Israël est le leader mondial du taux de vaccination et des chercheurs du monde entier surveillent ce minuscule pays.
Il faut se frotter les yeux en regardant les comparaisons internationales des vaccins corona : Israël, plus petit pays du Moyen-Orient, laisse juste de la poussière à d’autres pays en termes de couverture des vaccins par rapport à la population, avec des différences difficiles à décrire.
Selon la dernière mise à jour sur le site Our World In Data, qui centralise les données, plus de 14% de la population israélienne a déjà été vaccinée lundi. C’est dix fois plus qu’au Royaume-Uni et aux États-Unis (1,4% chacun), et plus de 40 fois celui des principaux pays occidentaux comme le Canada et l’Allemagne.
Si la logistique d’Israël est difficilement reproductible à plus grande échelle pour d’autres pays, l’État hébreu pourrait bien devenir un témoin clef concernant l’efficacité réelle du vaccin Pfizer. Avec une telle avance, ce pays peut en effet aider à mieux évaluer les réactions des vaccinés.
40% des israéliens ont reçu la première injection du vaccin, selon le ministère de la Santé israélien. En réalité, ceux qui tendent l’épaule actuellement n’ont pas tous cet âge. Pour ne pas gaspiller les doses déconditionnées qui périment dans les 5 jours, les centres vaccinaux ouvrent souvent l’accès au vaccin au plus grand nombre en fin de journée, selon plusieurs médias français et israéliens.
L’engouement est fort en Israël. Il faut dire que la population n’est pas ménagée par la crise sanitaire. Le pays est confiné, pour la troisième fois depuis le début de l’épidémie. Ainsi, la demande d’un retour à la normale est propice à la vaccination, d’autant plus que la défiance est beaucoup moins forte qu’en France.
Plusieurs campagnes ont tout de même été lancées par les autorités pour éviter qu’un scepticisme n’apparaisse, en raison de fausses informations notamment, raconte le correspondant Santé et Science du Times of Israel, Nathan Jeffray. Le Premier ministre et d’autres personnalités se sont fait vacciner en direct à la télévision. Surfant sur cette relative confiance, les organismes de Santé publique israéliens proposent des rendez-vous directement par SMS pour se faire vacciner, relève Le Monde.
Cette vitesse impressionnante résulte aussi et surtout d’une volonté politique particulièrement forte. Pour cette vaccination ”sans précédent dans le monde”, selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le gouvernement avait prévu de faire très vite. Le nombre de morts du Covid-19 est loin du sinistre bilan français mais en septembre le taux de contamination israélien était le plus élevé au monde. Sous pression, Benjamin Netanyahu promet une sortie de crise “en moins de 30 jours” et une immunité collective au printemps, relève l’AFP. Si tout se passe bien, le pays recommencerait donc une vie normale… juste avant les élections nationales du 23 mars.
En Israël, le système de santé est public et gratuit. L’État peut compter sur des infrastructures et une logistique parmi les plus développés au monde. La distribution est assurée par l’armée, une des plus sollicitées et entrainées au monde. C’est une des clefs de l’efficacité israélienne, qui en plus bénéficie d’une densité de population relativement forte : les neuf millions d’habitants sont plus faciles à atteindre, le déploiement est plus rapide. Ces éléments participent au succès de la campagne.
Cette stratégie vaccinale est donc difficilement transposable en France. L’organisation israélienne profite de spécificités démographiques. Avec une population de 9 millions d’habitants, les plafonds journaliers de doses produites et livrées par Pfizer suffisent largement. Habité par une volonté politique d’aller très vite, Israël distribue chaque dose reçue dans un délai très court et optimise ce plafond.
Israël privilégie la vitesse
C’est peut-être sur cet aspect que la différence entre les deux pays est la plus grande. Si la France ne dispose pas de tels atouts naturels, le pays pourrait tout de même appliquer cette philosophie. Pour l’instant, nous sommes loin de délivrer toutes les doses réceptionnées. Le gouvernement préfère rassurer et mobiliser les médecins traitants.
Une lenteur extrême qui agace élus et scientifiques : “Aller doucement et prudemment, pourquoi pas, mais 500 vaccinés ? C’est une blague !” tempête pour le HuffPost ’immunologiste de l’INSERM Cecil Czerkinsky. Catherine Hill partage cet avis : “ Qu’est-ce qu’on attend ? Il faut s’inspirer d’Israël et vacciner aussi vite que l’on reçoit les produits, en mettant de côté uniquement la double dose, celle destinée aux vaccinés trois semaines après la première injection” fustige la chercheuse à l’institut Gustave Roussy, interrogé par la rédaction.