Il est courageux, parle sans détour et a un fort statut moral. Il s’agit du patriarche Bechara Boutros Rahi, chef de l’Église chrétienne maronite au Liban. Si ses conseils avaient été écoutés et ses propositions mises en œuvre, il est fort possible que le Liban se serait épargné le chaos politique et économique dans lequel il se trouve aujourd’hui. La faiblesse du patriarche Bechara Boutros Rahi est qu’il n’a pas de bataillons et aucune influence politique directe. Il influence dans ses déclarations. Il parle dans son sermon tous les dimanches, et ses paroles s’adressent à la conscience du Liban. Il a récemment appelé dans l’un des sermons pour déclarer le Liban un État neutre comme la Suisse. Ce faisant, il maintient les conflits régionaux hors du Liban ; Une allusion épaisse à l’Iran, la Syrie et le Hezbollah.

Il y a quelques années, il est venu en Israël à l’invitation du pape qui a visité la Terre Sainte. Son audace a attiré une vague d’accusations sévères selon lesquelles il servait Israël. Il a ignoré et a continué sa lutte morale. Il ne cache pas sa position au Hezbollah. Il pense que l’organisation met en danger l’avenir et la sécurité du Liban. Selon lui, le Liban ne pourra pas survivre s’il y a un conflit majeur. Au début, sa critique de l’organisation était implicite. Il est récemment devenu direct.

Le patriarche al-Ra’i – le vainqueur du soutien du Vatican, de la France et du monde chrétien – a décidé d’aller contre Nasrallah dans deux domaines qui ont mis en colère le chef du Hezbollah. Bechara Boutros Rahi a déclaré publiquement que le Hezbollah ne pouvait pas décider de la paix et de la guerre. C’est le rôle des institutions élues de l’État et de l’armée libanaises. Il s’oppose donc à l’activité offensive et provocatrice du Hezbollah contre Israël. Sans hésiter, il a appelé dans un sermon dominical pour que l’armée libanaise empêche de force le Hezbollah de tirer sur Israël. Selon lui, l’armée devrait descendre jusqu’à la frontière et mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

Bechara Boutros Rahi est allé jusqu’à affirmer dans son sermon que le Hezbollah ne le sait peut-être pas, mais le Liban est attaché à l’accord d’armistice de 1949, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’état de guerre entre les deux pays. Pour Nasrallah, c’était un défi et il a envoyé ses partisans attaquer le patriarche. Walid Junblatt, le leader druze, a soutenu les propos d’Bechara Boutros Rahi. Même le président Michel Aoun, un allié du Hezbollah, s’est aligné sur le chef de l’église. La tragédie est que la plupart des Libanais pensent comme le patriarche Bechara Boutros Rahi, mais il n’y a qu’une seule et unique force militaire sur le terrain qui peut décider, et c’est le Hezbollah. Même l’armée libanaise aura du mal à y résister. Le président Aoun n’a aucune sympathie. Il estime que le patriarche devrait s’occuper des questions humanitaires et s’abstenir de toute activité politique. De plus, Aoun a le sentiment qu’un miroir jette une ombre sur le leadership d’Aoun, qui se considère comme le leader du camp chrétien.

L’appel d’Bechara Boutros Rahi à l’armée pour empêcher par la force le Hezbollah de nuire à Israël sème la graine initiale d’un éventuel conflit interne dans le pays. Bechara Boutros Rahi a bien fait de dire qu’à la suite de ses propos, un front interne se forme contre le Hezbollah. Il est très probable que Ra’i continuera dans sa ligne contre Nasrallah, qui dans son comportement peut apporter la destruction au pays des cèdres que Bechara Boutros Rahi aime tant et veut protéger.