Les familles endeuillées se battent pour utiliser le sperme de leur enfant décédé pour devenir grands-parents

Les familles endeuillĂ©es qui ont perdu leurs fils pendant le service militaire se battent contre l’État pour leur permettre de devenir grands-parents en utilisant le sperme rĂ©cupĂ©rĂ© Ă  titre posthume de leur enfant qui sera fĂ©condĂ© Ă  une mĂšre porteuse.

Un projet de loi prĂ©sentĂ© par la dĂ©putĂ©e May Golan (Likud) qui permettrait aux parents endeuillĂ©s d’utiliser le sperme de leurs enfants dĂ©cĂ©dĂ©s a Ă©tĂ© rejetĂ© l’étĂ© dernier par le ComitĂ© ministĂ©riel pour la lĂ©gislation.

Cependant, les lĂ©gislateurs, dont le dĂ©putĂ© Zvi Hauser (New Hope), lui donnent un nouvel Ă©lan et devraient le soumettre au vote d’ici un mois.

Appelant cela l’une des questions les plus compliquĂ©es et les plus sensibles sur lesquelles il ait jamais travaillĂ©, Hauser a dĂ©clarĂ© que ce serait rĂ©volutionnaire si le projet de loi Ă©tait adoptĂ© et que de nombreux autres pays pourraient emboĂźter le pas.

« Nous disons aux gens de se placer devant les balles ennemies, de risquer leur vie, pour le bien du pays », a-t-il dĂ©clarĂ©. « En retour, nous devons redonner Ă  ceux qui risquent leur vie. Beaucoup de parents n’ont jamais connu cette option, et si de nombreuses familles l’avaient su, elles auraient rĂ©cupĂ©rĂ© le sperme de leur fils. »

Les familles ont rĂ©cupĂ©rĂ© sporadiquement le sperme de leurs enfants dĂ©cĂ©dĂ©s dans le passĂ©, a dĂ©clarĂ© Hauser. « Cela ne peut pas ĂȘtre fait de maniĂšre irresponsable ; le pays doit formater comment c’est fait », a-t-il ajoutĂ©.

Le projet de loi aura un cadre approfondi autour de la question et « établit fermement que les parents devraient ĂȘtre autorisĂ©s Ă  utiliser le sperme pour la continuité » de la lignĂ©e de leur enfant.

Il donnera aux soldats la possibilitĂ© de donner leur permission Ă©crite de rĂ©cupĂ©rer leur sperme s’ils pĂ©rissent. Le conjoint ou les parents d’un soldat dĂ©cĂ©dĂ© peuvent demander Ă  rĂ©cupĂ©rer le sperme dans les 72 heures suivant son dĂ©cĂšs.

« Le projet de loi dit d’abord, ‘Demandons au soldat' », a dĂ©clarĂ© Hauser. « Pour l’instant, nous ne leur demandons pas, sauf dans certains cas. Mais maintenant, nous voulons dire : « D’accord, donnons au soldat la possibilitĂ© de donner son avis lorsqu’il s’enrĂŽle dans l’armĂ©e ».

Le projet de loi stipule Ă©galement que tout enfant nĂ© d’un soldat dĂ©cĂ©dĂ© ne sera pas considĂ©rĂ© comme un orphelin de Tsahal et que la mĂšre ne recevra aucune des prestations accordĂ©es aux enfants dont le parent dĂ©cĂšde pendant le service militaire. Il rĂ©glemente Ă©galement l’arrangement des familles qui ont rĂ©cupĂ©rĂ© le sperme avant qu’il ne devienne pas hors la loi.

Les membres du ComitĂ© ministĂ©riel pour la lĂ©gislation sont : le ministre de la Justice Gideon Sa’ar, le ministre des Finances Avigdor Liberman, le ministre de l’Éducation Yifat Shasha-Biton, le ministre de l’IntĂ©rieur Ayelet Shaked, le ministre des Services religieux Matan Kahana, le ministre de l’Énergie Karin Elharrar, le ministre de la Construction et du Logement Ze’ ev Elkin, la ministre de la Protection de l’environnement Tamar Zandberg, le ministre des Affaires de la diaspora Nachman Shai, le ministre des Communications Yoaz Hendel, le ministre de l’ÉgalitĂ© sociale et des RetraitĂ©s Meirav Cohen et la ministre de l’Aliyah et de l’IntĂ©gration Pnina Tamano-Shata.

Le fils de Baruch Ben Yigal, St.-Sgt. Amit Ben Yigal a Ă©tĂ© tuĂ© lors d’une opĂ©ration d’arrestation dans le village de Yabad il y a deux ans.

Ben Yigal a dĂ©clarĂ© qu’il avait rĂ©cupĂ©rĂ© le sperme de son fils peu de temps aprĂšs sa mort.

« Amit, mon fils, Ă©tait un hĂ©ros », a dĂ©clarĂ© Ben Yigal au Jerusalem Post. « Il Ă©tait soldat Ă  Sayeret Golani [un corps de combat d’élite], et il est tombĂ© pendant une activitĂ© opĂ©rationnelle. Quand c’est arrivĂ©, nous avons pensĂ© que le terroriste avait non seulement tuĂ© Amit, mais qu’il nous avait empĂȘchĂ©s de devenir grands-parents. »

« Amit Ă©tait mon fils unique », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Le terroriste m’a empĂȘchĂ© d’ĂȘtre parent, mais je ne veux pas qu’il m’empĂȘche d’ĂȘtre grand-parent. »

Ben Yigal a dĂ©clarĂ© que son fils « voulait vraiment ĂȘtre pĂšre. Il a Ă©crit Ă  ce sujet. Il en a parlĂ©. »

Ben Yigal a dĂ©clarĂ© qu’il avait les noms et les coordonnĂ©es de 182 femmes de tout le pays qui souhaitaient ĂȘtre mĂšres, et la seule raison pour laquelle elles n’ont pas Ă©tĂ© choisie est que l’État l’en empĂȘche.

« DĂšs qu’ils nous le permettront, nous serons les premiers Ă  le faire », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Cet enfant saura qui Ă©tait son pĂšre et il aura un grand-pĂšre – Saba Baruch. Il aura tout. Cet enfant ne fera que gagner. Il aura une famille chaleureuse qui le veut, qui l’aimera.

L’initiative est Ă©galement portĂ©e par Or Lamishpachot, une organisation Ă  but non lucratif pour les familles de soldats tombĂ©s au combat dirigĂ©e par Irit Oren Gunders. Plus de 1 500 familles impliquĂ©es dans l’organisation se rĂ©unissent plusieurs fois au cours de l’annĂ©e, a-t-elle dĂ©clarĂ©.

Gunders a dĂ©clarĂ© au Post qu’elle travaillait avec plusieurs familles sur l’initiative, dont Nitza Shmueli, dont le fils, Barel Hadaria Shmueli , a Ă©tĂ© tuĂ© par un terroriste du Hamas lors d’une violente Ă©meute le long de la frontiĂšre de Gaza l’annĂ©e derniĂšre.

« Ça se passe maintenant », a-t-elle dit, ajoutant : « Il y a une autre famille dans la mĂȘme situation que Nitza qui la soutient ».
La mort de Shmueli a suscitĂ© l’indignation du public israĂ©lien, ainsi que celle de Nitza Shmueli, qui a postĂ© sur Facebook que le Premier ministre Naftali Bennett Ă©tait un « chien » et un « meurtrier ».

Shmueli a par la suite supprimĂ© les messages, affirmant qu’ils avaient Ă©tĂ© Ă©crits alors qu’elle Ă©tait « dans la douleur et la frustration » aprĂšs la mort de son fils.

Cette colĂšre doit ĂȘtre dĂ©pensĂ©e ailleurs, a dĂ©clarĂ© Gunders.

« Je dis aux familles qui sont en colĂšre de laisser passer cette colĂšre, de dĂ©penser l’énergie de cette colĂšre en m’aidant avec d’autres familles et d’ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© de moi », a-t-elle dĂ©clarĂ©. « Il n’y a rien de plus encourageant que de savoir que vous soutenez quelqu’un d’autre. »

« Chaque famille qui perd un fils, c’est comme si le ciel leur tombait dessus, et c’est Ă  nous de ramasser les morceaux et de construire un nouveau chemin, un chemin diffĂ©rent », a dĂ©clarĂ© Gunders.

Une telle demande n’est pas inconnue en IsraĂ«l, oĂč depuis 2003 l’État juif autorise le prĂ©lĂšvement posthume de sperme pour les partenaires fĂ©minines survivantes qui pourraient plus tard tomber enceintes par insĂ©mination ou FIV.

Il y a Ă©galement eu d’autres cas oĂč des parents qui ont perdu leurs fils ont donnĂ© du sperme rĂ©cupĂ©rĂ© Ă  titre posthume Ă  des femmes cĂ©libataires qui ont ensuite Ă©levĂ© les enfants et ont fait agir le couple en tant que grands-parents parentaux.

Irit et Asher Shahar combattent l’État depuis des annĂ©es pour leur permettre d’utiliser le sperme congelĂ© de leur dĂ©funt fils, Omri, qui a Ă©tĂ© tuĂ© dans un accident de voiture en 2012 alors qu’il Ă©tait capitaine dans la marine israĂ©lienne. Le couple mĂšne des batailles juridiques avec l’État depuis des annĂ©es pour pouvoir Ă©lever l’enfant de leur fils dĂ©cĂ©dĂ©.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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