La justice israélienne accorde la paternité à un représentant étranger de la communauté LGBTQ +

Dans une rĂ©solution sans prĂ©cĂ©dent, un tribunal de Tel Aviv a accordĂ© Ă  une femme qui attendait le statut de rĂ©sident permanent en IsraĂ«l une ordonnance du tribunal pour Ă©lever sa fille non biologique nĂ©e de sa femme. De mĂȘme, il a rejetĂ© les arguments de l’État qui s’opposait Ă  l’octroi du droit Ă  la parentalitĂ© en faisant valoir que d’autres personnes pourraient essayer d’entrer dans le pays et d’établir le statut de rĂ©sident permanent par le biais d’ordonnances judiciaires pour la parentalitĂ©.

Le tribunal de district de Tel Aviv a accordĂ© Ă  une femme qui attendait le statut de rĂ©sident permanent en IsraĂ«l une ordonnance du tribunal pour Ă©lever sa fille non biologique nĂ©e de son Ă©pouse, aprĂšs que le tribunal a jugĂ© lundi qu’elle rejetait un recours formĂ© par l’Etat contre la dĂ©cision d’accorder l’ordonnance parentale.

La femme Ă  qui l’ordonnance a Ă©tĂ© accordĂ©e, appelĂ©e M. dans la dĂ©cision du tribunal, est mariĂ©e de fait Ă  la mĂšre biologique de l’enfant, appelĂ©e K., elle est un citoyenne allemande qui se trouve actuellement en IsraĂ«l Ă  titre temporaire en attente du statut de rĂ©sident permanent. La mĂšre et l’enfant biologiques sont citoyens d’IsraĂ«l.

«En tant que conjoints qui partagent leur vie, nous avons l’intention d’avoir des enfants ensemble. Nous dĂ©clarons par la prĂ©sente que nous avons l’intention d’élever nos enfants ensemble et de les servir comme deux mĂšres Ă  toutes fins utiles, sans rapport avec la question de l’existence d’un lien biologique entre l’un des enfants et l’un ou l’autre de nous », ont dĂ©clarĂ© les deux mĂšres dans sa dĂ©claration de mariage de fait en 2013, selon la dĂ©cision rendue par le tribunal.

« Nous dĂ©clarons par la prĂ©sente que nous sommes convenues entre nous que, lorsque l’un de nous naĂźtra, nous travaillerons ensemble pour la reconnaissance officielle des institutions de l’Etat d’IsraĂ«l et de notre paternitĂ© commune », ont-elles soulignĂ©.

Les deux mamans ont Ă©galement signĂ© un accord parental spĂ©cifiant qu’elles partageraient les tĂąches d’élever les enfants et travailleraient pour s’assurer qu’elles Ă©taient toutes deux reconnues comme les parents de ces enfants.

Leur fille a Ă©tĂ© conçue en utilisant un donneur de sperme d’une banque de sperme en Californie et est nĂ©e en 2018. Les mĂšres ont ensuite dĂ©posĂ© une demande d’ordonnance d’accueil auprĂšs du tribunal, arguant qu’elles agissaient toutes les deux comme parents de la fille et que recevoir la commande Ă©tait nĂ©cessaire pour le bien de la petite fille.

Alors que les couples hĂ©tĂ©rosexuels peuvent gĂ©nĂ©ralement faire reconnaĂźtre automatiquement leur paternitĂ©, les couples de mĂȘme sexe doivent demander une ordonnance de paternitĂ© devant un tribunal ou demander que l’adoption de l’enfant de leur partenaire soit reconnue comme les parents d’un enfant nĂ© non biologique de votre partenaire.

La paternitĂ© gĂ©nĂ©rale pour les couples de mĂȘme sexe est une question controversĂ©e en IsraĂ«l, et les questions d’adoption homosexuelle et de maternitĂ© de substitution ont provoquĂ© des troubles politiques et des manifestations Ă  plusieurs reprises ces derniĂšres annĂ©es.

L’Etat s’est opposĂ© Ă  la demande, soulignant que puisque M. n’était en IsraĂ«l qu’avec un visa temporaire continuellement prolongĂ© et que toute dĂ©cision relative Ă  une ordonnance parentale devrait attendre que son statut de rĂ©sident soit Ă©tabli, lui ordonner de quitter le pays pourrait nuire Ă  l’enfant en question.

En ce sens, l’État a Ă©galement fait valoir qu’une telle dĂ©cision pouvait avoir un impact sur les questions liĂ©es Ă  l’entrĂ©e dans l’État d’IsraĂ«l, car les gens pouvaient essayer d’entrer dans le pays et Ă©tablir le statut de rĂ©sident permanent par le biais d’ordonnances judiciaires.

Le tribunal a rejetĂ© la position de l’État et a Ă©mis une ordonnance parentale effective Ă  compter de la date de naissance de la fille, mais l’État a fait appel de la dĂ©cision.

Cependant, dans sa dĂ©cision, le tribunal a soulignĂ© que «l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur sans Ă©quivoque de la fille est que M. reçoive une ordonnance parentale Ă  son Ă©gard. Il n’est pas appropriĂ© que la dĂ©claration de M. en tant que mĂšre soit reportĂ©e de plusieurs annĂ©es, jusqu’à ce que son statut en IsraĂ«l soit dĂ©finitivement Ă©tabli. Une telle situation «ne reflĂšte pas la rĂ©alitĂ© et dĂ©route donc l’enfant» ».

«C’est le droit de la mineure de savoir qui sont ses parents et lorsqu’elle grandira avec deux femmes qu’elle considĂšre comme ses mĂšres et que dans la pratique elles jouent ce rĂŽle, c’est dans l’intĂ©rĂȘt de la mineure qu’elle s’inscrit
 et l’État reconnaĂźtra la relation factuelle et affective rĂ©el entre l’enfant et les deux requĂ©rants », a ajoutĂ© le tribunal.

De mĂȘme, la justice a soulignĂ© que si M. ne reçoit pas de permis de sĂ©jour et est forcĂ© de quitter le pays, il sera alors difficile pour la fille de dĂ©livrer une ordonnance parentale ou non, ajoutant que la mĂȘme chose se produit lorsque les deux parents sont biologiques.

L’argument de l’État selon lequel une ordonnance d’accueil pourrait ĂȘtre utilisĂ©e pour obtenir le statut de rĂ©sident permanent en IsraĂ«l a Ă©galement Ă©tĂ© rejetĂ© par le tribunal, qui a soulignĂ© que dans les cas oĂč l’État estime qu’une demande de rĂ©sidence est de mauvaise foi, il peut demander au tribunal d’examiner la situation.

En outre, une ordonnance du tribunal pour le placement familial n’oblige pas l’État Ă  dĂ©livrer un permis de sĂ©jour permanent, s’il existe de bonnes raisons de ne pas en dĂ©livrer un.

«L’Etat aime appliquer des conditions et des rĂšgles radicales aux personnes LGBTQ + qui ne sont rien de plus qu’une expression de leurs soupçons et prĂ©jugĂ©s vis-Ă -vis des membres de la communauté», a dĂ©clarĂ© l’avocate reprĂ©sentant les mĂšres, Daniela Yaakobi, Ă  qualifier les demandes formulĂ©es par l’État dans son recours contre l’ordonnance parentale rendue par le tribunal «particuliĂšrement scandaleux».

Yaakobi a saluĂ© la dĂ©cision, arguant qu’elle « crĂ©era un prĂ©cĂ©dent » et souligna que jusqu’à la dĂ©cision de cette semaine, les tribunaux avaient gĂ©nĂ©ralement Ă©vitĂ© d’interfĂ©rer avec la position de l’État de rejeter les ordonnances parentales pour les non-rĂ©sidents LGBTQ + permanent.

«Nous saluons la dĂ©cision du tribunal de ne pas mettre M. dans une situation de « mĂšre avec condition » et de choisir le vrai « bien de l’enfant », a dĂ©clarĂ© Agudah (Association pour l’égalitĂ© LGBTQ + en IsraĂ«l) en rĂ©ponse Ă  cette dĂ©cision.

«Le tribunal a accordĂ© Ă  M. une ordonnance parentale fondĂ©e sur le fait que les deux Ă©poux sont des figures parentales qui s’occupent de leur fille avec un dĂ©vouement total, et pour renforcer leurs engagements Ă  Ă©lever une fille, mĂȘme si M. est en train de demander le statut de rĂ©sident permanent en IsraĂ«l, ce qui pourrait prendre plusieurs annĂ©es », a-t-il ajoutĂ©.

«Il est dommage qu’au lieu de promouvoir une lĂ©gislation pour mettre fin Ă  la discrimination systĂ©mique contre les personnes LGBTQ +, l’État ait une fois de plus tentĂ© de ‘mettre les bĂątons dans les roues’ sur les parents LGBTQ +, sur une question oĂč l’éducation des conjoints hĂ©tĂ©rosexuels n’a pas Ă©tĂ© remise en question », a complĂ©tĂ© l’Agudah.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
© 2025 – Tous droits rĂ©servĂ©s