit de venir voir son ami en guise de récompense.

Tes senteurs, ton bruit, ta discipline, ton savoir-vivre, ta démarche, ton style, tout me plaît chez toi, tout me plaisait.

Mais chère France, que se passe-t-il avec toi aujourd’hui ? Je ne peux pas croire tout ce qu’on raconte sur toi, je ne peux pas croire qu’on dise tant de méchancetés de toi. Tu n’es pas comme ça. On dit que tu es dure avec les femmes, qu’elles ne se sentent pas en sécurité avec toi ? On dit que tu ne dénonces plus les actes d’injustice… Je te connais et je sais que tu n’es pas comme ça. Est-ce que c’est parce que tu as peur ? Est-ce que tu as perdu le contrôle de ton entreprise, toi qui savais si bien la diriger ?

Te regardant de loin, j’ai toujours eu l’impression que tes proches et toi vous viviez dans une bulle. Une jolie bulle de savon qui finirait par exploser. Pourquoi ? Parce que tu es riche, mais tu es à découvert, parce que ta petite entreprise est sympa, mais tu n’as plus de travail à offrir, parce que tu es open mais tu laisses entrer n’importe qui chez toi, même ceux qui veulent ta mort, et aussi parce que tu as l’apparence d’avoir du style mais économiquement parlant tu n’as pas d’avenir.

Ma chère et tendre… Comment peux-tu nier les problèmes qui arrivent et qui sont même déjà là ?

Comment peux-tu ne pas regarder la gangrène qui s’immisce dans ton corps de jeune fille.

Si j’étais encore à tes côtés, j’aurais songé à te quitter à l’heure qu’il est… Mais comme je suis loin, je pleure de te voir, je pleure ceux que j’aime, je pleure tout ce que j’aime encore chez toi et à jamais. Je pleure ta mort prochaine.

J’ai songé à ne pas t’écrire mais je me demande tout simplement pendant combien de temps je peux garder le silence. N’est-ce pas tout simplement une preuve de ma lâcheté ? Et de celle de tous ceux qui pensent cela de toi mais n’osent le dire ou ne le voient pas parce qu’ils sont aveuglés par leur quotidien ?

Ne te méprends pas sur mes ambitions, je n’ai pas l’intention de faire une carrière politique sur ton dos. Je veux juste que tu saches ce que je pense avant la fin. Après il se peut qu’il soit trop tard…

Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien…

J. S. pour Alyexpress-News.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Michel Sardou et Michel Polnareff ont tout deux chanter leur désarroi et leur déception à ce sujet, donc pourquoi pas une lettre?
    Pour autant que les concernés la lisent!