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La décision du Premier ministre de restituer les otages

La chercheuse Dr Michal Assaf-Kramer, expert en prise de décision et auteur du livre « Small Decisions, Big Decisions », trouve une similitude entre la situation complexe à laquelle est confronté le Premier ministre Binyamin Netanyahu face au Hamas et au systÚme de pression international et la réalité dans laquelle se trouvait Golda Meir en novembre 1973.

« Nous sommes Ă  la fin de la guerre, une pĂ©riode oĂč Golda a reçu des critiques virulentes pour sa conduite pendant la guerre. À mon avis, elle a rĂ©sistĂ© avec ingĂ©niositĂ© et courage face aux pressions Ă©gyptiennes et russo-amĂ©ricaines. Elle a insistĂ© sur les intĂ©rĂȘts d’IsraĂ«l. , a ignorĂ© les menaces et n’a pas eu peur d’une confrontation avec les AmĂ©ricains jusqu’à ce qu’elle aboutisse au retour des captifs », rĂ©sume Assaf-Kramer, dans une conversation avec Channel 7, relatant l’incident qu’elle dĂ©taille ci-dessous.

AprĂšs 16 jours de combats, le 22 octobre, sous rĂ©serve de la rĂ©solution de l’ONU, un cessez-le-feu Ă©tait censĂ© ĂȘtre conclu entre IsraĂ«l et l’Égypte, mais IsraĂ«l a signalĂ© Ă  plusieurs reprises les violations Ă©gyptiennes du cessez-le-feu jusqu’à ce qu’il soit dĂ©cidĂ© de reprendre l’effort de guerre, a dĂ©clarĂ© IsraĂ«l. Les forces avancĂšrent vers la ville de Suez et encerclĂšrent la ville. L’armĂ©e Ă©gyptienne comprenait 30 000 soldats et 300 chars.

L’encerclement Ă©tait alors considĂ©rĂ© comme un atout entre les mains d’IsraĂ«l, que Golda Meir tenait Ă  conserver jusqu’au retour des captifs israĂ©liens dĂ©tenus par l’Égypte. Jusque-lĂ , les Égyptiens refusaient de fournir la liste des captifs et leur Ă©tat, bien qu’IsraĂ«l le fasse avec les captifs Ă©gyptiens entre ses mains.

Les Égyptiens ont exigĂ© l’ouverture du blocus, mais IsraĂ«l a laissĂ© les dizaines de milliers de soldats Ă©gyptiens sans accĂšs Ă  du matĂ©riel, de la nourriture et de l’eau. À ce stade, une correspondance et des contacts ont lieu entre les États-Unis et l’Union soviĂ©tique pour tenter de rĂ©soudre la situation. Kissinger a pris les rĂȘnes Ă  la fin du mandat de Nixon et a notamment commencĂ© Ă  exercer une pression politique importante sur Golda.

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La Dr Assaf-Kramer parle de ses recherches dans lesquelles elle a examinĂ© et appris de la correspondance rĂ©vĂ©lĂ©e Ă  l’occasion du 40e anniversaire de la guerre dans les archives israĂ©liennes et amĂ©ricaines. AprĂšs sa premiĂšre visite en Égypte, Kissinger est arrivĂ© en IsraĂ«l afin de suivre et d’identifier l’humeur de la rue israĂ©lienne.

Golda lui a directement et ouvertement fait part de ses doutes et lui a dĂ©clarĂ© qu’elle ne pourrait pas regarder dans les yeux les mĂšres et les Ă©pouses de ces otages, et pour cette raison, le Cabinet a dĂ©cidĂ© de ne pas stopper le blocus jusqu’à ce que les prisonniers soient rendus.

Kissinger, pour sa part, lui dit qu’il a une parole d’honneur qu’il a reçue de Brejnev, bien qu’il ne soit pas convaincu qu’on puisse lui faire confiance et dit ouvertement Ă  Golda que mĂȘme s’il ne la conseille pas, il estime que s’il avait Ă©tĂ© Ă  sa place, il n’aurait pas entamĂ© les nĂ©gociations tant que la demande israĂ©lienne n’aurait pas Ă©tĂ© satisfaite.

À notre question, Assaf-Kramer nous rappelle qu’en dĂ©pit de cette dĂ©claration de soutien de Kissinger, les États-Unis ont exercĂ© une pression Ă©norme sur IsraĂ«l, alors que l’administration amĂ©ricaine Ă©tablissait un contact unique en son genre avec l’Égypte.  Nixon a durement attaquĂ© IsraĂ«l aprĂšs avoir reçu une lettre de Brejnev dans laquelle IsraĂ«l Ă©tait dĂ©fini comme quelqu’un qui dĂ©truit la paix mondiale, Nixon dĂ©clare mĂȘme qu’IsraĂ«l marche au bord d’un abĂźme lors d’une conversation avec l’ambassadeur israĂ©lien, Simcha Dinitz. Il est clair que s’il s’avĂšre qu’IsraĂ«l est celui qui a dĂ©clenchĂ© la guerre, les États-Unis devront le dĂ©clarer et prendre des mesures en consĂ©quence.

Face Ă  ces pressions, Golda a Ă©tabli un principe selon lequel aucun convoi humanitaire ne franchirait l’encerclement israĂ©lien pour se rendre Ă  l’armĂ©e assiĂ©gĂ©e. Cette dĂ©claration dĂ©terminĂ©e a donnĂ© lieu Ă  d’importantes conversations sous pression. Nixon a annoncĂ© que si IsraĂ«l n’autorisait pas les convois vers l’armĂ©e assiĂ©gĂ©e, les États-Unis ne les soutiendraient pas. Golda a demandĂ© si telle serait sa position mĂȘme si l’Union soviĂ©tique entrait en scĂšne dans cette guerre et Nixon a rĂ©pondu par l’affirmative. Au bout de trois jours, Golda a acceptĂ© de transmettre la fourniture de nourriture et d’eau, et Ă  partir de lĂ , les dĂ©marches se sont poursuivies et sont devenues flexibles jusqu’aux 101 pourparlers qui ont conduit Ă  la libĂ©ration des captifs israĂ©liens.

Le Dr Assaf-Kramer souligne que les dĂ©marches qui ont conduit Golda au succĂšs des nĂ©gociations comportaient plusieurs paramĂštres qui doivent ĂȘtre pris en compte. Le premier est le fait que la vĂ©ritable nĂ©gociation a commencĂ© aprĂšs l’obtention de la carte gagnante de l’encerclement de la TroisiĂšme ArmĂ©e. Le deuxiĂšme chiffre est le rapport entre les puissances.

« Un leader qui prend des dĂ©cisions doit se souvenir de la grande complexitĂ© et de la mission, mĂȘme divine, de sa position, ainsi que des pressions qui augmentent en intensitĂ© et en franchise lorsque toutes les rĂšgles du jeu sont violĂ©es en termes d’étiquette politique et diplomatique, pour se souvenir de la grande et importante mission de maintenir un État dĂ©mocratique juif sur la terre d’IsraĂ«l, les AmĂ©ricains auront toujours leurs intĂ©rĂȘts contre ceux des autres pays et nous devons rester fermes contre eux. Nous devons savoir quand ne pas sourire et ne pas hocher la tĂȘte. « .

Le troisiĂšme chiffre concerne les pressions exercĂ©es Ă  l’intĂ©rieur du pays. « Il est inimaginable d’un point de vue humain », dit-elle, faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la rĂ©alitĂ© dans laquelle se trouve actuellement Benjamin Netanyahu, « comment un Premier ministre peut rĂ©sister Ă  une telle pression. Je ne crois pas qu’une autre personne occupant ce poste aurait pu le faire. »

Par-dessus tout cela, et par-dessus le sentiment qu’il est peut-ĂȘtre possible et correct de comparer la rĂ©alitĂ© dans laquelle se trouvait Golda et celle dans laquelle se trouve Netanyahu, Assaf-Kramer rappelle que seuls ceux qui se trouvent au sommet de la pyramide disposent de toutes les donnĂ©es, le rĂ©seau de relations et de forces, comprenant l’intensitĂ© des pressions et les consĂ©quences rĂ©gionales et internes d’IsraĂ«l. En fait,  seul Netanyahu sait vraiment quelle est la bonne considĂ©ration et ses dĂ©marches devraient ĂȘtre basĂ©es sur cela.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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