La derniĂšre opĂ©ration « Gardien des murs » suite aux tirs de roquettes du Hamas contre des civils israĂ©liens a aussi laissĂ© des cicatrices dans lâĂąme de G, 12 ans originaire de Gaza, qui se sont ajoutĂ©es aux angoisses qui lâaccompagnent lorsque son pĂšre part travailler en IsraĂ«l.
A lâinitiative de Ynet et « Yediot Ahronoth », elle a reçu un permis dâentrĂ©e inhabituel en IsraĂ«l. « Les gens ici sont vraiment gentils », a-t-elle conclu. La rĂ©sidente dâOtaf qui lâa hĂ©bergĂ©e : « Si cela ne tenait quâaux enfants, il nây aurait pas eu de guerres il y a longtemps ».
Lors de son premier jour en IsraĂ«l, G, 12 ans, de Gaza , nâa pas quittĂ© la main de son pĂšre. Elle le tenait la plupart du temps et restait prĂšs de lui. Un peu honte, beaucoup de peur. Lors de son dernier jour en IsraĂ«l, elle Ă©tait dĂ©jĂ indĂ©pendante, sans soucis, libre et heureuse, marchant seule loin de son pĂšre.
Que lui est-il arrivé entre le premier et le quatriÚme jour de son voyage en Israël ?
La rĂ©ponse rĂ©side probablement dans le grand sourire sur son visage lorsquâils se sont dit au revoir au passage dâErez. C, qui est nĂ©e et a grandi Ă Gaza et souffre de post-traumatisme Ă la suite des incidents de sĂ©curitĂ©, a effectuĂ© une « visite de rĂ©silience » en IsraĂ«l, qui lui a Ă©tĂ© accordĂ©e dâune maniĂšre sans prĂ©cĂ©dent.
Les quatre jours en IsraĂ«l lâont changĂ©e. Sa vision du monde et sa vision dâIsraĂ«l ont changĂ© des merveilles. C est retournĂ©e Ă Gaza comme une fille diffĂ©rente. Le conflit entre IsraĂ«l et la bande de Gaza reste ce quâil Ă©tait, mais lâespoir de la jeune fille, qui nâest pas liĂ© au conflit sanglant, quâun jour elle pourra revenir et visiter ici ses amis et sa famille â car mĂȘme le Hamas ne peut pas prendre soin dâelle.
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Les enfants de la bande de Gaza, de son Ăąge, qui lâaccompagnaient et avaient de longues conversations avec elle, ont dĂ©couvert que les peurs en IsraĂ«l et Ă Gaza sont les mĂȘmes, et que si cela ne tenait quâĂ eux, tout serait diffĂ©rent. Dans les quatre jours suivant la visite en IsraĂ«l, les murs de la peur sont tombĂ©s, les inquiĂ©tudes se sont Ă©vaporĂ©es, les opinions ont changĂ©, les comptes Instagram ont Ă©tĂ© Ă©changĂ©s â et tout cela simplement grĂące Ă quelques rencontres chaleureuses et pleines de bonne volontĂ©, des deux cĂŽtĂ©s de la clĂŽture. « Je pensais quâen IsraĂ«l tout le monde porte des uniformes militaires et tient un fusil, mais les Juifs sont vraiment gentils », a conclu C.
Les champs verts
Elle avait la tĂȘte contre la vitre lorsque nous avons commencĂ© Ă conduire du col dâErez vers lâintersection de Yad Mordechai. CuriositĂ© dâune fillette de 12 ans, pour la premiĂšre fois en IsraĂ«l, aprĂšs avoir entendu des histoires dans la rue sur « lâennemi » au-delĂ de la clĂŽture. Ă gauche, sur la grande colline des dunes, se trouve le siĂšge de Netiv Hathara, et Ă droite se trouve Nahal Shakma. G Ă©tait assis sur le siĂšge arriĂšre, sautant dâun cĂŽtĂ© Ă lâautre et ne voulant pas manquer le paysage changeant.
« Elle nâa pas lĂąchĂ© ma main pendant tout le trajet de la maison Ă Gaza Ă la voiture », a dit son pĂšre, qui Ă©tait assis dans le fauteuil Ă cĂŽtĂ© . « Chaque fois que jâentre en IsraĂ«l, elle a peur quâil mâarrive quelque chose. Je lui explique encore et encore quâil nây a rien Ă craindre, que jâentre en IsraĂ«l pour gagner ma vie. »
Le pĂšre de C, dans la quarantaine, est entrĂ© en IsraĂ«l Ă des fins professionnelles de façon rĂ©guliĂšre. Sa fille souffre depuis longtemps dâun trouble de stress post-traumatique. Les tirs de roquettes dâune part, et dâautre part les attaques de Tsahal contre des cibles terroristes dans la bande de Gaza et les explosions incessantes, ont causĂ© Ă la jeune fille des angoisses qui lâaffectent au quotidien.  » expliqua le pĂšre. « Elle ne quitte pas, ses parents. Les peurs lâont envahie. »
Jâai rencontrĂ© le pĂšre il y a quelques semaines au carrefour dâErez. Il mâa dit que son rĂȘve est que sa fille entre en IsraĂ«l et voit par elle-mĂȘme que ce nâest pas un endroit effrayant, quâelle rencontrera le peuple dâIsraĂ«l, et que cela pourrait lâaider Ă faire face. « Malheureusement, il y a des enfants Ă Gaza qui pensent que des monstres vivent en IsraĂ«l et ne veulent tuer que des Arabes », a-t-il ajoutĂ©.
Exceptionnellement, le quartier gĂ©nĂ©ral de coordination et de liaison au passage dâErez a accordĂ© Ă la jeune fille un permis dâentrĂ©e spĂ©cial pour une visite de quelques jours ici. Les portes dâentrĂ©e dâIsraĂ«l, la terre paradisiaque comparĂ©e Ă Gaza, lui ont Ă©tĂ© ouvertes. C a sorti son tĂ©lĂ©phone et nâa pas arrĂȘtĂ© de prendre des photos. « Quelle belle vue, jâadore les champs verts », dit C Ă son pĂšre.
Nous montons une colline devant le nord de la bande de Gaza et regardons la frontiĂšre. « Elle nâarrive pas Ă croire que nous soyons des voisins si proches », dit le pĂšre, tout en expliquant Ă sa fille les quartiers de Gaza que lâon aperçoit Ă lâhorizon : Beit Hanun, Beit Lahia et, plus loin, le quartier de Sajaiya. . A lâouest de la bande cĂŽtiĂšre sud, lâestuaire de Nahal Shakma, la rĂ©serve de Karmia et les sables de Zikim. Un silence complet et agrĂ©able, le gazouillis des oiseaux et le chuchotement des lianes dans les buissons se font entendre de temps en temps. C sourit et embrasse son pĂšre. Puis elle sâĂ©loigne de lui, pour la premiĂšre fois. DĂ©jĂ rempli de confiance.
Au gĂźte rural « Aldaa » du kibboutz Nir Am, les prĂ©paratifs sont en cours pour la visite de J et de son pĂšre. Le propriĂ©taire, Yaniv Ben Shimol, a entendu parler de leur arrivĂ©e et a mis Ă leur disposition une des chambres dâhĂŽtes, et mĂȘme plus que cela. Ben Shimol est un habitant de Nir Am, le pĂšre dâenfants qui vivent Ă©galement des tensions sĂ©curitaires, et y a vu une opportunitĂ© pour les enfants du kibboutz de rencontrer G, afin que les deux parties dĂ©couvrent que le dĂ©mon nâest pas si angoissant. « Il nây a rien de mieux quâune rencontre en tĂȘte-Ă -tĂȘte », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Si cela ne tenait quâaux enfants, il nây aurait pas eu de guerres il y a longtemps. »
Shoham Baram, 12 ans, rĂ©sident du kibboutz, est venu dans la chambre de C. « TrĂšs agrĂ©able », elle tendit la main Ă G avec un sourire gĂȘnĂ©. C lui a rĂ©pondu en anglais. Deux heures avant la rencontre, Shoham est tombĂ©e en courant dans lâherbe et sâest foulĂ© la jambe. MalgrĂ© cela, elle nâa pas renoncĂ© Ă la rencontre avec G. Les deux filles se sont assises, dâabord un peu maladroitement, mais trĂšs vite le barrage sâest rompu et elles ont commencĂ© Ă parler Ă lâaide dâune application de traduction. Les deux sont entrĂ©s dans la chambre, se sont assis sur le lit et ont parlĂ© pendant une longue heure Ă lâaide des tĂ©lĂ©phones portables, de tout : musique, Instagram, Ă©tudes, grandes vacances. Des rires ont Ă©tĂ© entendus depuis la piĂšce. Les deux se sont connectĂ©s trĂšs rapidement.
« Je lui ai demandĂ© ce quâils faisaient quand il y avait une alarme et si elle avait une salle dâurgence Ă la maison, mais elle mâa dit quâils nâavaient pas de telles choses Ă Gaza », a dĂ©clarĂ© Shoham. « Cela mâa fait un peu peur dâentendre cela, parce que câest vraiment dangereux. Je ne peux pas mâimaginer vivre ici sans alarme ni GPS. Je sais que tout le monde Ă Gaza nâest pas terroriste, il y a aussi des gens bien lĂ -bas. Je nâai jamais rencontrĂ© quelquâun de Gaza. Je voulais vraiment la rencontrer, câest vraiment spĂ©cial pour moi. Quand jâai dit Ă mes amis que jâallais rencontrer une fille de Gaza, ils mâont dit : âAllez, va nous apporter la paix.' »
Les deux se sont sĂ©parĂ©s seulement aprĂšs avoir commencĂ© Ă se suivre sur Instagram. Shoham a eu du mal Ă marcher de la chambre au parking Ă cause de lâentorse Ă la jambe, et G a immĂ©diatement tendu la main et lâa accompagnĂ©e. « Appuie-toi sur moi, je te prends », lui dit C et les deux commencĂšrent Ă sauter ensemble sur une jambe. « Jâaimerais que tu revienne nous rendre visite et que nous ayons plus de temps Ă passer ensemble, » lui dit Shoham juste avant quâils ne se sĂ©parent dans lâallĂ©e. C lui a fait un gros cĂąlin. « Tu es une bonne amie, tu vas beaucoup me manquer », a-t-elle dĂ©clarĂ©.
Ben Shimol a accompagnĂ© G et son pĂšre Ă une autre rĂ©union avec les enfants du kibboutz Nir Am. Il a Ă©tĂ© proche dâeux tout au long de leur sĂ©jour en IsraĂ«l et a initiĂ© lâĂ©vĂ©nement. « Personnellement, mes enfants sont devenus trĂšs attachĂ©s Ă J et câest une chose incroyable », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Le pĂšre de J a ouvert la conversation avec les enfants en demandant : âJe vis Ă Gaza, qui a peur de moi ?â. Tous les enfants ont levĂ© la main. AprĂšs une heure de conversation, au cours de laquelle il leur a parlĂ© de la vie Ă Gaza et de son enfants et a rĂ©pondu Ă toutes les questions, il a de nouveau posĂ© la question : âQui a peur de moi ?â, et alors personne nâa levĂ© la main.
« Les enfants lui ont posĂ© des questions dâenfants : y a-t-il des terrains de football Ă Gaza, quâest-ce que vous y faites pendant votre temps libre », a poursuivi Ben Shimol. La rĂ©union les a fait changer dâavis. Ma famille, ma femme et mes enfants, sont partis avec lâimpression dâavoir de nouveaux amis. Nous sommes en contact tout le temps. »
Un avant-goût de plus
C souffre depuis longtemps dâun post-traumatique. Le deuxiĂšme jour de la visite, elle est arrivĂ©e au coin animalier du centre Hosan Ă Sderot. Le traitement du trouble de stress post-traumatique Ă lâaide dâanimaux est le moyen le plus efficace. C est entrĂ© dans les cages des animaux, sâest occupĂ© des lapins, a nourri les perroquets, a tenu des serpents et a mĂȘme rĂ©ussi Ă nourrir la girafe soudanaise « Zelda ». Câest la premiĂšre fois de sa vie quâelle entre en contact avec des animaux.
Au dĂ©but, elle avait peur, mais quelques minutes plus tard, elle tenait dĂ©jĂ les animaux Ă deux mains. Elle a surmontĂ© la peur et lâa vaincue. Câest lâessence mĂȘme du processus de rĂ©silience. Sa visite lĂ -bas Ă©tait accompagnĂ©e dâIbrahim al-Etauna, directeur du Centre de rĂ©silience bĂ©douine du NĂ©guev, qui parle bien sĂ»r la langue de G. AprĂšs une visite du coin des animaux, Al-Atauna sâest assise avec elle dans lâune des piĂšces pour discuter.
Tout ce qui fait peur ne finit pas par se produire dans la rĂ©alitĂ© », a dĂ©clarĂ© Al-Atauna. « Câest mon message aux patients qui souffrent de trouble de stress post-traumatique. Jâai parlĂ© avec elle de la diffĂ©rence entre la peur et la rĂ©alitĂ© et aussi du bien et du mal. Elle avait une phrase qui a vraiment attirĂ© mon attention : « Les Juifs sont de bonnes personnes ». Câest une phrase forte qui est sortie dâelle. Elle Ă©tait toujours accompagnĂ©e de la pensĂ©e que tout le monde en IsraĂ«l se promĂšne avec des uniformes et des fusils de Tsahal, elle pensait quâelle nâallait rencontrer que des soldats ici.Câest probablement aussi lâidĂ©e fausse parmi les enfants de Gaza.
« Elle a parlĂ© de son impuissance quand la guerre Ă©clate. Jâai lâimpression quâelle comprend maintenant que la rĂ©alitĂ© nâest pas en noir et blanc, mais la pensĂ©e de la guerre lui fait toujours peur. En tout cas, elle a dit que maintenant elle serait moins inquiĂšte quand son pĂšre part travailler en IsraĂ«l Ses craintes sont surtout liĂ©es Ă la sĂ©paration dâavec son pĂšre AprĂšs tout, dans sa tĂȘte elle se dit : âComment mon pĂšre peut-il ĂȘtre protĂ©gĂ© par lâennemi ?â.
C. et son pĂšre ont poursuivi leur voyage en IsraĂ«l. Ils ont voyagĂ© en train pour voyager Ă JĂ©rusalem, Jaffa, Tel Aviv et Ashkelon. Le dernier jour, il est retournĂ© au col dâErez et a dit au revoir. Il Ă©tait difficile pour G de partir. Elle voulait continuer Ă voyager en IsraĂ«l, dĂ©couvrir plus dâendroits et plus de gens. « La plupart des gens Ă Gaza ne veulent pas la guerre, et malheureusement en IsraĂ«l, ils ne comprennent pas cela », a conclu le pĂšre de la visite.
Le pĂšre a ajoutĂ© : « Nous voulons vivre en bon voisinage, avec amour et coopĂ©ration. Nous ne contrĂŽlons pas la situation Ă Gaza parce que le Hamas est lĂ . La situation Ă©conomique est trĂšs difficile, la vie est au plus bas. Lors de la guerre, les enfants ont peur, ils ne dorment pas la nuit. Les explosions sont trĂšs fortes et la destruction est grande. JâespĂšre quâun jour tout sera fini et que les enfants de Gaza et dâIsraĂ«l pourront vivre dans un bon voisinage. Si cela ne tenait quâĂ eux, il y aurait dĂ©jĂ la paix et tout irait bien. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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